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Église Saint-Félix. Péret, dans la vallée de l’Hérault, est un village étagé en pyramide, sur un des premiers contreforts des monts de Lodève, qui font la transition entre les causses méridionaux et la plaine littorale. L’église domine de son clocher la silhouette groupée du village, au centre de ce qui a dû en être le noyau primitif. Cité dans les textes dès 861, relevant du diocèse de Béziers, le village n’a disposé d’une église que plus tardivement ; c’était une possession de l’abbaye Saint-Sauveur de Lodève. Simple prieuré, Saint-Félix de Péret fut érigée en vicairie en 1518, et ne devint paroisse qu’en 1760.

C’est un édifice assez étrange, bien qu’indiscutablement médiéval. Il possède un chevet plat, à peu près carré, bâti en un bel appareil régulier, scandé de contreforts sans ressauts disposés aux angles et au milieu de chaque côté : le contrefort central placé au centre du mur oriental empêche ainsi le percement d’une baie d’axe, et le sanctuaire est éclairé par deux ouvertures jumelles placées de part et d’autre. La nef, de deux travées à peu près carrées elles aussi, est légèrement plus large, bâtie en un appareil de plus grand module et pareillement scandée à l’extérieur de contreforts. Ceux-ci, animés à mi-hauteur d’un larmier au profil caractéristique, accusent une datation du XIVe s., tandis que le chevet doit être plus ancien, XIIIe ou même fin du XIIe siècle.

Le clocher est encore un édifice singulier, juché sur l’angle nord-ouest de l’édifice, dont les parties basses mériteraient une analyse plus approfondie. L’étage des cloches est un fût de plan carré, porté sur les côtés nord et ouest par des arcs brisés lancés entre les contreforts ou sur des encorbellements. Il possède encore ses gargouilles, figures d’animaux fantastiques, mais son couronnement a dû être légèrement surhaussé plus tardivement, et reçoit aujourd’hui un campanile en fer forgé assez grêle, portant la cloche des heures et une girouette.

À l’intérieur, le chevet et la nef sont couverts de voûtes sur croisées d’ogives. Les ogives sont simples, de profil prismatique, et les matériaux des voûtes sont assez hétérogènes (tufs caverneux, moellons calcaires, pierres presque noires, etc.), ce qui paraît plutôt un indice de reconstruction au début du XVIIe siècle. Du côté sud, la naissance des voûtes s’appuie sur un surcroît du mur porté par deux arcades plaquées retombant sur des culots. La nef est éclairée par quatre oculi, agrandis ou même percés au XIXe siècle. Au XVIIe ou au XVIIIe s., on a doté l’édifice de quatre chapelles latérales peu profondes, ouvrant dans la nef entre les contreforts.

Ne subsistent que des décors du XIXe ou du XXe s., mais ces derniers ont, me semble-t-il, une certaine saveur. J. Vié, peintre de Montpellier, a signé dans les années 1920 tout un ensemble de décors muraux sur toile, dont le mérite artistique proprement dit est bien mince (pour ne pas dire nul), mais est révélateur d’une culture populaire et de la diffusion des images selon des stéréotypes dans cette période de l’entre-deux-guerres. On remarquera la chapelle du monument aux morts, ornée d’images patriotiques (la cathédrale de Reims sous les bombardements, avec le Palais du Tau en flammes, un poilu expirant sur le champ de bataille, la France écrasant l’empire allemand et l’Alsace et la Lorraine piétinant leurs chaînes) ; la chapelle Saint-Roch, qui offre tout un cycle de la vie du saint montpelliérain, enfin la chapelle Saint-Joseph. Il semble malheureusement qu’une récente restauration ait fait disparaître certains de ces décors, tout comme on peut regretter l’aspect intérieur de la nef et du sanctuaire, aux parements entièrement décapés, révélant l’aspect disparate des matériaux qui étaient certainement prévus pour être enduits et peints, et que l’on aurait dû au moins harmoniser.

Pour la restauration des maçonneries des façades et du clocher et la révision des couvertures, la Sauvegarde de l’Art français a versé 15 245 € en 2001.

O.P.

Le projet en images