• Supprimer
  • Supprimer
  • Supprimer

Eglise paroissiale de Pouldergat est dédiée à un saint breton, Ergat (ou plutôt Tergat). Le préfixe Poul- est à l’origine Plou- (du latin plebem), c’est-à-dire paroisse, ce qui fait remonter l’origine de celle-ci à l’époque de l’arrivée des émigrants bretons, entre le Xe et le VIIe siècle.

L’édifice actuel – très complexe dans sa structure et dans son histoire – remonte en partie aux XIe-XIIe siècles : la nef comporte des piliers et un arc romans. Avec son architecture du XIVe s., le chœur présente toutes les caractéristiques de l’ « école de Pont­ Croix » ; le fenestrage du chevet plat est du XVe siècle ; le clocher­ mur occidental, quant à lui, a été construit à la fin du XVIe siècle : la façade comporte dix inscriptions permettant de suivre les travaux de 1582 à 1589 ; la tour, datée de 1595, de type cornouaillais sans galerie et à laquelle est accolée une tour d’escalier cylindrique du côté nord, porte une chambre des cloches et une flèche qui semblent du XVIIe siècle ; une inscription rappelle que la chapelle sud a été édifiée en 1699 ; la sacristie à étage et cheminée, au sud du chœur, paraît remonter au XVIIIe siècle.

Ces nombreuses campagnes de construction expliquent la complexité de structure de l’édifice, qui a été remanié dans son ensemble au milieu du XIXe s., comme le montrent la chapelle des fonts baptismaux, au nord, qui porte la date de 1850, et le porche sud, qui a été démonté et restauré en 1854. Le problème essentiel consistait à rattraper la différence de largeur entre la nef et le chœur : les chapelles construites entre les deux forment un faux transept qui n’est pas du plus heureux effet architectural.

Les trois éléments les plus intéressants restent le clocher-mur, la nef et le chœur. La façade occidentale appartient à un type traditionnel en Basse-Bretagne : un grand mur triangulaire où s’ouvre une porte peu utilisée, une tour portant la chambre des cloches surmontée de la flèche ; l’originalité consiste ici dans la douzaine d’inscriptions sculptées donnant les noms des « fabriques » ou des « recteurs’: et dans les dates qui permettent de suivre, année par année, la progression des travaux. La partie occidentale de la nef à bas-côtés comporte des piliers de plan rectangulaire avec une colonne engagée sur les petites faces, mais avec la particularité d’être dissymétrique : au nord, une petite travée puis deux grandes ; au sud, deux grandes puis une petite. C’est la partie la plus ancienne de l’église. Le chœur est formé, lui aussi, de trois travées avec bas-côtés ; les piliers sont typiques  de l’ »école de Pont-Croix » jadis étudiée par René Couffon : huit colonnettes tangentes, chapiteaux ornés, arcades en tiers-point. Sont-ils à leur emplacement originel ou s’agit-il d’un remploi ? Le  mobilier   est  aussi  hétéroclite  que  l’édifice.  De l’abondante statuaire allant du XVIe s. au XIXe saint-sulpicien, on retiendra un saint Yves en pierre (classé Monument historique), un Christ en croix, les statues en bois polychrome de saint Ergat, de la Vierge à l’Enfant, de saint Pierre, de saint Sébastien, de saint Mathurin, de sainte Catherine d’Alexandrie, de saint Herbot, etc. Une restauration artisanale récente a maladroitement « ripoliné » la plupart de ces statues. De la chaire à prêcher du XVIIIe s., il ne reste que quatre panneaux sculptés réutilisés dans l’autel face au peuple. Deux vasques polygonales, en granit sculpté, servent de bénitiers (XVIIe siècle ?). Les vitraux sont tous du XIXe s. et proviennent des ateliers d’Antoine   Lusson   (Paris,   1863)    et d’E. Lepêtre (Rouen, 1894). Les deux cloches, non encore remontées  et déposées dans le fond de l’église, portent les dates de 1811 et 1961 (refonte d’une cloche de 1786). Un trésor d’orfèvrerie, comportant cinq pièces des XVIIe et XVIIIe siècles, n’est pas visible.

En 2000, la Sauvegarde de l’Art français a versé une aide de 10 671 € pour le démontage et le remontage du clocher.

T.D.

 

Le projet en images