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D’origine priorale, l’église de Prissac, placée sous le vocable de saint Martin, était un prieuré dépendant de l’abbaye de Saint-Savin.

De fondation romane, l’édifice conserve de cette époque un clocher-porche imposant qui ouvre sur une nef reprise plus tardivement, de trois travées, dotée au sud d’un collatéral, l’église se terminant par un chœur à chevet plat. Seule se détache de ce vaste volume rectangulaire une chapelle seigneuriale qui ouvre au nord sur la troisième travée de la nef. La jouxtant, une sacristie a été ajoutée par la suite ; elle dispose d’un accès vers le chœur. Cet ensemble, par son élévation et son homogénéité, peut être datée d’une campagne de travaux ambitieuse du XVe siècle.

Le clocher-porche, de la fin du XIIe s., dresse son élévation massive dont l’effet est accentué par l’absence d’ouvertures, à l’exception des baies géminées du beffroi, et par le rythme des puissants contreforts qui épaulent ses trois faces ; ceux de la façade occidentale encadrent un portail au profil brisé à voussures et colonnettes dont les chapiteaux sont décorés de motifs de masques ou de gros boutons limousins. Sous la travée de clocher, un deuxième portail, en plein cintre, donne accès à la nef, voûtée sur croisées d’ogives dont les nervures viennent mourir du côté des grandes arcades dans des colonnes sans chapiteau et du côté des murs gouttereaux dans des colonnes engagées. Un élégant décor polychromique rend particulièrement esthétique cette file de voûtes : tandis que les nervures sont soulignées de bandes alternées de couleurs, les voûtains ont reçu un décor de faux appareil ou de motifs végétaux proposant un florilège très varié de feuillages légers et de rinceaux, des bandes géométriques aux dessins renouvelés simulant la séparation des voûtains. Les tonalités ocre, rouge et indigo contribuent au rendu gracieux de ce décor soigné dont une étude stratigraphique permettra de préciser la datation et de confirmer l’hypothèse selon laquelle sa réalisation au XIXe s. a peut-être repris des éléments antérieurs du XVIe siècle.

Quant à la chapelle seigneuriale des Fontmorand, seigneurs de la Trémoille, qui ouvre sur la nef par une grande arcade de plein cintre, elle est, elle aussi, voûtée sur croisée d’ogives ; une peinture murale sur chacun des voûtains a été mise au jour en 2006 : le Christ jugeant entouré des quatre évangélistes. Les murs, pour leur part, sont pourvus d’une litre funéraire dont un examen minutieux a permis d’observer deux générations de blasons armoriés. Enfin, d’autres peintures murales complètent ce décor déjà fort riche, datées du XVe siècle : leur programme iconographique s’articule autour du Dit des Trois morts et des Trois vifs, de sainte Catherine et de la Messe de saint Grégoire.

Pour la restauration du clocher comprenant la reprise de maçonneries, la restauration de la toiture − charpente et couverture − et celle des enduits, la Sauvegarde de l’Art français a octroyé une aide de 15 000 € en 2008.

 

 

Élisabeth Caude

Le projet en images