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La chapelle Saint-Fiacre, située au village de Pont-du-Châtel, à 2,5 km au sud-est du bourg de Plouider, est dédiée au patron des jardiniers, moine d’origine irlandaise qui aurait fondé le monastère de Meaux au VIIe s., et dont le culte est très populaire en Bretagne. Le Pont-du-Châtel doit son nom au fait qu’était perçu, sans doute, un droit de péage au pont qui franchissait la petite rivière de la Flèche, sur la route menant de Lesneven (siège de la sénéchaussée) à Saint-Pol-de-Léon (siège de l’évêché) ; les noms de plusieurs lieux-dits des environs immédiats semblent indiquer la présence d’un petit château : en particulier, le toponyme Le Castellic s’appliquait à une motte féodale, aujourd’hui disparue, qui s’élevait à peu de distance de la chapelle. Plus qu’une trêve, subdivision religieuse de la paroisse, le Pont-du-Châtel a été probablement une cordelée (subdivision fiscale) : en effet, si un prêtre de la paroisse de Plouider résidait à Pont-du-Châtel pour y assurer le service religieux, les mariages, les enterrements (mais non les baptêmes), la chapelle n’avait pas de registres propres.

Construit sur une source qui jaillit au pied du chevet (la fontaine, très rustique, abrite une petite statue ancienne de saint Fiacre), l’édifice actuel remonte au XVI s., comme l’indiquent le style de la baie du chevet et diverses inscriptions : dans la nef, on lit la date d’une restauration en 1564 ; 1574 sur le porche nord ; 1592 au-dessus du portail de la tour. Le plan rectangulaire comprend une nef de trois travées avec bas-côtés, et un chœur à chevet plat. La tour-clocher, sur le mur occidental, cantonnée de solides contreforts, est accostée au nord d’une tourelle d’escalier circulaire, et couronnée par une galerie en encorbellement surmontée de deux chambres de cloches et d’un dôme à lanternons ; ce mode de construction dérive du « style Beaumanoir », du nom de maîtres d’œuvre morlaisiens des années 1485-1535 qui ont marqué le paysage architectural de la région de Morlaix et du haut Léon à leur époque et bien après. En dehors du portail étroit qui s’ouvre à la base de la tour, l’entrée dans la chapelle se fait au nord par un porche original dont l’arc brisé est soutenu par deux colonnettes.

Sur la nef et le chevet s’ouvrent des baies en arcs brisés, caractéristiques du XVIe s., mais il n’y a plus de vitraux anciens. La nef est séparée des bas-côtés par des arcs surbaissés qui pénètrent directement dans les piliers, et la voûte est lambrissée sans entraits. D’autres éléments de style Renaissance subsistent : dans le chœur, une piscine à accolade et, dans le mur sud, un bénitier à godrons surmonté de deux volutes et d’une croix. Dans le mur nord, face à la troisième travée, s’ouvrent trois meurtrières, dont on dit qu’elles auraient été aménagées pour permettre aux « caquins » – en breton kakous, descendants de lépreux qui habitaient au village de Kerandraon, à environ un kilomètre au nord de la chapelle – d’assister aux offices sans se mêler au reste des fidèles.

Dans le mobilier, on retiendra, datant du XVe s., une statue de la Vierge dite Notre-Dame de Délivrance ; du XVIe s., une tribune (cl. MH), ornée des figures en bas-relief des douze apôtres, et les statues d’un Christ attendant le supplice, de saint Yves, de saint Paul Aurélien, d’un saint moine portant un livre ; du XVIIe s., l’ancien maître-autel, déplacé dans la chapelle latérale nord, une Vierge à l’Enfant piétinant le dragon, une Vierge des Douleurs, le Christ en croix, saint Fiacre avec sa bêche, saint Jean-Baptiste.

La Sauvegarde de l’Art français a fait un don de 9 000 € pour contribuer au financement des travaux de restauration du clocher et du chevet, auxquels il a fallu ajouter l’assainissement périphérique de la chapelle, travaux réalisés en 2017.

Tanguy Daniel

 

Bibliographie :

L. Le Guennec, Le Finistère monumental, t. II, Brest et sa région, Quimper, 1981, p. 385-386.

R. Couffon et A. Le Bars, Diocèse de Quimper et Léon. Nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, 1988, p. 294-295.

L. Élégoët, Ancêtres et terroirs. Onze générations de paysans de Basse-Bretagne, Rennes, 1990.

Y.Gac, La chapelle de Pont-du-Châtel en Plouider, s.l., 2014.

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