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Église Saint-Étienne. L’église de Paroy est citée dès le début du XIe siècle. La paroisse faisait partie du doyenné de Salins et la collation de la cure appartenait au prieuré de Château-sur-Salins. L’église est bâtie sur un petit tertre au centre du village.

L’église romane primitive fut reconstruite en totalité au cours de la première époque gothique, vraisemblablement au XIVs. sur le plan d’un édifice à nef unique. Elle fut agrandie ensuite par l’adjonction de chapelles latérales jusqu’au XIXe siècle.

Le clocher-porche saillant sur la façade serait la partie la plus ancienne de l’édifice. Mais il s’agit d’un élément très composite : le portail est une reconstruction de l’époque classique, caractéristique avec son fronton coupé porté par des pilastres à chapiteaux toscans. L’étage supérieur est éclairé par une fenêtre en plein cintre, l’intérieur est voûté sur croisée d’ogives. La section des ogives très sobre (un simple cavet) évoque une construction du XIVe s., donc contemporaine du gros œuvre de l’église. L’étage des cloches est ouvert à l’ouest par une baie géminée, au sud et au nord par des baies simples en plein-cintre. Le clocher n’a pas été surélevé comme beaucoup d’autres l’ont été aux XVIIIe et XIXe s. en Franche-Comté et le pavillon lui-même reste peu élevé. Le beffroi a été refait en 1840.

La nef comprend deux travées couvertes de voûtes d’arêtes, séparées par un arc doubleau reposant sur des consoles. Cette disposition est due manifestement à la présence des ouvertures des chapelles qui interdisaient l’utilisation de supports partant du sol. Ces voûtes d’arêtes sont d’époque classique et remplacèrent peut-être une couverture à charpente apparente ou lambrissée. La travée de chœur est la partie la mieux conservée de l’édifice du XIVe s., avec sa croisée d’ogives solide, aux branches ornées d’un large cavet et reposant aux angles sur des culots à décors géométriques. La présence d’arcs formerets peut laisser penser que cette travée était fermée par un chevet droit. L’édifice se termine maintenant à l’est par une abside à cinq pans voûtée d’arêtes qui, extérieurement et intérieurement, possède toutes les caractéristiques d’une construction du XVIIIe siècle. Elle est éclairée par deux larges fenêtres en plein cintre ouvertes dans les pans coupés, tandis que le mur oriental reste aveugle pour recevoir un retable monumental.

Six chapelles latérales, trois de chaque côté, flanquent l’édifice principal, avec une certaine symétrie et s’ouvrent sur le vaisseau central par des arcs en plein cintre de taille décroissante et d’allure assez tardive. Les deux plus grandes, de part et d’autre de la travée de chœur, forment un faux transept, comme dans l’église de Baume-les-Messieurs décrite dans le présent ouvrage. Ces deux chapelles sont couvertes de voûtes sur croisées d’ogives semblables à celle de la travée centrale. Mais les arcs de la chapelle nord reposent sur des culots à décors géométriques, tandis que ceux de la chapelle sud portent sur des colonnes à chapiteaux ornés de feuillages. Les ouvertures de ces chapelles ont été refaites au XIXe siècle. La fenêtre primitive de la chapelle nord a été supprimée à l’est pour placer un grand retable, et remplacée par une fenêtre, au nord, de style néo-gothique. Les chapelles suivantes, de taille un peu moindre, ouvrant à la fois sur les précédentes et sur la travée orientale de la nef, sont toutes deux voûtées sur croisée d’ogives. Mais la plus intéressante est celle du nord qui possède des arcs formerets et dont la clef de voûte est ornée d’un curieux personnage à large coiffe et aux longs bras placés comme deux anses de pot. Les arcs reposent sur des culots ornés de feuillages. Les dernières chapelles, encore plus petites que les précédentes avec lesquelles elles ne communiquent pas, s’ouvrent seulement sur la première travée de la nef. Ces chapelles sont couvertes de voûtes en berceau légèrement brisé qui s’évasent un peu pour mieux répondre à leur très faible hauteur. Elles sont éclairées par des fenêtres en plein-cintre dont les arcs sont formés d’une seule pierre, dans la tradition romane.

 

 

Cette église composite se présente donc maintenant comme un édifice remontant dans sa partie centrale au XIVe s., mais transformée dès l’époque gothique par l’adjonction de chapelles, puis à l’époque classique par un agrandissement vers l’est et le voûtement de la nef, et enfin, au XIXe s., par une recherche de symétrie dans les chapelles formant bas-côtés.

On ne peut passer sous silence le riche mobilier, en particulier : une chaire du XVIIe s., toujours en place dans la nef, ainsi que des fonts baptismaux, dans la petite chapelle sud, également du XVIIe s., avec une cuve à habillage en bois richement décoré, surmontée d’un panneau représentant le Baptême du Christ tenu par deux consoles à volutes ; les deux retables monumentaux de l’abside (statue de saint Étienne) et de la chapelle nord (1721 : tableau de la Vierge à l’Enfant donnant le Rosaire à saint Dominique et sainte Catherine de Sienne), sont deux œuvres en bois doré et polychrome du XVIIIe siècle.

La Sauvegarde de l’Art français a accordé 18 294 € en 2001 et 21 000 € en 2002 pour la reprise des fondations, le drainage et la réfection complète de la toiture.

P. C.

 

Bibliographie :

R. Tournier, Les églises comtoises, leur architecture des origines au XVIIIe siècle, Paris, 1954, passim.

J. Courtieu, Dictionnaire des communes du département du Doubs, t. V, Besançon, 1986, p. 2469.

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