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Proche de la rive de l’Hérault, non loin de Paulhan, Puilacher se présente sur une petite éminence dont il a gardé le nom : lo puèg lachièr, littéralement la colline couleur de lait. Jolie métaphore, attestée anciennement (podio lactario) pour une éminence déboisée, claire dans le paysage, comme tant d’autres Montblanc ou Montauban. Ce puèg, cette colline, devait être un site favorable, puisque avec la féodalisation apparaît une famille qui en porte le nom, signe qu’un castrum confié à sa garde y était installé et qu’une population avait commencé de s’y fixer. Les premières mentions de cette famille datent du XIIe siècle. Aujourd’hui encore, le château est au centre du village, et l’église, accolée au château, semble avoir été la chapelle castrale devenue paroissiale. Celle-ci, dédiée à la Sainte-Trinité, relevait de l’archiprêtré du Pouget et du diocèse de Béziers jusqu’à la Révolution.

Le château de Puilacher a été reconstruit aux XVIe et XVIIe s., mais l’église n’a subi que des remaniements. Toutefois,  tout semble démontrer qu’elle a dû être fortement endommagée durant les guerres de Religion et restaurée avec des expédients. C’était une église romane à nef unique, voûtée en berceau sur doubleaux, de quatre travées, scandée à l’extérieur par des contreforts sans ressauts et des baies à double ébrasement. Des voûtes anciennes, il ne reste plus que l’amorce derrière les voûtes d’arêtes modernes. L’édifice semble toujours avoir été à chevet plat, mais son orientation a été modifiée au XIXe siècle.  On entre aujourd’hui par une porte néo-gothique percée dans le mur est, et la première travée de l’église est en fait l’ancien chœur, fait de deux travées romanes primitives réunies sous une même voûte sur croisée d’ogives réalisée au XVIIe siècle. La première baie côté sud est la seule baie romane intacte, d’un bel appareil. Les deux autres travées ont des voûtes d’arêtes enduites qui pourraient bien être des voûtes minces en briques du XIXe siècle. Toute l’ornementation intérieure, un peu disparate, date du XIXe siècle.

À gauche de la façade subsiste l’arrachement d’une construction, qui pourrait avoir été un clocher-tour (on voit la trace d’une voûte d’ogives) ; le clocher actuel, élevé sur la nef, est percé au dernier niveau de deux arcades ;  on y accède par un escalier en hors-œuvre ménagé sur un mur de la construction disparue.

Deux chapelles étroites et peu profondes ont été construites au XIXe s. entre deux contreforts. Celle du sud abrite un autel à Notre-Dame de Lourdes en terre cuite polychrome dans le genre des productions toulousaines de Virebent. Dans la première travée, deux beaux tableaux d’Auguste Barthélemy Glaize (1803-1893), peintre montpelliérain qui n’a pas été avare de compositions religieuses pour les églises du Bas-Languedoc, représentent l’un saint Pierre guérissant un enfant aveugle, et l’autre la prédication de saint Jean-Baptiste.

Les travaux de restauration exécutés pendant l’hiver 2002-2003 ont concerné les toitures, les maçonneries de la façade est et le clocher, tandis que les façades latérales sont toujours affligées d’un rejointoiement au ciment, datant sans doute de l’entre-deux-guerres, que de prochaines campagnes de travaux doivent faire disparaître.

La Sauvegarde de l’Art français a apporté 15 245 euros en 2002.

O. P.

 

Bibliographie :

Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France. Commission régionale Languedoc-Roussillon. Gignac : un canton de la moyenne vallée de l’Hérault. Texte : H. Palouzié-Gouedar, Montpellier, 1992 (Images du patrimoine, 104), p. 70-71.

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