Pommerit-le-Vicomte, Église Notre-Dame

L’actuelle église  Notre-Dame  de  Pommerit-le-Vicomte a été entièrement reconstruite entre 1913 et 1921, à l’exclusion de son clocher-porche, objet de l’intervention de la Sauvegarde de l’Art français. L’édifice antérieur datait probablement de la fin de l’époque médiévale, du XIV^e s. selon certains auteurs. Il est vrai que pendant la seconde moitié du XIV^e s., Pommerit pouvait s’enorgueillir d’avoir vu naître deux illustres personnages : Geoffroy de Kermoisan, évêque de Quimper, puis de Dol, et Jean Le Brun, évêque de Tréguier, conseiller et aumônier du duc Jean. L’édifice comprenait une nef à bas-côtés, un transept et un chœur à chevet plat, ainsi qu’un clocher  ajouté  en  façade au  début  du  XVIII^e s. (il porte la  date de 1712), grâce, dit-on, à la munificence de Jacques de la Grève, recteur de 1668 à 1715. Il faut plutôt y voir la libéralité de Guy­Aldonce de Durfort, comte de Lorge et maréchal de France, dont les armes figurent sur le clocher ; il avait acquis la vicomté de Pommerit en 1681 et l’incorpora au comté de Quintin en 1691. Dès 1807, la charpente du chœur menaçait ruine et, en 1913, l’église était dans un tel état de délabrement qu’elle présentait une menace pour la sécurité des fidèles. L’architecte briochin Eugène Faure (1876-1960) fut chargé de sa reconstrction. Son projet prévoyait de reconstruire, avec agrandissement, l’abside, la sacristie, le transept et deux travées de la nef. Les piliers et arcades en pierre de taille devaient être déposés avec soin et réutilisés. Les travaux, financés par une souscription publique, commencèrent en août 1913 et furent interrompus par la guerre. Lorsque  la  municipalité  voulut les  reprendre en 1919, les prix avaient augmenté de 80 % : deux nouvelles souscriptions publiques furent nécessaires  pour  mener   à   bien   les   travaux,   enfin   achevés   le 6 décembre 1921. L’église actuelle présente un plan en croix latine, avec une nef de cinq travées flanquée de bas-côtés, un transept et un chœur à chevet plat encadré de deux chapelles rectangulaires moins profondes que le chœur. L’architecture, en moyen appareil de granit, s’inspire de celle des églises gothiques bretonnes : principe de la nef obscure (compensé par la présence de lucarnes dans le toit) ; affirmation de la présence du triangle (forme des lucarnes, gâbles qui surmontent les fenêtres de la nef), qui a probablement pour but d’évoquer la formule architecturale des églises à pignons multiples ; développement du porche sud ; multiplication des pignons à crochets. L’ensemble est toutefois traité avec une certaine sécheresse qui contraste avec la richesse du clocher. Ce  dernier  est tout  à fait  représentatif  des  clochers-porches à flèche et balustrade qui ont fleuri dans le Trégor et le Léon à la fin du XVII^e et au XVIII^e siècle. Construit en grand appareil de granit blond, le clocher, de plan carré, est flanqué d’une tourelle hexagonale en partie basse, ronde en partie haute. Il présente trois niveaux. Le premier, très haut, est percé d’ une porte en plein cintre flanquée de deux colonnes supportant un entablement alternant triglyphes et éléments floraux. Un fronton interrompu encadrant un oculus surmonte l’ensemble. Au-dessus, un cartouche encadrant les armes du comte de Lorge précède une niche à coquille, avec une console formée d’une tête ailée d’angelot . La statue qu’elle devait abriter a disparu. Le premier niveau est séparé du suivant par un entablement du même style que celui qui surmonte la porte. Le passage entre les deux niveaux suivants est simplement marqué par un larmier. La façade sud s’orne d’une curieuse inscription, écrite à l’envers: ETTEC RUOT TUF TSYAF RAP NU EDNALRI NE L. 2171 (« cette tour fut fayst par un Irlandé en l'(an) 1712 »). L’intérieur de l’église, rythmé par les grandes arcades, rappelle lui aussi l’architecture des églises du gothique breton, notamment par sa charpente lambrissée. Quelques éléments de mobilier sont à remarquer, notamment une série de sept panneaux en albâtre du XV^e s. représentant sainte Catherine, sainte Marguerite et cinq scènes de la Passion ; deux panneaux de bois représentant l’Entrée à Jérusalem et la Résurrection, présentant des similitudes avec les albâtres précédents ; un retable du Rosaire, datant du début du XVIII^e s., dans le transept nord, et des confessionnaux du XVII^e siècle. À noter également la chaire extérieure (XV^e s. ?), témoin de la vogue des prêches en plein air. La flèche, menacée de désordres graves, dut être provisoirement consolidée en 1995, et le jointoiement du clocher tout entier était très déficient. La Sauvegarde de l’Art français a versé en 1999 une subvention de 100 000 F pour la restauration des maçonneries du clocher, de la flèche et de la tourelle.

C.H.C