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L’église de l’ancienne paroisse de Saint-Pierre-les-Étieux ne mérite pas l’espèce d’abandon dans lequel elle a été tenue depuis des décennies. Abordée par son flanc sud, elle se présente comme un édifice roman de bonne apparence, doté d’une tour-clocher solidement plantée à côté du chœur. Un examen plus attentif soulève des problèmes difficile s à résoudre dans l’état lacunaire des connaissances. En comparant l’aspect actuel avec un dessin publié par Buhot de Kersers en 1885, on constate d’abord que l’homogénéité apparente de l’appareil extérieur avec ses petites baies sous un larmier continu est le résultat d’une restauration plus récente et surtout que la tour-clocher, qui présente aujourd’hui trois étages couverts d’une toiture en pavillon, a perdu dans cette opération un étage supplémentaire surmonté d’une superbe flèche octogonale formée d’une haute pyramide d’assises de pierres, garnie sur ses arêtes de discrets boudins et cantonnée de quatre clochetons. La hauteur totale de la tour jusqu’à la pointe de la flèche allait à 45 m, dont il reste à peu près la moitié. On ne peut que regretter amèrement la disparition de ce superbe morceau d’architecture, comparable à la flèche du clocher de Notre-Dame d’Étampes, pour ne pas parler de celle de Chartres.

Le flanc nord de l’édifice présente un aspect plus complexe. Le mur de la nef y est aveugle et lisse, sans contreforts ; il vient buter à hauteur du chœur sur une énigmatique construction de plan rectangulaire (8 x 3,80 m), ouverte sur le chœur par un percement maladroit. Faute de mieux, on a pris l’habitude de donner à cette annexe, antérieure à l’église du XIIe s. et couverte d’une voûte en plein cintre, le nom d’oratoire ; la présence sur ses murs nord et ouest d’arcatures comportant de forts chapiteaux de facture archaïque a suggéré  une datation  haute. La marquise de Maillé, qui s’est intéressée à l’oratoire en 1930, le place au XIe siècle.

Pour tenter un essai d’interprétation, l’église de Saint-Pierre-les-Étieux aurait remplacé vers le milieu du XIIe s. un édifice  antérieur  formé d’une nef et d’un chœur garni d’arcatures (l’actuel oratoire), peut –être terminé par une abside. Le nouveau projet prévoyait de remplacer le premier édifice par une église de plan bénédictin, si répandu dans les campagnes berrichonnes au XIIème s. : grande nef rectangulaire non voûtée, associée à un chœur pourvu d’une abside principale flanquée de deux absidioles. La nouvelle nef a pu absorber le mur sud de l’ancienne église, mais la décision fut prise de conserver le chœur du XIème s. (l’oratoire) en le privant de son abside. La raison de ce repentir doit être recherchée dans l’existence attestée d’un prieuré de moniales bénédictines dépendant de la proche abbaye Notre-Dame de Charenton ; il s’agissait de conserver un chœur de religieuses accolé au chœur de la nouvelle église paroissiale. Cela se fit au prix de modifications diverses et maladroites, que des sondages archéologiques pourraient sans doute expliquer.

Vers la fin du XIIe s., la grande tour-clocher fut élevée au-dessus de la travée droite de l’absidiole sud, munie dans ce but d’une coupole.

Pour remédier à l’état précaire et même dangereux du plafond de la nef – un lattis plâtré posé lors de la restauration au début du XXe s. – la municipalité s’est laissée convaincre par l’architecte des Bâtiments de France de le remplacer par une voûte lambrissée en châtaignier. Le surcoût a été compensé en 1997 par la Sauvegarde de  l’ Art Français  à hauteur  de 50 000 F.

J.-Y. R.

 

Le projet en images