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Église Saint-Saturnin. La paroisse de Rocles appartenait à l’ancien diocèse de Bourges, avant d’être comprise dans celui de Moulins au moment de sa création en 1822. C’est peu après cette époque que le vocable de l’église changea : de Notre-Dame, la dédicace passa à saint Saturnin.
Bien qu’atypique, l’édifice est attachant ; il se situe dans un environnement valorisant, formé d’habitations anciennes soignées, s’élevant au milieu d’un cadre bocager.
D’une ancienne construction romane subsistent aujourd’hui l’abside principale et une absidiole au nord, toutes deux voûtées en plein cintre et précédées d’une travée droite. Le reste du monument, c’est-à-dire la nef principale de trois travées et le bas-côté sud terminé par un chevet plat voûtés d’ogives, ainsi que le mur de façade appartiennent à l’époque gothique. Cependant les chercheurs ne sont pas unanimes quant à la datation de ces éléments : Marcel Génermont attribue le mur de la façade ouest de la nef à l’époque romane et le reste de l’édifice au XVe siècle. Anne Courtillé, plus prudente, propose le début de l’époque gothique pour le portail polylobé et peut-être pour l’ensemble de la reconstruction postérieure aux parties romanes.
Au-dessus de la travée droite du chœur, s’élève le clocher à base carrée, d’époque romane, éclairé de deux baies en plein cintre séparées par une colonnette sur chaque face. Un glacis sépare la base du clocher de la flèche gothique de pierre octogonale, disposition rappelant les clochers voisins de Lafeline, Le Theil et Saulcet. Cet ensemble de clochers de qualité et bien conservés sont traditionnellement attribués au XIVe siècle.
Cependant, le point fort du monument est le portail ouest ; celui-ci s’inscrit dans une série de plusieurs portails polylobés : Saint-Bonnet-de-Four non loin de Rocles, Marigny près de Souvigny, Saint-Hilaire-la-Croix et Saint-Myon dans le Puy-de-Dôme. Ce portail s’élève au centre d’un avant-corps en léger relief bordé latéralement par de fines colonnettes engagées, surmontées de chapiteaux à feuillages. L’archivolte est composée d’une série de damiers, puis de billettes, et les voussures s’ornent de palmettes, oves, billettes et cavets. Le tympan polylobé est formé de cinq petits arcs en plein cintre disposés en segment d’arc de cercle. Les colonnes recevant ces moulures variées comportent des chapiteaux surmontés de tailloirs au relief vigoureux.
Anne Courtillé écrit au sujet des portails en plein cintre polylobés qu’ils « offrent un heureux mélange de roman et de gothique avec des dosages qui sont plutôt en faveur du premier, même si l’évolution vers d’autres formes paraît bien engagée ».
L’autre élément notable de l’église de Rocles est une Vierge à l’Enfant classée depuis le 14 novembre 1907, qui présente elle aussi des caractères appartenant au style roman : position assise et frontale de la mère et de l’Enfant. Certains caractères relèvent plutôt du style gothique : souplesse des drapés, liberté des gestes, regard et sourire de Marie… Cette œuvre assez bien conservée, malgré la disparition de l’avant-bras droit de la Vierge, est très significative du culte marial très développé depuis l’époque romane dans la région.
Les travaux ont porté sur la réfection du clocher, des contreforts de la façade sud de la nef et du chœur ; des reprises de la charpente et de la couverture ont été effectuées. La Sauvegarde de l’Art français a apporté un don de 7 000 € en 2005.

Annie Regond

Bibliographie :
P. Pradel, M. Génermont, Les églises de France. Allier, Paris, 1938, p. 195-197.
A. Courtillé, Auvergne et Bourbonnais gothiques, I, Les débuts, Nonette, Créer, 1990, p. 277.
R. Patin, « Les chapiteaux à rinceaux du Bourbonnais. Le chapiteau à l’époque romane », Revue d’Auvergne, 2002, Actes du colloques d’Issoire, 1998, p. 74-101.

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