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Église paroissiale. Située au centre du village, elle doit son vocable à Gonsaldus, l’un de ces ermites de l’époque mérovingienne dont le Limousin a pieusement conservé le souvenir. Originaire d’Auvergne, celui-ci vint s’établir sur le Puy de Jouer (Podium Jovis), un des plus hauts sommets de la région (693 m), aux confins de La Marche et du Limousin. On y a découvert, à moins d’un kilomètre du bourg, d’important vestiges gallo-romains. Sa légende le met en relation avec saint Prix, évêque de Clermont ( ┼ 676). Son culte est attesté dès le XIe s. (fête le 5 novembre, puis le 14, enfin le 16). Mais son pèlerinage a lieu le lundi de Pentecôte, jour de la fête patronale. Il est invoqué pour la protection du bétail : un petit bœuf est toujours figuré au bas de ses statues. Il est honoré dans plusieurs localités de la Creuse (Bourganeuf, Ceyroux, Lourdoueix) et de l’Indre (Murs, Saint-Août).

En 1158, l’abbé de Lesterps, Ithier, donna l’église de Saint-Goussaud à l’évêque de Limoges, qui en conserva le patronage.

L’édifice présente une nef unique de quatre travées dont la dernière, terminée par un mur droit, fait office de chœur (longueur totale 26 m). Les deux premières travées sont couvertes d’un berceau légèrement brisé, séparé par un arc doubleau reçu par des colonnes engagées dont les chapiteaux à crochets ainsi que les bases moulurées de deux tores épais séparés par un tore mince et les griffes dénotent, dans la région, le premier tiers du XIIIe siècle. La troisième travée et le chœur ont été voûtés d’ogives au XVe siècle. Les branches retombent sur les tailloirs des doubleaux et, contre le mur oriental, sur des colonnettes d’angle sans l’intermédiaire de chapiteaux. Le chevet, épaulé par des contreforts obliques, a été remanié au XVIe s. et on y a percé une fenêtre à remplage flamboyant.

Une chapelle a été élevée au nord, au XVe s., contre la troisième travée. Elle est couverte d’une croisée d’ogives de même type que celles de cette dernière ; elles sont reçues par des colonnettes ; cette voûte a été reconstruite en 1811. La chapelle bénéficie d’une grande fenêtre. On a bâti contre elle, à l’angle du chœur, une sacristie mentionnée déjà en 1828. Une autre chapelle, dédiée à saint Gilles, a été édifiée au sud, au niveau de la troisième travée, vers 1674-1680. On l’a encore dotée de voûtes d’ogives sur le modèle de la précédente. Elle s’éclaire par une fenêtre au sud. Une seconde, percée à l’est, a été malencontreusement bouchée. Un lourd clocher carré formant porche a été accolé à la façade. Il est surmonté d’un étage polygonal percé d’une baie sur chaque face et couronné par une flèche garnie d’essentes. Il a été construit dans le troisième quart du XIXe siècle.

À l’extérieur, outre le chevet, épaulé par deux contreforts plantés de biais, l’élément le plus intéressant est l’ancien portail qui s’ouvrait au sud dans la première travée. Il est garni d’une voussure torique et de colonnettes à chapiteaux à crochets, mais il se trouve encaissé à cause de l’exhaussement du sol, de sorte qu’il a été en partie muré et que sa partie supérieure a été transformée en baie.

L’église abrite plusieurs objets protégés : un phylactère en cuivre doré et ciselé en partie du XIIIe s. qui provient de l’abbaye de Grandmont et contenait des reliques de saint Cloud ; une statue de saint Goussaud en bois polychrome (XVIIIe siècle). Conformément à la tradition populaire, le bœuf représenté à ses pieds est criblé d’épingles par les demoiselles en quête d’un mari. À signaler une lanterne des morts qui se trouvait jadis dans le cimetière attenant à l’église et qui a été exilée en 1811 sur un terrain communal voisin.

La Sauvegarde de l’Art français a accordé deux subventions pour les travaux de réfection des maçonneries et toitures, réalisés en deux tranches : 26 679 € en 2001 et 14 000 € en 2002.

J. Th.

 

Bibliographie :

L. Lacrocq, Les églises de France. Creuse, Paris, 1934, p. 142.

H. Hemmer, « Saint-Goussaud », Mémoires de la Société des sciences naturelles et archéologiques de la Creuse, t. 33, 1957, p. 191-195.

« 36e excursion de la Société : [Montaigut-le-Blanc, Saint-Goussaud, …], ibid., t. 35, 1964, p. 395-396.

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