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La chapelle Saint-Laurent est l’une des deux chapelles de Saint-Thois, commune située dans le centre du Finistère, entre l’Aulne canalisée et les Montagnes Noires. La chapelle a été construite dans la clairière d’un petit bois traversé par un ruisseau et longé par la vieille route Briec – Châteauneuf-du-Faou, aujourd’hui route départementale n° 72, près du lieu-dit Tor-ar-C’hoat (« flanc du bois », en breton).

L’édifice est dédié à saint Laurent, saint très populaire en Basse-Bretagne où les traces de son culte sont particulièrement nombreuses dans le bassin de Châteaulin, mais aussi dans le Léon et le sud de la Cornouaille.

La date de 1667 figure au-dessus de la porte occidentale : ce peut être celle d’une restauration, mais plus vraisemblablement celle de la construction, l’édifice ne présentant aucune particularité architecturale qui pourrait la reporter à une époque antérieure (ce qui ne veut pas dire qu’il n’y ait pas eu ici un lieu de culte plus ancien). Les murs sont élevés en pierre plate locale ; seuls les chaînes d’angles, les contreforts, les rampants, les pourtours des fenêtres et des portes, le clocheton et l’escalier extérieur qui y mène, sont en granit. La dalle funéraire gravée (représentant un moine, les mains croisées sur la poitrine) qui sert de table d’autel et qui semble porter la date de 1449 a sans doute été importée d’un autre lieu. En revanche, le clocheton à dôme est tout à fait dans le style local du XVIIe siècle : il comporte une seule chambre pour la cloche qui, coulée en 1868 par le fondeur Guillerm, de Quimper, a été rénovée et remise en place en 1996. En 1870, la chapelle fut relevée de ses ruines par le recteur de Saint-Thois, l’abbé Guillerme, grâce, selon la tradition, aux dons d’une femme guérie d’une maladie de peau.

Le plan est en forme de croix latine, avec chevet plat. Les bras du transept et le chœur ne sont pas dans l’axe de la nef mais sont légèrement déviés vers le nord. La charpente, jadis apparente, est aujourd’hui couverte d’un lambris en bois peint de couleur bleue. Des entraits non sculptés  (trois dans la nef, un dans chacun des bras du transept) assurent la rigidité de l’ensemble.

Le mobilier est aujourd’hui réduit à sa plus simple expression : trois autels de pierre (le maître-autel et un autel dans chaque bras du transept), une clôture de chœur en bois, un tabernacle (déposé dans le chœur) et des statues en plâtre, de style Saint-Sulpice (Vierge, sainte Anne et la Vierge, saint Laurent, saint Herbot [ou Herbaud, auquel on offrait naguère des queues de vaches pour obtenir son intercession], saint Éloi), toutes en mauvais, voire très mauvais état.

Au début du XXe s., on y célébrait trois pardons, celui de saint Herbot le second dimanche d’août, celui de saint Éloi le lendemain de la Saint-Jean, et celui de sainte Anne le 26 juillet. On remarquera que le pardon du mois d’août était patronné par saint Herbot et non par saint Laurent, patron de la chapelle, dont la fête tombe pourtant le 10 août. Faut-il y voir une persistance du culte plus ancien de saint Herbot (saint breton) auquel le clergé post-tridentin aurait tenté de substituer celui de saint Laurent (saint « universel ») ?

Dans le placitre se trouvent une fontaine (qui a été déplacée de son emplacement originel, plus éloigné de la chapelle) voûtée en pierre et ornée d’une statuette (sans doute un saint Laurent), ainsi qu’un calvaire dont le fût porte un Christ en croix et deux statues d’évêques.

La restauration récente, menée par l’architecte Bernard Le Moen, a concerné l’ensemble de la chapelle : maçonnerie, charpente, couverture, menuiserie, vitraux, électricité, cloche et croix. La Sauvegarde de l’Art français a contribué pour 8 000 € au financement des travaux.

Tanguy Daniel

 

Bibliographie :

  1. Peyron, « Églises et chapelles du Finistère », Bulletin de la Société archéologique du Finistère, t. XXXVII, 1910, p. 168-169.

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