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Chapelle Saint-Clair. Plonévez-du-Faou est une commune située à mi-chemin entre Châteaulin et Carhaix-Plouguer, dominée par les monts d’Arrée au nord et les Montagnes Noires au sud. Le nom de Plonévez (en breton « paroisse nouvelle ») vient de ce que la paroisse fut détachée de celle de Plouyé probablement avant le viiie siècle. À l’origine, elle englobait les territoires de Collorec, Landeleau, Châteauneuf-du-Faou et – partiellement – Loqueffret, qui ont formé à leur tour, plus tard, paroisses et communes. Malgré ces amputations, il n’en reste pas moins que Plonévez est encore, en superficie, la troisième commune du Finistère. Cela explique l’éloignement de la chapelle Saint-Clair, située à près de cinq km au nord du bourg.

La chapelle, située à flanc de coteau au-dessus d’une source qui jaillit dans une fontaine en contrebas, a été construite en moellons de grès avec, par endroits, des assises de schiste ; seuls les rampants, les chaînes d’angle, le clocheton et les entourages des baies sont en pierre de taille de granit. Cette construction modeste (15 m x 6 m pour la nef, 15 m x 5 m pour le transept) a été édifiée selon un plan en forme de croix latine : à l’est, le chevet plat est peu saillant, le mur occidental est surmonté d’un clocheton à une seule cloche. Les ouvertures sont peu nombreuses : une porte dans le mur ouest, deux portes à l’angle du mur sud de la nef et du mur ouest du bras sud du transept ; trois fenêtres : une au chevet et une à chaque extrémité du transept, mais aucune dans la nef. La couverture d’ardoises repose sur une charpente lambrissée.

Le style dénote une construction du xvie s., époque où s’achevait, à quelques kilomètres de là et dans la même paroisse, la célèbre chapelle de Saint-Herbot. Le remplage des baies est de style gothique flamboyant ; la base moulurée des pieds-droits de la porte occidentale est caractéristique de la fin du xve et du début du xvie siècle.

Plusieurs blasons encore visibles rappellent le rôle joué à l’époque par des familles nobles dans l’édification de la chapelle. À l’extérieur, au-dessus de la baie sud du transept, un bas- relief présente un écu versé soutenu par deux lions et timbré d’un casque ; on devine une quintefeuille sur l’écu : il s’agit des armes des Toulgoët (d’or à la quintefeuille d’azur), qui possédaient au xvie s. le manoir du Cleuziou dans la paroisse voisine de Collorec. Les mêmes armes se retrouvent sur les blochets de la croisée du transept. On voyait jadis, sur l’ancien vitrail de la baie du chevet, un blason d’argent à la fasce de gueules (famille non identifiée) et un autre d’argent au lion de sable, qui est Porzpoden. Un Alain de Toulgoët épousa vers 1500 Annette de Porzpoden. Un dernier blason, martelé et devenu illisible, figure au-dessus de la porte du bras sud du transept.

Le patronage de saint Clair peut sembler curieux. Ce saint passe, selon la tradition,  pour avoir été le premier évêque de Nantes, pour les uns au Ier s., pour les autres au iiie s. (ce qui n’est confirmé par aucun document archéologique ou historique, le siège épiscopal de Nantes remontant, au mieux, au ive siècle). Son culte semble s’être propagé de Nantes dans le sud et le centre de la Bretagne : il est honoré dans le Morbihan (à Limerzel, Loyat, Réguiny) ; dans le Finistère, la chapelle de Plonévez-du-Faou est la seule à l’avoir pour éponyme. Son nom a fait que les eaux des fontaines qui lui sont dédiées étaient réputées pour guérir les maux d’yeux. Sa statue, en bois polychrome, du xviie s., le représente en évêque.

L’ensemble de la statuaire de la chapelle frappe par son abondance. Ce sont des statues pour la plupart en bois polychrome : sainte Brigitte, saint Éloi, saint Jean-Baptiste, un Christ en croix, et surtout la Vierge à l’Enfant – Notre-Dame de Bonne Nouvelle – présentée dans une niche à volets polychromes posée sur l’autel du bras nord du transept ; au-dessus de la statue centrale, deux angelots volettent ; sur les panneaux, à gauche, l’archange Gabriel, à droite, la Vierge vers laquelle descend la colombe du Saint-Esprit. Deux statues sont en pierre : saint Sébastien et une pietà (qui figurait jadis sur le petit calvaire voisin) ; une autre est en plâtre : saint André. On remarquera aussi un tabernacle en bois polychrome – reste d’un retable disparu – posé sur l’autel du bras sud du transept. On notera enfin des masques étranges aux angles de la croisée du transept, et une démone (ou une sirène ?), en pierre, servant de console à la statue de saint André.

Les vitraux actuels, en dalles de verre,  ont été posés en 1978-1980. Les cartons sont l’œuvre d’Annick Queffélec, peintre de Plonévez-du-Faou. La baie 0 porte toute une symbolique de la fécondation de la terre après le Déluge (oiseau, fleurs, rayons du soleil) ; la baie 1 représente le feu (brasier) ; la baie 2 représente des thèmes évoquant l’eucharistie (grappe de raisin-calice, pêche miraculeuse, blé-ciboire).

Restaurée un première fois en 1978, la chapelle Saint-Clair a été de nouveau restaurée, totalement, en 2003 (maçonnerie sur le clocher et les façades, réfection des enduits et joints intérieurs au mortier de chaux, charpente, couverture en ardoise, mise aux normes de l’électricité). La Sauvegarde de l’Art français a accordé en 2003 une somme de 15 000 € au comité local qui a entrepris la restauration.

T. D.

 

Bibliographie :

H. Pérennès, Plounévez [sic]-du-Faou, monographie de la paroisse, Rennes, 1942, p. 36-37.

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