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L’église de Saint-Dizier-Leyrenne est consacrée à saint Didier, évêque de Langres, martyrisé par les Vandales, ainsi qu’à la Vierge, saint Gervais et saint Protais. Elle dépendait de cette partie de la Marche qui fut dévolue à Guy de Lusignan, et relevait de l’archiprêtré de Bénévent-l’Abbaye, le cartulaire de cette abbaye mentionnant en 1085 un précédent édifice, aujourd’hui disparu (Ecclesia Sancti Desiderii).

L’église actuelle, rebâtie en style roman à la fin du XIIeet au début du XIIIes., comprenait une large nef, probablement lambrissée dès l’origine, avec portail cintré au nord, sous une archivolte aux extrémités reposant sur deux masques, et un chœur plus étroit terminé par une abside voûtée en cul-de-four. L’entrée de l’hémicycle nu était marquée par deux colonnes sur dosserets à chapiteaux romans conservés soutenant un doubleau disparu. Au XVes., on construisit du côté nord une chapelle de trois travées, voûtées d’ogives à pénétrations qui retombent sur des demi-colonnes et, aux angles, sur des culots à personnages. Deux travées correspondent aux deux tiers orientaux de la nef et la troisième au côté nord du chœur, mordant un peu sur l’hémicycle. Elles sont épaulées au-dehors par d’épais contreforts, obliques aux angles, et ouvrent sur la nef par trois larges arcades reposant sur des piles quadrangulaires. Leurs fenêtres ont été refaites sous le Second Empire. L’abside elle-même, dont la voûte a aujourd’hui disparu, fut surélevée d’une haute salle de défense en moellons qui portait des archères, laidement modifiée par la suite pour recevoir un toit à deux pentes. Sa restauration récente vient d’en effacer les restes. En 1755, un haut clocher carré avec flèche octogonale couverte en bardeaux, vint occuper en hors d’œuvre, la moitié nord du mur occidental désaxant ainsi l’église médiévale ; il domine de son élévation la place ombragée formée depuis 1845 des deux cimetières. Sa base, percée d’une porte, rendit inutile l’accès nord alors muré, hors duquel se conserve une « pierre des morts ».

La partie la plus remarquable est l’abside romane tardive, en granit bien appareillé. Elle conserve au-dedans, comme on l’a dit, ses deux colonnes d’entrée et leurs chapiteaux – celui du nord avec des personnages d’angle qu’un arbre sépare, l’autre couvert de rinceaux – et ses trois fenêtres dont les larges ébrasements internes se joignent presque, diffusant une abondante lumière, disposition qui rappelle les chevets grandmontains de la même époque.

À l’extérieur, quatre contreforts-colonnes engagés encadrent les trois baies en arc légèrement brisé de l’abside, qui reposent sur un cordon mouluré en quart-de-rond faisant bague autour des fûts. Les archivoltes des fenêtres, également en cintre brisé, reposent sur ce cordon. Entre elles, demeure le départ d’une colonnette de moindre diamètre, anciennement tronquée.

Lors de la restauration du Second Empire, la réfection du pavement a heureusement conservé plusieurs dalles funéraires anciennes. Le chœur a reçu, en 1861, des vitraux de l’atelier Thévenot, de Clermont-Ferrand, consacrés aux saints patrons. En 1955, les boiseries XVIIIede l’abside, signalées par Lacrocq, ont disparu, et les ateliers Chigot de Limoges ont installé, l’année suivante, d’intéressants vitraux neufs dans la nef et le collatéral. L’autel est de la même date. On a conservé un tabernacle du XVIIIes. et plusieurs statues polychromes, en pierre ou en bois, des XVIIeet XVIIIesiècles.

 La restauration de 2007 a arasé la partie supérieure en moellons et couronné ce chevet d’une corniche continue en quart-de-rond parfaitement incongrue. Mais elle a rationalisé les toitures, refaites en tuile canal, réfection à laquelle la Sauvegarde de l’Art français a contribué pour une somme de 13 000 €.

 

Pierre Dubourg-Noves

Bibliographie :

  1. Lacrocq, Les églises de France, Creuse, Paris, 1934, p. 134.
  2. Mingaud, Églises de la Creuse, 87260 Saint-Paul, 2006, p. 211.

Dossier Sauvegarde de l’Art français, 2007.

 

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