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La chapelle du château de Triadou a été construite au XVIIe siècle. La famille d’Albignac, connue depuis 1148, se fixa à Peyreleau à la fin du XVe s. par le mariage de Pierre d’Albignac avec Flore de Capluc. La pratique méridionale de la coseigneurie admettait la construction en un même lieu de plusieurs maisons nobles. Pierre d’Albignac éleva la sienne, un château, au lieu-dit le Triadou, sous le rocher de Peyreleau. Ses successeurs agrandirent la bâtisse, dans le courant du XVIe s., jusqu’à la construction d’une tour en 1617. C’est alors qu’ils s’intitulèrent seigneurs du Triadou, avant de prendre pendant quelques années le titre plus glorieux de seigneurs de Peyreleau. Ardents catholiques, les Albignac s’opposèrent aux protestants durant les guerres de Religion. En 1628, Simon d’Albignac, réussit à s’emparer d’une partie des bagages et de l’argent de l’armée du duc de Rohan. Une partie de ce trésor aurait permis d’entreprendre quelques luxueux ouvrages et en particulier la chapelle dont nous allons parler.

Selon la pratique courante de ce temps, les Albignac avaient aménagé, chez eux, une chapelle domestique. Dans son testament du 18 juin 1614, Simon d’Albignac fonda à perpétuité une messe anniversaire pour le repos de son âme, moyennant 100 livres. C’est le fils de Simon, François d’Albignac,  qui fit construire, peut-être sur les bases d’une ancienne tour d’enceinte,  la chapelle actuelle en 1669 et il y fonda à son tour un obit le 16 mai 1670. Les Albignac s’étant opposés à la Révolution durent émigrer et leurs biens furent vendus comme biens nationaux en 1795.

La chapelle est un édifice octogone, en calcaire, couvert d’un toit de lauzes calcaires à huit pans formant une sorte de dôme. Selon l’historien M.-A. de Gaujal, un clocheton octogone, en bois, garni d’une cloche d’argent de 50 à 60 livres, dominait le tout. Le clocheton disparut au XIXe siècle. L’entrée est particulièrement soignée : la porte en plein cintre est encadrée de deux pilastres à cannelures et à chapiteaux corinthiens, et surmontée d’un fronton triangulaire brisé, au milieu duquel ont été sculptées les armes d’Albignac (d’azur 3 pommes de pin d’or, au chef de même). Plus haut, une petite niche avec console à godrons et coquille abrite une Vierge à l’Enfant. Les vantaux sont faits de panneaux, dont certains sont à losange et à pointe de diamant. Le style général paraît antérieur à 1669, plutôt attribuable au début du siècle, de telle sorte que, si l’on écarte l’hypothèse d’un archaïsme, on peut imaginer le remontage par François d’Albignac d’une porte du château. Une inscription reproduite par M.-A. de Gaujal donne la date de la dédicace : VIRGIN(E)AE MATRI PATRONAE ET DOMINAE SVAE, etc. « À la Mère virginale, sa patronne et sa dame, en éternel monument de piété, de gratitude et d’hommage, noble François d’Albignac, seigneur du Triadou, son très dévôt vassal, a dédié ce sanctuaire ainsi que lui-même et toute sa (très) illustre famille, le 24 septembre 1669 ».

À l’intérieur, les huit pans de l’octogone étaient occupés par la porte, l’autel, deux fenêtres à vitraux peints et, dans les quatre espaces restants, par des peintures murales dédiées à la Vierge. Gaujal les énumère ainsi en 1859 : l’Annonciation, l’Immaculée Conception, la Visitation et la Présentation. Elles auraient été d’inspiration italienne. Selon l’historien local Albert Carrière, un peintre ruthénois du nom de Calmette aurait séjourné à Peyreleau en 1669. Ce peintre, Antoine Calmette, nous est connu pour avoir fait son testament à Rodez en 1692. Il est donc vraisemblablement l’auteur de ces peintures. Elles ont malheureusement disparu : un ancien propriétaire, succombant à la mode de la pierre à nu, a fait enlever les peintures et l’enduit. Il nous en reste une photographie, un peu sombre, prise en septembre 1900. On devine, au-dessus des vieilles minutes du notaire Fabié qui avait transformé la chapelle en étude, quelques rinceaux.

On ne peut évoquer la chapelle sans mentionner la belle terrasse sur voûtes et arcades qui fait la liaison entre elle et le château. Cette terrasse est bordée de balustres du XVIIe s. et de gargouilles à face humaine.

Pour la réfection de la toiture en lauzes, la Sauvegarde de l’Art français a accordé 3 000 € en 2003.

J. D.

 

Bibliographie :

Arch. dép. Aveyron, AB 1437 : A. Carrière, La région de Peyreleau-Le Rozier , manuscrit, 1947.

Renseignements fournis par M. et Mme André Chapelle et Mme M.-Fr. Ribadeau-Dumas.

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