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Église Saint-Pierre. La paroisse de Rancé est située à la limite méridionale de la Dombes des étangs, à une trentaine de kilomètres de Lyon. Son église, placée originellement sous le vocable de Notre-Dame et de saint Just, est citée en 1183 dans une bulle du pape Lucius III, qui en confirme la possession à la puissante abbaye de l’Ile-Barbe, puis dans diverses chartes de la maison de Thoire-Villars, qui confortent l’assise domaniale de l’abbaye dans la région.
L’église est une construction composite, résultat de campagnes successives de travaux et des aléas des temps. De l’époque romane – fin du XIe-XIIe s. – date la nef unique, non voûtée, initialement prolongée par une abside semi-circulaire. Le remplacement de celle-ci par un chevet plat, éclairé par une baie axiale, et l’édification d’une tour carrée sur la travée de chœur dateraient, d’après l’étude archéologique, du XIIIe siècle. Les textes sont ensuite silencieux sur l’histoire de l’édifice, jusqu’au XVIIIe siècle. Désormais église Saint-Pierre, elle est mise au goût du jour : l’archevêque de Lyon offre un lambris, les baies de la nef et du chœur sont agrandies et la « galonnière », cet auvent qui abritait, à l’entrée de l’église, réunions et cérémonies, est démolie pour cause de troubles à l’exercice du culte.
La Révolution donne un coup d’arrêt à d’autres projets d’embellissement, le clocher est même démoli, comme la plupart des autres clochers de l’Ain, sur l’ordre du représentant du peuple, Albitte. C’est pour le remplacer qu’on édifie entre 1888 et 1891 le clocher-porche actuel : assez massif, il est plaqué en avant de la façade romane, venant occulter le portail roman.
Ce portail, dégagé par la récente restauration, est l’élément le plus remarquable de l’église : un arc, de petits losanges appareillés, repose sur des piédroits coiffés d’impostes ; celle de gauche est ornée d’une torsade, celle de droite d’un motif de palmettes. Au-dessous des impostes ont été placés deux bas-reliefs représentant des animaux, peut-être des lions gardiens du seuil. Ils sont représentés en mouvement, les pattes dressées pour bondir et la queue relevée. Le traitement assez rond et le faible relief évoquent les frises en méplat des abbayes lyonnaises, particulièrement les vestiges de l’Ile-Barbe : ils confirment la datation de la partie romane, sans doute contemporaine de l’édification de la grande abbaye.
Les maçonneries méritent l’attention : les galets roulés, auxquels se mêlent, ici et là, la brique et, aux chaînages d’angles et aux encadrements, la pierre de taille, constituent un appareil typique de la Dombes, dont l’agencement est désormais fort bien mis en valeur.
La campagne de travaux a permis une mise en cohérence de l’édifice, tant intérieure qu’extérieure, principalement par la reprise des maçonneries, la mise en place d’un plafond charpenté et la couverture en tuiles canal. Pour participer à ces travaux, la Sauvegarde de l’Art français a accordé 3 000 € en 2010.

Florence Beaume

Le projet en images