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L’historique de l’église actuelle est bien connu : selon les registres paroissiaux, la première pierre fut posée le 20 avril 1762, ce que rappelle une inscription au-dessus du portail. Le gros œuvre était achevé en septembre 1763. L’église fut bénite le 6 octobre 1764 par l’archiprêtre de Néoux, mais ne fut consacrée que le 3 septembre 1775 par Mgr d’Argentré, évêque de Limoges. Le maître-autel reçut à cette occasion les reliques des saints martyrs Diodore et Félix.

L’intérêt de ce monument, outre celui de s’offrir comme un tout homogène, est l’accord de son architecture avec son décor intérieur, réalisé dans les années qui suivirent de près la construction. Il réside aussi dans le fait que, sous une apparence classique, cette église reprend les traits de certains édifices médiévaux du Limousin : vaisseau rectangulaire divisé en trois travées carrées voûtées d’ogives, accompagné ici d’un transept bas aux bras couverts en appentis et contreforts d’angles posés de biais, inspirés du gothique flamboyant. Toutefois les voûtes sont en brique enduite, et les ogives moulurées et très menues ainsi que leurs doubleaux fort plats reposent sur des consoles d’un pur profil classique très élaboré, qu’on retrouve identiques au départ des larges arcs surbaissés par lesquels les croisillons ouvrent sur la nef. Les clefs du vaisseau central sont circulaires et plates, celles des chapelles-croisillons, pendantes.

La travée ouest de la nef est occupée entièrement par une vaste tribune d’une grande élégance reposant sur quatre hautes colonnes de bois largement disposées en carré, pourvues de socles élancés et de chapiteaux ioniques. La balustrade ajourée qui court sur sa face orientale porte la marque des dernières années du règne de Louis XV, qu’on appelle abusivement, et par anticipation, style Louis XVI. Un escalier droit la dessert le long du mur nord.

La seconde travée a reçu à l’est de chaque chapelle barlongue, formant croisillon, un autel galbé de bois peint à filets dorés (celui du nord a été remplacé au XXe s. par un autel de pierre, seul accroc à l’homogénéité de l’ensemble). Chaque autel est pourvu d’un retable tripartite dans lequel trois niches, que séparent des pilastres à chapiteaux ioniques, abritent des statues de saints où la polychromie s’accompagne de larges appliques d’or et d’argent. Celui du midi est depuis l’origine dédié à la Vierge, dont la petite statue trône au centre. Au nord, une sainte Thérèse de Lisieux a remplacé l’effigie primitive.

Dans l’angle nord-ouest du chœur, la chaire, dont la cuve s’orne de colonnettes torsadées, porte un abat-voix en forme de couronne fermée. L’ensemble provient de l’ancien prieuré artigien d’Arnet. Le fond du chœur est entièrement occupé par un vaste retable peint et doré à deux corps. Le premier, tripartite, possède deux niches latérales que séparent des paires de pilastres ioniques. Elles abritent les effigies polychromes de saint Pardoux et de saint Martial, rehaussées d’aplats d’or et d’argent. Une toile du peintre La Seiglière, dramatique à souhait, évoque, non sans mérite, la Résurrection. Au milieu du second corps, entre deux pilastres jumeaux, un Père Éternel est encadré par deux trophées, peints sur la paroi du fond. Un long et étroit bandeau revêtu d’or, courant à l’arrière de l’autel principal, soutient en son milieu un prestigieux tabernacle en forme d’urne sculptée et dorée, dont la porte comporte un pélican en bas-relief. Le sol est formé de larges dalles en pierre de Volvic.

À l’extérieur, l’ensemble du monument est fait d’un appareil de remploi pas très régulier provenant sans doute de l’église antérieure, à l’exception des contreforts et de la façade, qui sont d’un appareillage très soigné à joints fins. Les contreforts obliques sont couronnés d’un petit pyramidion, et seuls ceux qui encadrent le frontispice sont surmontés de croix. Le chevet aveugle se termine à l’horizontale. L’éclairage est donné latéralement par de longues baies cintrées encadrées d’un chanfrein, à raison d’une par travée.

Au milieu de la façade s’ouvre, précédée d’un perron, une porte monumentale en plein cintre à clef saillante entre deux pilastres ioniques et entablement mouluré. Ce dernier supporte un tympan semi-circulaire brisé dont la niche centrale abrite une statue moderne du saint patron. Un minuscule oculus chanfreiné la surmonte. Le frontispice se termine à l’horizontale, coiffé d’un court toit en appentis correspondant à l’épaisseur du mur de façade. En arrière se dresse un clocher carré coiffé d’une flèche octogonale, l’un et l’autre en charpente et couverts d’essentes, ou bardeaux, procédé traditionnel en Limousin. Le toit de tuile de l’église a été exhaussé et refait en ardoise, pour une meilleure protection.

La Sauvegarde de l’Art français a donné 5 000 € en 2012 pour la restauration partielle de l’édifice (maçonnerie, charpente, couverture).

Pierre Dubourg-Noves

 

L. Lacrocq, Les églises de France. Creuse, Paris, 1934, p. 158.

A. Mingaud, Les églises de Creuse, 67260 Saint-Paul, Le Puy-Fraud, 2006, p. 249.

Le projet en images