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Chapelle de Saint-Martin las Oumettes. Depuis bien longtemps il n’y a plus d’ormes à Las Olmetas («les jeunes ormes», en langue d’oc), et ce nom n’est plus là que pour nous rappeler que l’orme était autrefois volontiers l’arbre de l’espace public, planté sur les places au-devant des églises ou en de majestueuses allées, avant que les platanes ou autres marronniers, arbres exotiques, ne lui ravissent ce statut. Plus récemment, un champignon parasite entraînant une maladie, la graphiose, a fait définitivement disparaître l’essence de notre paysage. Nous sommes ici en Lomagne, dans l’ancien diocèse de Lectoure.

Sa petite façade tournée à dessein vers la grille d’entrée du château, Saint-Martin est une de ces églises d’une grande simplicité, dans lesquelles les fonctions paroissiales s’exercent dans un cadre dépouillé. On est plus habitué à voir, cependant, ce programme réalisé au Moyen Âge – ces milliers de petites églises voûtées à nef unique, et abside en cul-de-four – qu’au XVIIIes., époque où les ambitions des communautés sont plus à même de s’exprimer de façon élaborée ou savante. Si l’on en croit les documents, ce sont des circonstances assez spéciales qui ont amené à la reconstruction de Saint-Martin de Las Oumetas à la fin du XVIIIe siècle. Sans doute originaire du pays, un dénommé François Claverie, dit Toulouse, testa en effet en faveur de la paroisse à l’Île de la Grenade, aux Antilles, sa résidence, en 1729, pour la somme de quinze mille livres tournois. En contrepartie, il demandait qu’une messe quotidienne soit dite pour le repos de son âme, dans une chapelle à aménager dans l’église Saint-Martin, sous le vocable de François d’Assise, son saint patron, et qu’une « table de marbre, de plomb ou d’airain » y témoigne de sa fondation. Entrée en possession du capital avant le milieu du siècle, la petite paroisse devenue, toutes proportions gardées, à peu près riche, se préoccupa surtout de consolider ses revenus, par l’achat d’une grosse métairie en 1741. En 1759, considérant et l’état florissant des finances paroissiales et l’état déplorable de l’église, l’évêque de Lectoure frappa la paroisse d’interdit. Il faudra encore dix ans pour que les travaux de reconstruction ne débutent, la nouvelle église étant édifiée à plus de 500 m de l’ancienne. Le nouvel emplacement était choisi pour se rapprocher d’une route nouvellement construite, et peut-être du château, le seigneur du lieu, M. de Grossoles, étant partie prenante dans l’entreprise qui couronnait, en quelque sorte, la reconstruction du château lui-même, réalisée auparavant. Le gros œuvre fut achevé dès 1772, mais c’est seulement en 1780, quelques années avant la Révolution que la cloche fut hissée au campanile, et que l’on se pourvut en nouveaux ornements, signes d’une utilisation pour la célébration du culte.

Le bâtiment réalisé n’est qu’une grande salle rectangulaire, de 21 mètres sur 7, plafonnée, à chevet plat. Au mur est s’adosse un autel-tombeau et un retable, avec son tableau. Deux autres autels, sur les murs latéraux, sont ornés de la même façon : saint Martial, et saint François d’Assise, comme le testament dudit Toulouse l’avait prescrit. Quatre grandes fenêtres, percées dans les murs nord et sud, éclairent la nef : ce sont des croisées qu’on croirait être d’un édifice civil, si ce n‘est la disposition curieuse des petits bois, en losanges. Elles sont garnies de vitres claires. Á l’église est adossée, à l’est, une sacristie, aussi large que le vaisseau mais plus basse. La seule originalité de cet édifice se manifeste sur sa façade : la porte, simple baie couverte d’un arc en plein cintre s’ouvre entre deux pilastres en tables qui supportent un petit fronton aveugle, le tout formant une sorte de faux avant-corps ; entre l’arc et le fronton, un oculusaveugle, de forme ovale, était peut-être destiné à recevoir une décoration ou une inscription peinte. Aux angles, deux autres pilastres semblables montent jusqu’à la corniche. Cet effort de composition, bien que modeste, est cependant totalement annihilé par la présence du clocher-mur qui surmonte le tout, presque aussi important que la façade elle-même et qui donne à tout l’édifice un aspect surprenant. Imposant mur auquel les ailerons latéraux donnent une silhouette concave, tandis que le couronnement segmentaire est lui, convexe, il est percé de trois baies, disposées deux et une. Aujourd’hui, seules les deux inférieures sont garnies de cloches.

L’église, construite sur un terrain argileux, a tendance à bouger quelque peu avec son terrain d’assiette ; on a dû poser des tirants pour la stabiliser. En 2007-2008, une campagne de travaux plus importante a permis de reprendre les maçonneries extérieures et de revoir la couverture, chantier auquel la Sauvegarde de l’Art français a contribué pour 10 000 € en 2007.

Olivier Poisson

 

Bibliographie :

 Inventaire topographique, notice n° IA00038673 (Base Mérimée :www.culture.gouv.fr/culture/inventai/patrimoine/)

Association Saint-Martin de Las Oumettes, Présentation de l’association de sauvegarde du patrimoine local, doc. multigr., 2004.

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