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Située à l’est de Valenciennes, à proximité de la frontière belge, la commune de Marchipont, église incluse, a été rattachée en 1806 à celle de Rombies. Ancienne possession du chapitre cathédral de Cambrai, l’église est celle d’un village encore agricole, relevé après les guerres de Louis XIV et resté au XIXe s. à l’écart du développement industriel de la région. C’est un édifice modeste, mais attachant dans sa simplicité, qui a conservé son environnement traditionnel, celui d’un petit cimetière clos par un muret.

Elle comprend une large nef suivie d’un chœur de deux travées, plus étroit et moins élevé. Les murs sont en briques, mais ils s’appuient visiblement sur des vestiges de maçonneries faites de moellons de grès brun rougeâtre, hérités d’édifices antérieurs. On trouve même sur le flanc nord du chœur un réemploi de pierre claire, appareillée en trois assises. Les encadrements des baies sont faits en pierre calcaire, contrairement au bandeau qui forme corniche sous la retombée du toit, dont un enduit au ciment dissimule les briques.

À l’ouest, derrière le grand pignon de briques, doté de rampants appareillés en tas de charge, l’actuel clocher de charpente a dû remplacer un petit clocher-mur à la fin du XVIIIe s. ou lors des réparations qui suivirent la période révolutionnaire. La porte principale s’ouvre dans l’axe de l’église, sous le millésime de 1718, dont les très grands chiffres sont dessinés par des briques en saillie, revêtues de ciment. Une porte secondaire s’ouvre sur le flanc nord de la nef, sous une pierre scellée portant la date de 1622.

Cette région voisine de Valenciennes a été au XVIIe s. constamment ravagée par les combats et le passage des troupes, tant impériales que françaises. Les premières ont été particulièrement violentes autour de 1620, les secondes en 1654. Les derniers ravages – et non les moindres – eurent lieu en 1709, lors de la campagne de Malplaquet.

Antérieure à ces dévastations puisque peinte vers 1600, la gouache des albums de Charles de Croÿ, consacrée au village, montre que l’aspect de l’église n’a pratiquement pas changé : on y retrouve la large nef, le chœur plus modeste et l’amorce d’un clocher-mur en haut du pignon ouest. Les maçonneries semblent être en briques, les couvertures en tuiles.

On peut ainsi penser que les restaurations – et reconstructions – intervenues au cours du XVIIe s. ont respecté la configuration d’ensemble de l’édifice. La première dut intervenir en 1622, la dernière en 1718, comme le rappelle l’inscription gravée sur la grande pierre bleue scellée sur le mur extérieur nord :

A la plus grande gloire de Dieu, l’église de Marchipont, rebattie au mois de juin 1718 par Antoine Bodou et Pierre Denys du village d’Angres, entrepreneurs, seigneur noble home Jacques Hany, ecuier, curé M. Jean-François de la Vallée, gens de loy Etienne Dusart, mayeur, Gilles Duée, lieutenant, Jean Alglave, Druon Lefèvre, Jean Cordier, le S. Antoine Petit, natif d’Hénin-Liéthard, receveur en titre du curé.

Le devis des travaux a été conservé, mais il n’est pas daté. Moyennant 638 florins et 8 patards, il prévoit de « démolir le chœur de fond en comble, pour le reconstruire de nouveau ».

À l’intérieur, couvert de voûtes de plâtre sur lattis, le mobilier en chêne peint, rehaussé de motifs dorés, forme un bel ensemble du XVIIIe siècle. Le coffre d’autel et le tabernacle, ornés d’un calice surmonté d’une hostie rayonnante, étaient encadrés d’angelots ; ils ont malheureusement été volés dans les années 1980. Au centre du retable, la Crucifixion peinte porte la date de 1843, mais les deux autres peintures, représentant saint Joseph et saint Jacques de Compostelle, remontent vraisemblablement au don fait en 1775 par Nicolas-Joseph de Behault et Ursule Hanoye qui possédaient la gentilhommière voisine. Des stalles complètent ce mobilier, de même que deux autels secondaires, placés à l’entrée du sanctuaire et dédiés à la Vierge et à saint Martin.

 

 

Au-dessus de la grande arcade ouvrant sur le chœur, à l’extrémité de la nef, a été placé un grand Christ en croix encadré de la Vierge et de saint Jean, à la manière des poutres de gloire traditionnelles. Il remonte probablement au XVe siècle. L’église abrite également une intéressante statue de saint Jacques, du XVIe siècle.

Les travaux conduits en 2008 ont consisté à reprendre complètement le clocher de charpente, dont les bases sont défaillantes, à réviser les autres charpentes et à restaurer les maçonneries : élimination des enduits au ciment, reprises, remise en état des arases et rejointoiements au mortier de chaux.

La Sauvegarde de l’Art français a contribué à ces travaux par une aide de 20 000 € en 2008.

 

Philippe Seydoux

Le projet en images