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L’église Saint-Germain doit son vocable au saint évêque d’Auxerre qui vécut au Ve siècle. D’après Lecler, il s’agissait d’une cure de l’ancien archiprêtré de Rancon dont les titulaires étaient nommés, dès le XVe s., par le chapitre du Dorat. Le village est dominé par l’exceptionnel château du XVIe s., remanié au siècle suivant, résidence des seigneurs du lieu.
On ne connaît rien des campagnes de construction de l’église, ni même des remaniements successifs. Tout au plus peut-on mentionner d’importants travaux en 1787 qui concernèrent la toiture, la charpente de la chapelle sud et le pavement, ainsi que l’intervention d’un architecte nommé Fabre en 1832.
En plan, l’édifice comporte une très courte nef prolongée par un chœur à chevet plat, un bas-côté nord, une chapelle nord et une chapelle méridionale, quelquefois décrite comme le bras sud d’un transept. À la fin du XVe s., la famille Foucauld de Saint-Germain-Beaupré, qui possédait le château de la ville depuis le XIe s., fit ériger, au sud, une chapelle seigneuriale, faisant pendant à celle du nord. L’édifice est extrêmement hétérogène, et il est très difficile d’avancer des dates précises de construction. Extérieurement, sa silhouette est tout à fait atypique. La façade ouest est percée d’une porte simple arrondie, surmontée d’un oculus et de deux plus petits, aux encadrements de brique, pour l’aération du comble. La forme de son pignon triangulaire est dissymétrique, la pente du toit, au nord, descendant très bas, alors que le versant sud est beaucoup plus court, ce qui confère à l’ensemble un aspect asymétrique dû à la présence d’un bas-côté au nord sans équivalent au midi. La première « travée » est surmontée par un clocher octogonal en charpente, coiffé d’un étrange éteignoir : il est couvert en ardoise. La charpente de la nef repose non sur une corniche, mais directement sur des solives en bois apparentes. La chapelle nord est éclairée par une baie septentrionale ; à la partie basse du mur oriental est adossée une sacristie ancienne (datant peut-être du XVIe s.) : elle possède une baie à l’est et une fenêtre à lancette au nord. Le chevet plat est percé d’un simple oculus. Contre la façade sud fut accolée, comme nous l’avons vu, à la fin du XVe ou au tout début du XVIe s., une chapelle de mêmes dimensions que la chapelle nord. Contrairement au reste de l’édifice, elle est soutenue par deux contreforts d’angle tandis qu’un troisième a été placé contre le mur est, près de l’angle sud-est ; comme le reste de l’église, elle est construite dans un appareil de moellons avec chaînages d’angle en granit et reçoit la lumière par deux baies au sud et à l’ouest. Le seul élément décoratif de l’ensemble est la porte sculptée, percée dans sa façade occidentale, sans doute réservée à l’accès privé des seigneurs. Elle s’inscrit dans un avant-corps peu accentué. Le tympan est orné de deux arcs en accolade dont les pointes se croisent et s’arrêtent au niveau d’une courte corniche. Les arcs retombent sur des montants profilés en éperon qui encadrent la porte. Ils sont coiffés de deux sculptures posées en angle, représentant des anges sous des dais. Les bases sont hautes et soulignées d’un cordon en fort relief.
L’intérieur de l’édifice, au sol pavé de granit où sont remployées plusieurs plaques funéraires, est tout aussi curieux. L’espace sous le clocher, éclairé par deux baies se faisant face, est occupé par une tribune, aujourd’hui inutilisable en raison de l’abaissement du plafond plat qui a sans doute remplacé au XVIIe s., comme souvent en Limousin, la voûte en berceau encore présente dans le chœur. On y accède, ainsi qu’au campanile, par un escalier en écureuil au sud. L’asymétrie constatée à l’extérieur se retrouve dans l’organisation générale intérieure. Du côté nord, deux arcades en arc légèrement brisé séparent la partie occidentale de l’église, créant un étroit bas-côté : ces arcs reposent sur deux colonnes à chapiteaux d’inspiration dorique avec de larges bases parallélépipédiques. Le pilier occidental reçoit également la voûte en berceau légèrement brisé de l’entrée du chœur. La simplicité de l’ensemble rend très difficile sa datation, qui nous semble néanmoins avoir précédé de peu l’érection de la chapelle au XIVe ou au début du XVe s., et non au XIIe s., comme le pensait Lacrocq. Le sanctuaire, voûté en berceau et éclairé par son oculus oriental et une petite baie au sud en partie condamnée, possède, de chaque côté, deux larges ouvertures en cintre très aplati, presque en anse de panier, qui ouvrent sur les deux chapelles latérales. Ces percements semblent remonter au XVIIe s. et ont sans doute remplacé, au sud, une logette qui permettait au seigneur d’assister à l’office. Du côté nord, au-dessus de la corniche, a été retrouvée, au cours des travaux, une litre funéraire du XVIIe s., aux armes des Foucauld, qui témoigne, peut-être, de l’époque de tous les remaniements importants. La chapelle nord a un volume cubique tout simple, éclairé, au septentrion, par une baie munie d’un vitrail de 1893 représentant le Christ charpentier. Tous les vitraux de cette église ont été offerts par la famille Berthommier dont les saints représentés ont emprunté parfois les traits. Le principal intérêt de l’édifice réside dans la chapelle flamboyante méridionale. Cette dernière est couverte par une voûte d’ogives avec liernes et tiercerons, formant seize voûtains, retombant en faisceau dans les angles ; la clé de voûte centrale, gothique, porte les armes des Foucauld, les quatre clés simples intermédiaires ne portent aucun décor. La baie orientale comporte deux lancettes, tandis que celle du sud est en plein cintre. Sous cette chapelle, étaient inhumés les seigneurs du lieu.
L’édifice possède un très riche mobilier, essentiellement des XVIIe et XVIIIe s., dont un tableau représentant La Remise du rosaire, signé Nilhaud, nom d’une famille d’artistes limougeauds, daté de 1729. Un beau calice de Payen (vers 1655), classé Monument historique en 1913, a malheureusement été volé en 1985.
La Sauvegarde de l’Art français a accordé 7 000 € en 2005 pour la première tranche de travaux consistant en la réfection des maçonneries et des couvertures.

Thierry Zimmer

Bibliographie :
Conseil régional du Limousin, Service régional de l’inventaire général : Dossier Saint-Germain-Beaupré, constitué par Françoise Celer.
A. Lecler, Dictionnaire topographique, archéologique et historique de la Creuse, Limoges, 1902, p. 630-633 (réimpr. Marseille, 1976).
L. Lacrocq, Les églises de France. Creuse, Paris, 1934, p. 141.
P. Malberg, « L’église de Saint-Germain-Beaupré », Bulletin municipal de Saint-Germain-Beaupré, 9 novembre 2004.

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