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D’origine priorale, l’église de Mouzeuil, commune devenue Mouzeuil-Saint-Martin après sa fusion avec sa voisine Saint-Martin-sous-Mouzeuil en 1964, est placée sous le vocable de la Sainte-Trinité. Le bourg de Mouzeuil appartient à ces terres de la plaine de Fontenay-le-Comte qui se trouvent en limite du Marais poitevin, à quelques kilomètres des délimitations que composent successivement les terres mouillées, la ceinture des Hollandais puis les terres asséchées. Ces dernières ont été drainées lors des campagnes d’assèchement menées par les puissantes abbayes possessionnées dans la région, dont la réalisation la plus significative fut le creusement en 1217 du canal des Cinq Abbés.

Mentionné dans une charte de 1010, le site aurait à l’époque été fortifié. Il fait l’objet d’une donation en 1050 à l’abbaye de Maillezais, à qui l’on doit la construction d’un premier édifice et d’un prieuré. L’église actuelle est donc de fondation romane et ses parties les plus anciennes  pourraient être mises en relation avec une pierre portant la date de 1158, découverte  opportunément dans la nef en 1861, à l’occasion d’une campagne de travaux. Néanmoins son état général actuel témoigne de nombreuses interventions au fil des siècles.

De plan allongé, l’église se compose d’une nef de quatre travées, suivie d’un chœur plus étroit de deux travées se terminant par un chevet plat. Selon toute vraisemblance, les baies hautes et étroites qui rythment de façon régulière le mur sud de la nef et de façon irrégulière les  murs de la nef et du chœur côté nord – certaines baies ont été agrandies au XIXe s. – constituent des témoignages de la structure primitive. Enfin, depuis les travaux menés au XIXe s., le chevet, percé, donne accès à une tour de clocher hors oeuvre, de plan octogonal, qui s’élève curieusement sur la façade orientale de l’église. Á l’extérieur, la différence des volumes entre la nef et le chœur est sensible.

 

Aux XIIIe et XIVe s., d’importants travaux sont conduits dans le chœur. De cette dernière époque datent les deux élégantes baies à remplage flamboyant de la face sud. Les guerres de Religion, particulièrement dévastatrices dans cette région, entraînent, en lien notamment avec l’attaque du 1er mai 1562, des dommages sévères, dont la perte du clocher qui couronnait la jonction des deux parties de l’édifice et qui était desservi par le petit escalier à vis, pris dans la maçonnerie du mur nord. En 1662, la façade occidentale est dotée d’un décor classique : la porte est alors encadrée de deux pilastres plats toscans et surmontée d’un fronton triangulaire. Au siècle suivant, en 1758, d’après les recherches de Marie-Pierre Niguès, des travaux d’importance sont conduits dans la nef dont le voûtement initial, semble-t-il en berceau, est alors remplacé par des voûtes en briques plâtrières dont la durée de vie n’excédera pas un siècle. En effet, plusieurs campagnes s’échelonnent au XIXe siècle : un clocher de plan octogonal est édifié en 1848 ; quelques années plus tard, l’état des voûtes de la nef, et notamment de la dernière, impose un diagnostic qui est confié à l’architecte diocésain Loué. Ce dernier étayant ses arguments, dans son rapport du 22 avril 1870, sur une analyse archéologique de l’édifice, propose son agrandissement et la restitution des collatéraux d’origine dont la suppression avait dû, selon lui, nécessiter la reprise des murs gouttereaux et le recours à des contreforts, et serait aussi responsable du dévers actuel. Mais ce projet, jugé dispendieux, est ajourné. Est préférée la solution de l’architecte départemental Victor Clair qui serait à l’origine du parti d’un voûtement en bois à décor peint pour la nef. Ce décor floral et de rinceaux, malheureusement  recouvert actuellement d’un badigeon, constitue un exemple rare dans la région. Quant aux deux voûtes sur croisée d’ogives du chœur, elles témoignent aussi d’une reprise du voûtement, en briques et plâtre, au XIXe s., postérieure d’ailleurs au rapport de Loué qui jugeait, en 1870, la voûte du fond du chœur la « seule travée de voûte de l’époque primitive ». Trois baies de la nef sur son flanc nord ont également été agrandies dans ces années.

En raison de l’importance des travaux à mener, un phasage pluriannuel a été établi dont la restauration du chœur constitue la première étape puisque les désordres constatés dans les voûtes plâtrières ont contraint à prendre un arrêté de péril. Pour la restauration des maçonneries du chœur, et notamment des voûtes, et pour la réfection de la toiture, la Sauvegarde de l’Art français a accordé 6 000 euros en 2006.

Élisabeth Caude

Le projet en images