• Supprimer
  • Supprimer
  • Supprimer

 

Située dans un paysage demeuré intact, donnant sur la vallée de la Ligne, l’église Saint-Grégoire surplombe le village. Elle a été établie au XIe s. comme prieuré de l’abbaye de Saint-Chaffre du Monastier, abbaye bénédictine de la Haute-Loire, sur des domaines qui lui avaient été confiés. « En 1016, Berthe, veuve de Géraud donne 9 menses au domaine situé dans la villa de Prunet : Prunetum ». En 1179, l’église de Prunet est mentionnée pour la première fois, dans un « breffe » du pape Alexandre III, confirmant les possessions vivaroises de l’abbaye de Saint-Chaffre. C’est précisément à cette époque que fut construite la nef romane, voûtée en berceau légèrement brisé et terminée, à l’est, par une abside semi-circulaire[1]. Au milieu du XVe s., le prieuré de Prunet fut réuni à celui de Saint-Pierre du Puy, également possession de Saint-Chaffre, par le prieur Bernard de Dienne, appartenant à l’une des plus anciennes familles, et des plus illustres, d’Auvergne. En 1095, Léon de Dienne, chevalier et croisé, avait participé au siège de Tripoli avec les comtes d’Auvergne et de Toulouse. C’est à Bernard de Dienne qu’il convient d’attribuer les transformations et agrandissements de l’église primitive avec deux chapelles latérales voûtées d’ogives. Aux clefs de voûte se lisent les armoiries des Dienne « d’azur au chevron d’argent accompagné de trois croissants d’or ».

Au XVIIe s., un collatéral fut construit au sud et, au XIXe, les deux chapelles formèrent un collatéral parallèle au nord. Au XVe s., l’abside romane fut percée d’une ouverture cintrée, largement ébrasée à l’extérieur dont l’archivolte retombe sur deux figures sculptées : d’un côté saint Pierre et de l’autre saint Grégoire tenant les armoiries des Dienne et des Estaing. Une tour-clocher carrée se trouve à l’ouest du collatéral sud.

L’église est décrite en 1714 par le curé de Largentière, Messire Jean-Joseph Chabert, mandaté par l’évêque de Viviers. Le curé de Prunet était depuis 1707 Joseph Nicot, et on sait que l’église était alors couverte en lauzes. À l’intérieur se trouvait une tribune en châtaignier pour les Pénitents. Le chœur était séparé de la nef par un « méchant » balustre de noyer. L’autel en pierre était surmonté d’une peinture représentant saint Grégoire le Grand et saint Joseph portant l’Enfant Jésus. Le tabernacle en bois doré était décoré de trois statuettes : Notre Dame, saint Grégoire et saint Benoît. Une sacristie, derrière l’autel, était éclairée par une fenêtre vitrée. Les fonts baptismaux, en pierre, au fond de l’église, faisaient corps avec le mur. Les chapelles du côté nord étaient alors en très mauvais état : « il y pleut comme dans ma rue », souligne le curé de Largentière ; il en était de même pour la maison presbytérale, que le curé n’habitait pas, bien que « les paroissiens voudraient qu’il y habite ».

La toiture en lauzes a été refaite au cours du premier semestre 2012 avec des lauzes anciennes de plus de cent ans d’âge, remplaçant avantageusement une couverture en tuiles romaines posée en 1977 et qui avait causé de nombreux désordres.

Le projet a bénéficié du Prix Rhônalpin du Patrimoine en 2009.

Le petit village de Prunet n’a pu réaliser la restauration exceptionnelle de ce toit en lauzes anciennes que grâce aux démarches actives du maire. Outre la qualité de la restauration, l’accueil des visiteurs, de plus en plus nombreux, est remarquablement organisé.

La Sauvegarde de l’Art français a participé à cette réalisation en accordant une aide de 7 000 € en 2011.

 

 

Gabrielle de Talhouët

 

 

[1] Robert Saint-Jean.

 

Le projet en images