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La partie ancienne du village de Saint-Laurent-de-Cognac est située, pour l’essentiel, sur le flanc nord d’un vallon assez encaissé dans lequel coule un ruisseau dont la source abondante est proche de l’église. Celle-ci, dédiée à saint Laurent, fut donnée en 1072 à l’abbaye d’Ébreuil et rattachée au prieuré de Saint-Léger de Cognac, puis devint, par la suite, un prieuré dépendant de La Chaise-Dieu. Elle est aujourd’hui église paroissiale.

Il est possible que quelques témoins de l’église du XIe s. subsistent en remploi dans les maçonneries de l’édifice actuel (en particulier un fragment d’entrelacs à la base de la partie sud de la façade) ; un linteau en bâtière, monolithe à l’origine mais fracturé, qui a été incorporé au mur nord de la nef, pourrait être, lui aussi, un vestige de cette première église. Le mur nord de la nef et de la travée sous clocher, ainsi qu’une partie du chevet actuel, datent du XIIe siècle. Il est possible qu’à la fin du Moyen Âge presque toute la partie méridionale de l’église se soit effondrée, si l’on en juge par l’arrachement qui coupe le mur du chevet plat ; peut-être la proximité de la source, déjà mentionnée, a-t-elle entraîné un glissement de terrain qui a nécessité la construction d’un mur de soutènement. Sur la terrasse ainsi créée, il a été possible de rebâtir la partie sud du chevet et de construire trois travées voûtées sur croisées d’ogives pourvues de liernes, contrebutées par de gros contreforts implantés de façon irrégulière ; plus qu’un bas-côté méridional, ces trois travées, assez nettement séparées de la nef, forment une chapelle relativement autonome. Ces travaux ont pu s’étaler sur une assez longue période, car si la porte, jadis surmontée d’un auvent, ouverte pour desservir cette nouvelle chapelle, est de style flamboyant, la petite crédence du mur sud de la travée orientale, où a été implanté un autel, ne semble pas antérieure au second quart du XVIe siècle.

Malgré les restaurations effectuées de 1840 à 1848, puis de 1895 à 1898, qui semblent avoir été particulièrement drastiques pour le gros clocher carré, peut-être déjà remanié antérieurement, et pour la partie supérieure de la façade, malgré aussi la reconstruction, en briques (mais dissimulées sous un enduit) ou en lattis, des voûtes de la nef et du chœur, ainsi que la réfection des remplages de toutes les baies (et probablement le percement de nouvelles fenêtres dans le mur nord de la nef et du choeur), l’église Saint-Laurent de Cognac demeure un monument intéressant. Les dispositions du mur nord de la travée sous clocher, dans lequel se dissimule un escalier d’accès et qui est creusé d’une grande niche ayant peut-être fait fonction d’armarium, sont à noter. La partie la plus remarquable est certainement la façade occidentale, à couronnement rectiligne, avec sa porte, jadis flanquée de deux colonnes, qui conserve deux chapiteaux à décor de feuillages très stylisés et deux chapiteaux historiés : à senestre, le motif, très rongé, est peu lisible, même si l’on distingue un quadrupède en position verticale ; à dextre, Adam et Ève encadraient l’Arbre de la science, autour duquel s’enroule le serpent. René Crozet avait naguère souligné l’intérêt du décor des voussures dont la première est ornée de fleurs à six pétales (motif sans doute d’origine gallo-romaine), la deuxième de feuilles lancéolées et la troisième d’étoiles à six branches. La fenêtre du niveau supérieur, en grande partie refaite, est encadrée par deux colonnettes baguées, probablement réalisées au tour.

L’église conserve une statue de son saint patron que l’on date du XVIIe s. mais qui pourrait être antérieure. Le reste du mobilier, assez homogène, date du milieu du XIXe s., à l’exception des grilles en fer forgé qui séparent la chapelle méridionale de la nef et qui ferment le baptistère, car elles pourraient remonter au XVIIIe siècle. Par ailleurs, les murs extérieurs présentent, du côté du midi, d’assez nombreux graffitis.

Il faut enfin noter que l’édifice forme, avec le beau lavoir qu’il surplombe, et la petite place qui le précède un ensemble véritablement pittoresque.

Pour des restaurations extérieures du clocher, du chevet, et des travées orientales de la chapelle sud, la Sauvegarde de l’Art français a accordé 15 000 € en 2008.

Jean-René Gaborit

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