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Victime d’un incendie criminel dans la nuit du 15 au 16 juin 2007, la chapelle Notre-Dame-de-la-Croix est aujourd’hui (novembre 2009) en cours de restauration. Elle devait faire l’objet de réparations urgentes selon des devis établis en 2005, afin de remédier à d’importants devers sur les murs gouttereaux, à des défauts d’étanchéité de la maçonnerie sur les façades et le clocher, aux désordres constatés sur la couverture. La destruction totale de la couverture et du mobilier lors du sinistre de 2007 a contraint à reconsidérer totalement la remise en état de l’édifice.

La situation de la chapelle, isolée dans le bois de Bodriec, à 4 km à vol d’oiseau du bourg de Loqueffret, à 700 m des plus proches habitations, explique la facilité avec laquelle les incendiaires ont pu agir sans être remarqués. De fondation seigneuriale − les seigneurs de La Marche avaient leur manoir au lieu-dit Loqueffret en Brasparts, paroisse limitrophe − la majeure partie de la chapelle a été construite dans la première moitié du xvie s., comme en témoignent deux inscriptions sur les portails ouest et sud : les noms de G. de La Marche et de son épouse Marguerite de La Villeneuve, avec la date de 1522, y sont gravés en lettres gothiques.

Le plan de l’édifice, très allongé (32 m de long sur 7 m de large), se termine à l’est par un chevet à trois pans. Un bâtiment était accolé au nord de la façade occidentale ; il est aujourd’hui en ruine : ce pouvait être soit une sacristie, soit la demeure du chapelain ; on y aperçoit encore les vestiges d’un escalier en vis.

Deux matériaux distincts ont été utilisés pour la construction, dès l’origine : le schiste local, pour le mur gouttereau nord et le chevet, le granit étant employé, comme il est commun en Basse-Bretagne, à la façade ouest, au mur gouttereau sud et aux baies (portails et entourage des fenêtres). Au xviie s., ces deux matériaux ont été utilisés pour des remaniements encore visibles ; la partie supérieure de la façade occidentale a été reprise en 1697 (inscription fort visible). Un clocheton en granit a été édifié alors, mais sa petite taille est inadaptée à l’imposante masse de la nef. La couverture en ardoise rustique des monts d’Arrée, aujourd’hui refaite dans sa totalité, repose sur une charpente neuve. Le travail est de qualité : les aisseliers courbes et les poinçons, dont la base et le sommet sont moulurés, reposent sur des entraits.

L’élément décoratif essentiel est constitué par les trois portails, tous les trois en granit et datant tous les trois de la première moitié du xvie siècle. Ils sont inspirés de l’ « atelier de Saint-Herbot » : cette grande chapelle, à 4 km à l’est de Loqueffret, introduit les premiers éléments de la Renaissance dans la Cornouaille intérieure. Son porche fut édifié en 1516. Ici, le porche occidental comporte les mêmes éléments qu’à Saint-Herbot , mais avec une seule porte en anse de panier au lieu de deux : ogive à trois voussures en arc brisé, ornées de feuillages et de fruits, accolade extérieure très relevée, faux gâble au-dessus de l’accolade, recoupant à sa base les longs pinacles latéraux ; une inscription difficilement lisible, au-dessus de l’ogive, permet cependant d’affirmer que ce portail fut édifié six ans après celui de Saint-Herbot. La présence de quatre gros contreforts sur l’élévation occidentale laisse supposer que, comme à Saint-Herbot, il avait été prévu de construire une tour, et que le chantier est resté inachevé. On retrouve le même style au portail nord ; cependant, celui-ci a deux portes et il est flanqué de piédroits en nid d’abeilles ; la partie haute du gâble et de l’accolade a été mutilée pour faire place à la toiture : ce portail, longtemps muré, vient d’être rouvert. La porte sud est plus simple mais de même facture.

Le mobilier a été entièrement détruit par l’incendie de 2007. Il ne reste que des débris calcinés d’un Christ en croix (xive s.), de deux statues de diacres, d’une Vierge à l’Enfant et d’une Vierge de Pitié.

Comme c’est le cas de la quasi-totalité des chapelles bretonnes, l’enclos comporte un calvaire. Daté de 1586 et restauré en 1982, il porte deux groupes de deux statues – la Vierge et Madeleine, Jean et Pierre – ainsi qu’une Pietà et une modeste fontaine de dévotion dont la niche, surmontée d’une croix, n’abrite plus de statue.

Les travaux de remise en état, commencés en 2008, doivent être achevés en 2010. La Sauvegarde de l’Art français a contribué au financement des travaux pour une somme de   11 000 € en 2008.

 

 

 

Tanguy Daniel

Le projet en images