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Tout comme celle de la commune, l’histoire de l’église Saint-Michel se confond pour partie avec celle de la famille de Longueau-Saint-Michel ; celle-ci occupe toujours le château voisin, qui conserve un remarquable pavillon d’entrée à portes charretière et piétonne, bâti en 1591 pour Jean X de Longueau (I.S.M.H. 1989). Son ancêtre, Bertrand de Longueau, entra en possession de la seigneurie en 1489, par suite de son mariage avec Marie de la Taille, dame de la Motte-Boulain. Reçu dans l’ordre de Saint-Michel sous le règne de Louis XI, il aurait placé sa nouvelle possession sous la protection de l’archange, d’où le vocable donné à l’église et le nom porté de nos jours par la commune.

Datable de la fin du XVe ou du début, voire de la première moitié du XVIe s., le chœur à deux travées est la partie la plus ancienne de l’édifice. Coiffée à l’extérieur par un élégant campanile de plan hexagonal, l’abside à cinq pans est éclairée par trois hautes fenêtres en arc brisé, aujourd’hui dépourvues de remplages. L’ensemble est couvert de voûtes d’ogives à profils prismatiques retombant en pénétration dans les supports. Appartenant à des membres de la famille de Longueau, les armoiries qui ornent les clés de voûtes illustrent le rôle éminent que celle-ci a certainement joué dans l’édification de cette partie de l’édifice. Le soin apporté à la construction et la proximité du château laissent à penser qu’il pourrait s’agir, à l’origine, de la chapelle castrale.

Le chœur est flanqué au nord et au sud par deux chapelles latérales de longueur identique ; celles-ci comportent également deux travées voûtées d’ogives semblables à celles du chœur. Si l’on ignore tout de la construction de la chapelle nord, Jeanne de Courcelles, veuve de Jean VIII de Longueau, est réputée avoir bâti en 1551 la chapelle sud, dédiée à saint Jean-Baptiste. On accédait autrefois directement à la seconde travée par une porte, dont demeure en façade un arc en accolade de style flamboyant. Si les recherches futures confirmaient sa datation, cette chapelle témoignerait ainsi d’une remarquable fidélité à l’art de la fin du Moyen Âge.

Probablement ruinée lors des guerres de Religion, la nef comportait au moins un bas-côté voûté d’ogives à profil prismatique au sud, dont subsistent des vestiges. Reconstruite à l’économie, elle fut réduite à un unique vaisseau, de faible ampleur. Puis un clocher-porche de plan carré, surmonté d’une flèche polygonale, fut ajouté à sa façade ouest dans le premier tiers du XVIIIe siècle. Enfin, suivant en cela l’exemple de beaucoup d’églises du département, la nef fut pourvue, à la fin du XIXe s., de fausses voûtes d’ogives revêtues de plâtre, s’appuyant sur des culots figurés, néogothiques. Désormais subdivisée en deux travées, elle était vraisemblablement couverte, jusqu’alors, d’une voûte en berceau lambrissé.

La décoration intérieure et le mobilier datent aussi de la fin du XIXe siècle. Les vitraux sont l’œuvre de l’atelier Lobin à Tours (1887). Le saint patron est naturellement représenté dans la baie d’axe de l’abside. Il figure à nouveau sur un tableau de même époque, accroché au revers de la façade principale, l’une des innombrables copies du célèbre Saint Michel terrassant le démon de Raphaël. Des statues de plâtre saint-sulpiciennes, bien dans le goût du temps, garnissent en divers points l’église, qui conserve ses bancs clos, sa chaire et son banc d’œuvre.

Faisant suite au ravalement du clocher, les travaux de réfection des enduits de la façade sud et du chevet ont bénéficié, en 2010, du soutien financier de la Sauvegarde de l’Art français à hauteur de 8 000 €.

Gilles Blieck

Le projet en images