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L’église Saint-Hervé, au centre du bourg du même nom, était auXVIIe s. une trève[1] dépendant de la paroisse de Loudéac, dans ce centre de la Bretagne aujourd’hui en proie à des difficultés de développement, mais qui a connu, sous l’Ancien Régime, une prospère industrie des toiles de lin dites « bretagnes », exportées jusqu’en Amérique latine. Ce sont ces conditions économiques alors favorables qui permirent la construction de l’édifice actuel en 1673, béni en 1678 et élevé au rang d’église paroissiale en 1689.

La nef, le transept et le chœur datent en effet de la fin du XVIIe siècle ; l’ensemble a été complété plus tard à l’ouest par une tour-clocher surmontée d’un dôme et d’une flèche (1703), au sud par un porche (XVIIIe s.) et, au nord, par des fonts baptismaux, un appentis et une sacristie logée dans l’angle formé par le chœur et le bras nord du transept (XIXe siècle).

L’édifice, orienté, a un plan en croix latine : un vaisseau simple, sans bas-côtés, un transept saillant, un chevet plat. La construction est en moellons de schiste rougeâtre appareillés de façon assez régulière, et de taille un peu plus importante aux angles ; seuls les encadrements des portes et des fenêtres, ainsi que la façade du porche sud, sont en granite. À l’intérieur, les murs ne sont recouverts d’aucun enduit. Les fenêtres sont dépourvues de remplage. La charpente à deux pans est recouverte d’un lambris ; il y a eu, à l’origine, des sablières dont on a retrouvé des éléments pourris lors des études préalables à la dernière restauration. La couverture de l’édifice – y compris celle de la partie supérieure du clocher – est en ardoises.

Le mobilier comporte des éléments suffisamment intéressants pour avoir été protégés au titre des Monuments historiques : le retable du maître-autel est classé, les retables latéraux inscrits à l’Inventaire supplémentaire. Ces trois retables du XVIIIe s. couvrent de façon continue les murs du chevet et les murs est du transept ; une belle clôture de chœur à balustres court d’un bout à l’autre du transept. À l’origine, avant la mise en place du retable majeur, sur le mur est du chevet, un décor en trompe l’œil, peint avec des ocres rouges et jaunes, représentait un retable où figurait Dieu le Père, des pots à feu et deux fausses niches latérales ; ce décor, restauré lors de la récente remise en état du grand retable, n’est pas visible.

Plusieurs statues anciennes ont été conservées : de part et d’autre du grand retable, saint Hervé et saint Michel terrassant le dragon enchaîné ; dans des niches à gauche et à droite du retable latéral nord, saint Hubert et saint Lubin en évêque ; leur font pendant dans le retable latéral sud, des statues de Notre-Dame de Délivrance et de saint Joseph. On note d’autre part des statues modernes de sainte Anne et de la Vierge, du Sacré-Cœur, de Notre-Dame de Lourdes, de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, de Jeanne d’Arc ; un saint Jérôme est donné comme provenant de Tahiti.

Deux tableaux (classés MH en 1973) appartenant aux retables latéraux sont actuellement en cours de restauration : la Pentecôte, d’après Charles Le Brun, et l’Adoration des bergers, d’après Nicolas Loir, œuvres attribuées au peintre pontivyen Jean-Baptiste Le Corre, dit Dupont (†1740), ce qui les daterait de la première moitié du XVIIIe siècle. Un Baptême du Christ orne les fonts baptismaux : c’est une œuvre du peintre Julien Victor Blévin (1763-1837), datée de 1788 (ISMH 2009). Le tableau central du grand retable représente des angelots ; sur le mur ouest, un tableau (XIXe siècle ?) illustre en une peinture naïve la légende de saint Hervé surveillant des paysans qui labourent un champ avec une charrue tirée par le loup qui s’était attaqué à l’âne du saint.

À la croisée du transept sont représentés, sur le lambris, les quatre évangélistes (peintures anonymes). La voûte du transept et du chœur est décorée d’entrelacs et de rinceaux. Le lambris du porche sud est aussi orné de médaillons peints (XVIIIe s.), sous-titrés Stimulus pœnitentium, Temperamentum deliciarum, Libidinum remedium, Votum christianorum.

Les vitraux sont tous en verre coloré à décor géométrique, sans doute du début du XXe siècle.

À l’extérieur de l’édifice, du côté sud, sont déposés une cloche, fondue en 1815 par le fondeur Blanche, et un tronc en granit portant l’inscription « TRON[C] DE St HERVE ».

Les travaux de restauration ont porté sur la restauration de la charpente, de la couverture et de la voûte du chœur et du transept. à cet effet, la Sauvegarde de l’Art français a apporté une aide de 15 000 € en 2011.

Tanguy Daniel

 

[1] En Bretagne, une « trève » était, avant la Révolution, une succursale de la paroisse-mère.

Le projet en images