• Supprimer
  • Supprimer
  • Supprimer

L’église Saint Jean-Baptiste est située au centre du village, dominant un vallon où coule le Doubs, à la limite de la Bourgogne et de la Franche-Comté.

Après avoir appartenu à la famille de Vienne1, la baronnie est aliénée au duc de Bourgogne à partir de 1291, puis aux Courcelles, sires d’Auvillars, vers 1450 2 et enfin acquise en 1692 par les Jésuites de Dijon, du chef de Pierrette Sonnet d’Auxon, veuve de Jean Daniel de Courcelles. Ce n’est qu’à partir de cette période que l’on obtient quelques informations plus précises concernant l’église3, dont la présence n’est attestée que le 1er avril 1540 lors de la fondation d’une chapelle par les enfants de Jean de Courcelles et le 10 janvier 1647 avec la passation d’un marché par les habitants pour la réparation de l’église et du clocher3.

En 1771, Pierre-Joseph Antoine, architecte de la province de Bourgogne, est chargé de rédiger un devis comprenant la réfection du pavé de la nef et du « chapiteau », ou porche précédant la nef, des charpentes, de la couverture, du « remaillement » ou blanchissage des murs5. Le devis est approuvé et adjugé en 1772 ; les travaux, entrepris par la subdélégation de Seurre de l’intendance de Bourgogne et de Bresse, sont terminés en 1774, mais leur reconnaissance traîne en longueur, car « le dossier a été égaré par étourderie du greffier ».

Après la Révolution au cours de laquelle les biens de l’église sont vendus, on note en 1808, que la cloche provenant du monastère (sic, ou ancien château des Jésuites), est « montée au clocher ». Divers travaux seront entrepris au cours du XIXe siècle.6. Ainsi en 1835, sous la direction de l’architecte Zolla fils, de Chalon-sur-Saône, la lanterne du clocher et les toitures sont-elles recouvertes de tuiles neuves, le « mortier » (enduit ?) est refait, le pan de bois de l’auvent est remplacé par des murs percés d’arcades.

En 1865, le projet de réparations par Girard, architecte à Verdun, est soumis au Conseil des Bâtiments civils, qui l’approuve, car il n’apporte pas de « modifications aux dispositions de l’église ». La couverture est renouvelée en tuiles plates, avec un lambrissage en sous-face, les murs reçoivent un enduit à la chaux hydraulique, un badigeon à la colle est appliqué sur les murs de l’abside et le plafond de la nef.

L’église orientée, de plan oblong, est formée de deux parties principales : le chœur et la nef, correspondant à deux périodes de construction bien différentes : XIIIe et XVIIIe s.

Le chœur est composé de deux travées séparées par des arcades en berceau brisé. Chaque travée est couverte de voûtes sur croisées d’ogives, à moulures polygonales, retombant sur des colonnettes engagées, à bases polygonales ; un simple tailloir tient lieu de chapiteau.

La nef est simplement couverte d’un plafond à poutres formant caissons, décorés de moulures et de rosaces en plâtre.

La première travée de chœur est éclairée par d’étroites ouvertures surmontées d’arcs en plein cintre, caractéristiques des débuts du gothique. Les baies de la seconde travée de chœur et de la nef, agrandies au XVIIIe  s., sont également surmontées d’arcs cintrés. La baie du chevet plat, au profil plein cintre, du XIIIe s., a été murée probablement lors des travaux effectués au XVIIIe siècle ; ses remplages sont encore visibles à l’extérieur.  La porte latérale sud, avec un linteau droit supporté par des coussinets date de la même époque. La porte principale, sans ornementation particulière, est abritée par un porche ouvert par trois baies libres.

Des contreforts épaulent les murs construits en briques et pierres. L’église est couverte par une toiture à deux versants, dominée par une tour de clocher au-dessus de la première travée de chœur. Le clocher, dont le beffroi est ouvert par des baies cintrées, géminées, séparées par des colonnettes à chapiteau, est surmonté d’un lanternon fermé, couronné par un toit à l’impériale7.

