• Supprimer
  • Supprimer
  • Supprimer

L’église Notre-Dame, du diocèse de Besançon jusqu’à la Révolution, puis de celui de Saint-Claude, dépendait, comme Montmirey-la-Ville, de la paroisse principale de Pointre dont elle fut démembrée en 1700. L’édifice paraît s’enfoncer à mi-pente et contre le flanc est d’une colline où s’élevait jadis le château de Montmirey ; il domine le village, construit au bas de la colline ainsi que le bâtiment communal néo-classique qui abrite encore la mairie et l’école et fut aussi le siège de la justice de paix du canton.

Le plan en est fort simple ; un clocher-porche étroit flanqué de deux escaliers pris dans la maçonnerie donne accès, après trois petites marches, à une nef unique ouvrant sur un transept à peine débordant abritant les chapelles de la Vierge et de saint Joseph. Le chœur, plat et peu profond, s’élève légèrement de la croisée au retable par deux séries de deux marches. La voûte d’arête de la nef, du transept et du chœur est soutenue par des paires d’arcs doubleaux reposant sur des pilastres ioniques doubles à entablement toscan ; la croisée du transept est couverte d’une coupole, disposition assez rare dans les églises comtoises du XVIIIe siècle. De larges baies scandent les travées de la nef entre les pilastres et éclairent les chapelles. De l’extérieur, ce plan est perceptible ; bâti sur des fondations reprises généralement à chaque phase connue de construction, l’édifice dresse son haut clocher-porche ouvert en façade par une poste monumentale couverte d’un fronton triangulaire ; le chevet plat est flanqué, au nord, d’une petite sacristie. La toiture charpentée à deux pans est aujourd’hui couverte de tuiles plates. Les murs de pierre de l’église même sont en moyen appareil taillé au marteau, et enduits d’un crépi ; une corniche moulurée entoure l’édifice.

Dans l’église, murs et voûtes sont blanchis, les arcs doubleaux décorés de moulages en plâtre à motifs floraux. Un pavage régulier de cadettes de calcaire couvre le sol. Derrière l’autel et le tabernacle s’élève un retable architecturé du XVIIIe s. au centre duquel est placée une Nativité de la Vierge du peintre dolois Bourges (1857), entourée des statues de l’évêque saint Claude et de saint Roch ; le second registre est un ciel de nuages et d’angelots entourant la Trinité, sommé d’un dais qui a dû abriter un Père éternel. La table de communion, habile travail de ferronnerie, a été remontée au-devant de la chapelle de la Vierge où se tiennent les fonds baptismaux. Un orgue moderne occupe une grande partie de la chapelle de saint Joseph tandis qu’un crucifix du XVIIIe s. domine l’étroite tribune occidentale. Les objets cultuels d’orfèvrerie du XVIIIe s. sont inscrits à l’Inventaire supplémentaire des Monuments historiques.

Le plan, le bâti et les styles de décoration présents révèlent l’alternance des constructions de l’église proprement dite et du clocher-porche avec ses escaliers. Entre 1700 et 1746 l’église, menaçant ruine, fut réédifiée de fond en comble sans qu’on touchât au clocher-porche et aux tourelles d’escalier qui le flanquaient alors. En raison de la vétusté du clocher et de son ouverture à tout vent sur les combles de la nef, en 1831 fut validé le projet de l’architecte dolois Dèz visant à démolir ce clocher et ses escaliers, au profit de l’élévation du clocher-porche actuel, excepté l’étage bas que l’architecte rhabillait en pierre de taille tout en gardant murs et voûtes intérieurs. Le petit clocheton sur la terrasse sommitale du clocher conçu alors, presque invisible du village du fait d’une perspective très fuyante, fut remplacé dès 1846 par un clocheton charpenté à huit pans, plus imposant, couvert de tuiles à écailles rondes vernissées. Divers travaux de charpente et de couverture ponctuèrent la vie de l’édifice jusque vers 1960. La jonction du massif du clocher au reste de l’édifice reste bien visible à l’extérieur par la rupture des lits de pierres, et à l’intérieur par quelques menus désordres aux pilastres de la première travée de la nef et par la trace d’une arcade sur le mur du pignon de l’église contre le massif du clocher. Le cloisonnement entre ce massif et la nef est du reste récent.

C’est ce clocher-porche qui vient d’être restauré pour parer la dégradation et la chute de pierres calcaires montées au XIXe s., hélas gélives. Tous les murs du massif, excepté la face orientale, ont été ravalés, les pierres abîmées remplacées, le crépissage refait. L’entreprise retenue a scrupuleusement respecté le bâti, les matériaux et les techniques de taille de pierre existants. La face visible des pierres, sciées dans un calcaire bleu-rose grisé caractéristique, a été parée au pic, les arêtes relevées au ciseau, les joints fins ou refendus refaits à l’identique des éléments subsistants du massif. Le crépissage à la chaux du clocher au-dessus du fronton laisse déborder sans excès les pierres d’angles traitées de même ; le clocheton est restauré en l’état de 1846. On regrettera que les marches du seuil, également du XIXe s., en mauvais état, n’aient été comprises dans les travaux pour ajouter à l’unité de style du clocher et compléter la belle venue de cet édifice modeste mais fort bien fondé, construit, décoré et entretenu. Pour la réalisation de ces travaux,  La Sauvegarde de l’Art français a fait un don de 30 000 € en 2009.

 

 

 

Patricia Guyard

 

 

Bibliographie :

 

Sources manuscrites : Archives départementales du Jura, C 545 (fonds de l’Intendance de Franche-Comté), 235 G (fonds de la paroisse de Montmirey-le-Château et partie de la confrérie du Saint-Esprit), 9 V 3/245 (fonds de la préfecture), 1 Op 2318 (fonds du service vicinal, subdivision de Moissey), 5 E 47/32, 61, 64 (fonds ancien et moderne de la commune de Montmirey-le-Château et partie des papiers de la Confrérie du Saint-Esprit).

 

Sources imprimées : A. Rousset, Dictionnaire (…) des communes de Franche-Comté, département du Jura, Lons-le-Saunier, 1856, 4e volume, Montmirey-le-Château, p.327-336. S. de Vesvrotte, notice sur l’église de Montmirey-le-Château, 2 p.

 

 

 

 

Légendes des photos proposées

 

– Plan de l’église et plan du projet de nouveau clocheton surhaussé par rapport à celui bâti en 1832 dressés en 1846 par l’architecte Denis (Arch. dép. Jura, 9 V 3/245).

 

– Vue générale de l’édifice avec son clocher-porche restauré.

– Détail du travail de mise en oeuvre des pierres substituées à celles de 1831-1832.

– Vue du retable de l’église.

 

Le projet en images