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La commune de Saint-Urbain, située à quelques kilomètres au sud de Landerneau, a été constituée, lors de la Révolution, par la réunion de deux trèves détachées de la paroisse de Dirinon et devenues communes en 1790 : la trève de Saint-Urbain et la trève de Trévarn. En 1792, la commune de Trévarn fut rattachée à Saint-Urbain. Après le Concordat, Saint-Urbain devint paroisse, Trévarn n’étant plus que simple chapelle, dédiée à Notre-Dame.

C’est son statut d’ancienne église tréviale qui explique sans doute l’importance de cette dernière. L’existence d’une église en ce lieu est attestée depuis le Moyen Âge : en 1219 est mentionnée là une ecclesia sancti Baharni (nom de saint obscur) ; en 1324, le village portait le nom de Treffbarn. Ultérieurement, l’église fut dédiée à Notre-Dame-de-Pitié. Aujourd’hui, le placitre est entouré d’un mur d’enclos que l’on franchit par une ouverture encadrée de deux piliers supportant les statues en kersanton de saint Sébastien et de l’ermite saint Antoine. Un calvaire du XVIe s. porte une représentation du Christ aux Liens, une autre du Christ en Croix, le groupe d’une Pietà et, sur les extrémités de la traverse, deux saints dont saint Pierre. Les têtes du Christ en Croix et d’une sainte Femme, dont le style diffère de celui des autres, portent la marque de l’atelier du sculpteur landernéen Roland Doré (première moitié du XVIIe siècle). Hors de l’enclos, une fontaine de dévotion est l’indice, très vraisemblablement, de l’origine ancienne du lieu de culte.

L’église, en pierre de Logonna aux chaudes couleurs, a été construite à la fin du XVIIe et au début du XVIIIe s. (plusieurs inscriptions portent les dates de 1666, 1683, 1700, 1701, 1719), selon un plan simple de croix latine, avec une abside à pans coupés. La façade occidentale est très dépouillée : un grand mur-pignon dans lequel s’ouvre un portail en plein cintre avec entablement en faible saillie, reposant sur deux colonnes en kersanton, le tout surmonté d’un clocher à une seule galerie, deux chambres de cloches et une courte flèche. Du côté sud, le transept fait une énorme saillie sur le mur gouttereau : de façon inhabituelle, il est percé d’une grande fenêtre et d’une porte en plein cintre datée 1700, (dont l’agrafe représente un angelot) ; elle est flanquée de deux pilastres ; son fronton cintré abrite une statuette de la Vierge. Une porte identique s’ouvre sur la nef, mais l’agrafe est ici constituée d’une simple volute. Une petite sacristie d’angle a été construite entre le bras sud du transept et le chevet.

Les travaux récents n’ont pas encore permis la remise en place de la totalité du mobilier. Le maître-autel en tombeau galbé n’est plus surmonté du retable qui datait de 1781 ; le groupe de la Pietà à quatre personnages, en bois polychrome (XVIIe s.), ainsi qu’une statue de saint Étienne, revêtu de sa dalmatique de diacre, tenant d’une main la palme du martyre et de l’autre les pierres de sa lapidation, reposent sur le plancher du chœur. La chaire à prêcher a été démontée, et une partie de ses éléments sont remisés dans le bras nord du transept, où un autel est surmonté d’un grand retable du Rosaire, en bois polychrome : dans le corps central, le tableau qui représentait l’Enfant Jésus debout sur le globe du monde, a disparu – il avait lui-même succédé à une représentation du groupe du Rosaire -, mais subsistent treize médaillons sur les quinze traditionnels, et une longue inscription en breton, datant du xixe siècle : Ra zeuio en hano Jesus / Peb glin da staouet en ÂÂ / var an Douar ac en ifern / a ra zeui peb Teod da anzao / penaus on autrou Jesus Christ / a so asezet e gloar Doue an Tad (« Qu’en vienne, au nom de Jésus, / chaque genou à plier, au ciel, / sur la terre et en enfer, / et qu’en vienne chaque langue à reconnaître / comment Notre Seigneur Jésus-Christ / est assis dans la gloire de Dieu le Père ») ; de part et d’autre, des niches encadrées de colonnes torses à pampres abritent, à gauche un groupe de sainte Anne et de la Vierge portant l’Enfant Jésus, à droite un groupe de saint Yves entre le Riche et le Pauvre (groupe qui, à l’origine, ne figurait probablement pas dans ce retable, puisqu’on peut lire sous la niche le nom de Joseph) ; chacune de ces niches est elle-même surmontée d’une niche plus petite servant de cadre à des statuettes d’évêques non identifiés.

Le reste de la statuaire, dans le transept, comprend un panneau de bois polychrome représentant l’Ascension, une statue de la Vierge tenant un livre ouvert sur les genoux de l’Enfant qu’elle porte sur le bras gauche (c’est Notre-Dame de Trévarn), et la statue d’un saint non identifié.

Au fond de la nef, près de la porte occidentale, deux bénitiers en pierre : l’un, en forme de vasque ovale décorée d’un angelot et d’un écusson martelé, porte la date de 1666, un autre, de forme cylindrique, celle de 1776 ; une pierre tombale en ardoise remonte à 1719.

D’importants travaux de restauration ont été entrepris au cours de la dernière décennie. Entre 1992 et 1996, avec l’aide d’une association locale, la commune a fait procéder à des interventions sur le clocher et la nef. À cette occasion, de graves désordres sont apparus dans la charpente, et un échafaudage de soutien fut placé dans le chœur ; par la suite, la charpente a été entièrement reprise, en gardant le maximum d’éléments d’origine ; arbalétriers, entraits, voliges, couverture d’ardoises ont été changés.

La Sauvegarde de l’Art français a participé au financement de ces travaux pour une somme de 24 392 € qui ont été versés en 2001.

T. D.

 

Bibliographie :

R. Couffon, A. Le Bars, Diocèse de Quimper et de Léon. Nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, 1988, p. 408-409.

L. Le Guennec, Le Finistère monumental, t. III. Brest et sa région, Quimper, 1981, p. 562-564.

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