L’église abrite une statuaire de qualité, dont un saint Jean-Baptiste8, patron de la paroisse, en pierre, avec des traces de polychromie et de dorure sur l’agneau, datant du XVe s., posé sur un socle aux armes des Courcelles9, un crucifix, placé au-dessus de la porte principale ouest, datant vraisemblablement du XIVe s., une Pietà, en bois, traitée en haut-relief, du XVe s. (?), une Vierge à l’Enfant, en bois également, du XVIIIe s., et deux statuettes en bois polychrome de la même époque : un bâton de procession de saint Vincent, d’art populaire et un saint Roch posé sur un socle reliquaire.

Sur l’appui de la baie est, on remarque un groupe en pierre, usé par les intempéries, représentant un couple de donateurs, dont les costumes dénotent le XVe siècle.

Quelques tableaux sont dus à un enfant du village, Camille Bouchet (1799-1890)10 : Vierge à l’Enfant (1848), saint Jean l’Évangéliste (1862) et saint Sébastien.

Du modeste mobilier, on ne retiendra que l’autel en tombeau avec son tabernacle de style rocaille, dont la polychromie a malheureusement été décapée, et une clôture de chœur en fer forgé du XVIIIe siècle.

Pour participer à la restauration de la couverture de l’église, la Sauvegarde de l’Art français a accordé 10 000 € en 2009.

Bernard Sonnet

 

 

 

 

 

Bibliographie :

 

  1. Abbé Cl. Courtépée, Description historique et topographique du duché de Bourgogne, Description historique et topographique du duché de Bourgogne, Dijon, 1774-1785.
  2. Cette famille donnera une abbesse, Jeanne de Courcelle-Pourlans, réformatrice de l’abbaye cistercienne Notre-Dame de Tart, qu’elle fit transférer à Dijon en 1623.
  3. Arch. Mun., Pourlans, Tapuscrit de G. Jacquelin, mars 1991.
  4. Arch. Dép. Saône-et-Loire, H 326 /5. Selon une convention passée au début du XVIIIe siècle entre les Jésuites et le curé « les réparations au chœur et clocher de l’église ne cesseront pas destre à la charge des décimateurs pour ¼ le reste aux seigneurs (Jésuites) ». Lesquels se refusèrent à plusieurs reprises à participer aux travaux nécessaires.
  5. Arch. Dép. Saône-et-Loire, C 150. Averti des travaux, le curé observe toutefois que l’article concernant le chapiteau est inutile parce qu’il croit « que pour la décence du service divin, il faudroit supprimer cette partie, que l’église est déjà plus vaste qu’il ne le faut et que c’est dans cet endroit que se retirent ceux qui craignent d’être vus ou que les instructions ennuient ».
  6. Arch. Dép. Saône-et-Loire, O 1538.
  7. Bien que les photographies ou cartes postales anciennes ne l’indiquent pas et que la visite intérieure du clocher n’ait pas permis de le constater, le lanternon aurait pu être ouvert afin de servir de poste de guet sur la campagne environnante, le village étant établi, faut-il le rappeler, entre le duché et la comté jusqu’à la conquête de cette dernière par Louis XIV en 1674.
    1. Statue inscrite monument historique le 24 avril 1980.
    2. Jouglas de Morenas, Grand armorial de France, t. III, 2004. Les armoiries, écartelées au 1 et 4 portent : « d’azur à la fasce d’or accompagnée de 3 étoiles du même, rangées en chef, qui sont Courcelles ; au 2 et 3 de gueules à deux épées d’argent garnies d’or passées en sautoir, timbrée d’un aigle d’or qui est Vienne ».
    3. Laveyssière, Dictionnaire des artistes et ouvriers d’art de Bourgogne, t.1, 1980. Camille Bouchet (Dijon 1799-Pourlans 1883), avocat, élève de l’Ecole des beaux-arts de Dijon, dirigée par Anatole Devoge. Ami de Lamartine et de Rude, avec lequel il voyage en Italie en 1841, Bouchet expose de façon irrégulière au Salon de 1833 à 1849 et concourt pour le prix de Rome avec Puvis de Chavannes.
    4. de Villepin, Camille Bouchet (1799-1890), peintre académique bourguignon, tapuscrit, s.d.

 

 

Photographies

 

  1. Vue d’ensemble sud-ouest (Cl. B. Sonnet)
  2. Vue intérieure (Cl. B. Sonnet)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le projet en images