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Le village est implanté sur le passage de l’ancienne voie romaine Langres-Reims. L’église est connue dès le XIIe s. ; le village appartenait avant la Révolution au diocèse de Troyes. Le plan de l’église est en croix latine, la nef, flanquée de bas-côtés, comporte trois travées, elle est prolongée à l’est par un chœur d’une travée et un chevet à cinq pans. Les bras nord et sud du transept s’ouvrent à l’est sur deux chapelles. Le clocher en charpente s’élève à la croisée du transept. Du XIIe s., l’église conserve la pile sud-est de la croisée (surélevée au XIIIe s.). Les corbeilles des deux chapiteaux sont décorées de crossettes et de feuilles plates en faible relief. On retrouve des chapiteaux semblables sur la pile sud-ouest et la pile nord-ouest de la croisée, mais ils ne sont pas à leur emplacement d’origine : ils ont été placés plus haut au XIIIe s. pour recevoir les voûtes d’ogives du nouvel édifice. En effet, le chœur actuel et le transept datent du premier tiers du XIIIe siècle. Dans chaque pan de l’abside a été percée une baie étroite en arc brisé, soulignée à l’extérieur par un larmier reposant sur deux culots sculptés. Les modillons supportant la corniche sont ornés d’un décor analogue. Le transept a été construit en conservant quelques éléments de l’église antérieure.

À la fin du XIVe s., au cours de leur progression vers Troyes, les Anglais dévastent le village et d’importants travaux doivent être menés après la guerre de Cent Ans. Les voûtes du chœur et du transept sont refaites et la nef est entièrement reconstruite. Les piles ouest de la croisée ont été modifiées pour s’accorder à la nouvelle construction.  On ajouta aussi au nord-est, entre le chœur et le bras du transept, une grande chapelle à chevet polygonal, qui était sans doute une chapelle seigneuriale, et au sud une chapelle rectangulaire. La baie d’axe du chevet a aussi été agrandie.  La date de 1533, qui était anciennement visible sur les vitraux, peut dater l’achèvement des travaux. À une date très voisine (1528), la cloche avait été donnée par Jeanne de Poitiers et Jean de Mertrus seigneur de Saint-Ouen (village voisin).

La nef est la partie la plus remarquable de l’édifice. Elle a été construite au XVIe siècle. Les bas-côtés sont plus bas que le vaisseau central qui ne comporte toutefois pas de baies hautes. Les piles sont formées d’un noyau cantonné de quatre colonnettes, leur forme est ondulée d’une manière comparable aux piles occidentales de la cathédrale de Troyes, qui datent de 1506 environ. Bien que les retombées des nervures (ogives et doubleaux) soient en pénétration, l’architecte a prévu d’orner les piliers, sous la retombée, d’une bague sculptée continue qui offre une étonnante succession désordonnée de motifs variés : personnages grotesques, monstres, scènes paysannes, motifs religieux (Vierge à l’Enfant et Christ aux Liens), animaux (fable du renard et de la cigogne), sujets funéraires (tête de mort, ossements). On retrouve dans de nombreuses églises de cette partie de la Champagne des sculptures comparables, mais l’église du Meix-Tiercelin possède l’ensemble le plus remarquable. La troisième travée de la nef est couverte d’une voûte d’ogives en étoile avec clés pendantes décorées de personnages (des anges et saint quentin) et du blason de la famille de Parthenay. Louise de Parthenay est dame du Meix-Tiercelin de 1504 (date de la mort de son père, Guillaume de Parthenay) à 1534 (date vraisemblable de sa mort). Les deux portails (ouest et sud) sont aussi ornés de motifs de troncs écotés et de branchages végétaux très ajourés (on retrouve des décors très semblables dans le portail sud de l’église voisine de Sompuis). Sur le trumeau apparaît un décor de rinceaux et de chandeliers qui montre l’influence de la première Renaissance (elle se remarque aussi sur le portail de l’église proche de Chapelaine).

En 1659, le maçon Noël Battelier reprend entièrement la pile nord-est de la croisée et remplace vraisemblablement la voûte du bras nord du transept par une voûte d’ogives en bois et plâtre. En 1893, les voûtes de l’ancienne chapelle seigneuriale (au nord du chœur) s’écroulent, elles sont remplacées par un plancher. Les meneaux brisés des baies sont, soit supprimés, soit noyés dans des maçonneries.

La Sauvegarde de l’Art français a participé à la première tranche de travaux de restauration de la nef et des bas-côtés (maçonnerie, charpente, couverture) en apportant une aide de 10 000 € en 2003.

J. F.

 

 Bibliographie :

Arch. dép. Marne, 2 O 2665.

Arch. dép. Aube, G 3048-3049.

J. Bertrand, « Le Meixtiercelin et son église », Société des sciences et arts de Vitry-le-François, 1861-1867, p. 238-246.

Abbé A. Millard, Histoire ecclésiastique et féodale de l’archidiaconé de Margerie : Le Meixtiercelin, Arcis-sur-Aube, 1887.

J.-N.-L. de Vaveray, L’élection de Vitry-le-François, divisée par paroisses, en ordre alphabétique… [1738], Tours, 1877-1878. (Publication de la Société des sciences et arts de Vitry-le-François.)

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