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La chapelle, dédiée à saint Eutrope, est celle d’un prieuré fondé sur l’ancienne paroisse de Rossay (Vienne) par Jédouin de Coué, chevalier, seigneur du Bois-Rogue, fils de Rorgue Ier de Coué et de Dangereuse qui se fit moniale de Fontevrault du vivant de son mari et en présence de la reine Aliénor (vers 1160). D’ailleurs les liens des Coué et de Fontevrault étaient réaffirmés en 1160 à l’occasion d’une donation de Rorgue Ier et de ses fils puis, plus tard, par la cession de droits consentis à l’abbaye par Jédouin. En 1199, d’après Beauchet-Filleau, Jédouin de Coué donnait le prieuré à l’abbaye de Bonnevaux près de Poitiers, donation que confirmait en 1201 son fils aîné, accompagné de sa femme et de ses enfants.

Au XVe s., la seigneurie passa par alliance à la famille Sanglier par le mariage d’Isabeau de Coué avec Jean Sanglier, écuyer, seigneur d’Exoudun. Le plus illustre représentant de la famille fut sans nul doute Gilles Sanglier à qui François Ier  confia la garde de Maximilien Sforza, duc de Milan. C’est vraisemblablement de cette période que date la galerie Renaissance, seul vestige du château. Tandis que la seigneurie entrait au XVIe s. dans la famille des Chastillon par le mariage de Renée Sanglier avec Claude de Chastillon, le prieuré pour sa part continuait de dépendre de l’abbaye de Bonnevaux jusqu’à sa vente comme bien national. Les deux éléments furent un moment réunis en 1851.

La chapelle, du XIIIe s., construite dans un très bel appareil régulier de tuffeau présente un vaisseau unique, principalement percé au nord et épaulé de contreforts régulièrement appareillés dont les glacis s’élèvent jusqu’au niveau de la corniche. L’édifice attire l’attention par l’homogénéité de sa construction. La façade occidentale est percée d’une porte à profil brisé dont les moulures retombent sur des chapiteaux et des piédroits malheureusement dégradés. À l’intérieur, la voûte est soigneusement appareillée : son profil brisé accentué confère une grande noblesse et élégance au volume, les larges doubleaux retombant sur des culots puissamment moulurés. La fenêtre d’axe, celle qui domine la porte occidentale et celles du côté nord, de profil cintré, correspondent très vraisemblablement à l’époque la plus ancienne de construction parvenue à nous, le voûtement ayant dû être réalisé par la suite. Deux niches ouvrent sur le mur nord ; la première est décorée d’un trèfle trilobé sous accolade qui abritait peut-être un lavabo ; un peu plus loin, un enfeu renferme encore un gisant saisissant du XVe s., au-dessus duquel figure une longue inscription latine relevée par Alphonse Le Touzé de Longuemar (1803-1881). Un enfeu de plus grandes dimensions a été aménagé dans le mur sud ; son pourtour est orné d’une élégante frise, mais la niche est désormais vide. Plus loin, une armoire eucharistique a peut-être conservé son huisserie d’origine.

Pour la reprise complète de la charpente et de la couverture dont l’état de ruine constitue une grave menace pour la conservation de l’édifice, la Sauvegarde de l’Art français a octroyé une aide de 15 000 € en 2010, afin d’aider les propriétaires privés de cet édifice, de qualité incontestable.

Élisabeth Caude

Le projet en images