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Église Saint-Thomas Becket. Bien située au cœur du bourg, cette petite paroissiale porte le vocable de l’évêque martyr de Cantorbéry (+ 1170) qui fut canonisé dès 1173. On le retrouve dans quelques églises du Limousin et de la Marche (notamment à La Borne et à Royères). Il rappelle l’époque des rapports tourmentés entre le royaume Plantagenêt, dont dépendait le Limousin, et le royaume capétien. La fête patronale se célèbre le dimanche voisin du 29 décembre.

L’édifice, malgré des remaniements, ne manque pas d’intérêt (longueur 22 m, largeur 9,50 m). Il est bâti en granit, en moyen appareil assez soigné : c’est un petit volume rectangulaire, formé par une nef unique de trois travées, la dernière terminée par un mur droit tenant lieu de chœur, comme d’habitude. Les deux premières travées ont reçu des voûtes d’ogives dont les nervures retombent par l’intermédiaire de chapiteaux polygonaux sur de minces fûts, d’un mètre environ, que supporte un petit culot. C’est une disposition assez fréquente dans les églises de la Marche.

Entre la seconde et la troisième travée, on remarque un reste de colonne engagée sur dosseret qui recevait du côté nord l’arc triomphal marquant l’entrée du chœur. La voûte de ce dernier est une réfection maladroite.

La façade domine un terre-plein au bout duquel se dresse un calvaire. Son seul décor consiste en un joli portail de type limousin, en cintre brisé, sans tympan. Ses voussures à ressauts sont garnies de boudins reçus  par des chapiteaux formant frise ; les jambages sont ornés de masques ; les colonnettes des ébrasements ont disparu.

Dans le mur sud, dans les deux premières travées, une baie très étroite et longue, mais fortement ébrasée à l’intérieur, monte jusqu’au niveau du sommet des contreforts. Dans la troisième travée, elle a été remplacée tardivement par une large fenêtre au tracé brisé plus aigu ; une autre, percée dans l’axe du chevet, a été obturée.

Dans le mur nord, une petite porte sans décor ouvre dans la seconde travée et un modeste bâtiment de sacristie a été accolé à l’époque moderne à la travée du chœur.

Les remaniements apparaissent clairement. Les murs gouttereaux  ont été surélevés très au-dessus des contreforts à hauts talus. Celui qui se trouve à l’extrémité de la seconde travée a dû, en outre, être renforcé. Du coup, un haut mur nu surplombe le portail occidental. Le grand pignon aveugle a sans doute remplacé le petit clocher-arcade habituel. Il est couronné par une petite croix antéfixe inscrite dans un cercle.

Diverses autres reprises ont aussi laissé des traces çà et là. Au chevet, des trous de hourds et une ouverture rectangulaire indiquent que l’église a été fortifiée, sans doute lors de la guerre de Cent Ans. Un petit clocher en charpente, analogue à ceux qui ont été installés dans beaucoup d’églises du Limousin au XVIIe s., a été monté sur la travée médiane.

La construction originelle présente les caractères des petites églises limousines du XIIIe siècle. Elle a été transformée dans une seconde phase, probablement au XIVe siècle.

Il était temps d’intervenir. Les contreforts, fissurés par le ruissellement des eaux de pluie, se décollaient, si bien que les murs gouttereaux commençaient à se déverser, entraînant des lézardes dans les voûtes. Des gouttières vont y remédier. La couverture sur charpente, refaite en tuiles gélives il y a vingt ans environ, a été remise en état et tous les murs rejointoyés.

Pour ces travaux indispensables, la Sauvegarde de l’Art français a versé en 2003 une subvention de 3100 €.

J.Th.

 

Bibliographie :

C. Pérathon, « Le Puy-Malsignat, histoire et légendes », Mémoires de la Société des sciences naturelles et archéologiques de la Creuse, t. V, 1882-1885, 3e bull., 1885, p. 195-225.

L. Lacrocq, Les églises de France. Creuse, Paris, 1934, p. 122.

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