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Le village de Sainte-Cérotte est situé à 6 km au sud-ouest de Saint-Calais, dans la partie est du département, proche du Loir-et-Cher. Le bourg s’élève à 150 mètres au-dessus d’un paysage vallonné de bocage, où passe la petite rivière du Tusson : en 1793, en raison de sa situation élevée, le village fut un moment rebaptisé Cérotte-en-Bel-Air.

Une tradition rapporte que sainte Cérotte était une compagne de sainte Osmane, sainte irlandaise, débarquée à Saint-Brieuc au VIIe siècle. Un village, tout proche de Sainte-Cérotte, porte le nom de sainte Osmane. On sait qu’au XVe s., la cure, le presbytère et ses communs dépendaient de la châtellenie de Saint-Calais ; cependant le territoire de la paroisse relevait de plusieurs fiefs, dont celui de Vau, appartenant au XIXe s. au marquis de Musset, qui fut un bienfaiteur de Sainte-Cérotte.

L’église, qui est au centre du village, est constituée d’une nef et d’un chœur de volumes très inégaux : le chœur de deux travées, couvert d’une toiture d’ardoise très pentue, domine la nef, légèrement plus courte et beaucoup plus basse, qui supporte une flèche de charpente. La nef est flanquée, du côté sud, d’une petite galerie formant porche, assez tardive, destinée à abriter les fidèles lors des cérémonies religieuses. Appelé ici « balet », ce type de disposition est baptisé ailleurs emban ou caquetoire.

Il existait sans doute à Sainte-Cérotte une église dès les XIe-XIIe s. ; cependant l’édifice, tel qu’il se présente actuellement, semble dater des XVe et XVIe siècles. L’entrée principale se fait sous le « balet », cité plus haut. La nef est éclairée, du côté sud, par une fenêtre en arc légèrement brisé qui a conservé un remplage tréflé ; celui des deux baies méridionales du chœur apparaît plus tardif (fin du XVIe-début XVIIe siècle). Les ouvertures percées au nord sont symétriques de celles du sud, la fenêtre nord de la nef, cependant, a perdu tout remplage. Le tracé du mur du pignon de la façade occidentale a été légèrement surélevé, moins que la porte, assez maladroitement exhaussée. Le mur droit du chevet est orné d’une belle fenêtre gothique à trois lancettes avec tympan ajouré. À la base des murs-pignons, occidental et oriental, du chœur, demeurent des fragments de sculptures, qui ont été identifiés pour des chimères.

L’inscription à l’Inventaire supplémentaire de cette église, dès 1926, est, à l’évidence, due à la présence d’un monumental retable de pierre, formant écran sur toute la largeur du chœur. Au-dessus du mur de la partie basse, s’élève une arcature à cinq ouvertures à gauche et à droite, de part et d’autre du maître-autel ; lui-même est dominé par une niche centrale, et par une arcade à trois ouvertures au niveau supérieur, le tout coiffé d’un fronton brisé.

Ce retable a été modifié au XIXe siècle. Sous chaque arcade a été placée une statue de saint, et au-dessus de la corniche, alternent des coquilles et des pots à feu. Le retable a été placé à 1,50 m du mur du chevet, libérant ainsi un espace, auquel on peut accéder par une porte ménagée dans le retable à droite (celle de gauche n’a pas été ouverte), mais l’exiguïté de l’espace entre retable et mur a justifié la construction d’une petite sacristie supplémentaire à l’est, à laquelle on peut accéder du choeur.

La nef et le chœur sont couverts d’une charpente lambrissée. En 1792, ont été transférées dans l’église des stalles provenant de l’ancienne église abbatiale de Saint-Calais : elles semblent dater du XVIIIe siècle. Les dosserets sont séparés par des pilastres cannelés, ils sont ornés de grappes de raisin, motif que l’on retrouve également sur les miséricordes. Ces stalles, qui auraient été placées à Sainte-Cérotte par l’entremise du marquis de Musset, témoignent de l’importance de cette abbaye bénédictine.

Pour la restauration du lambris de charpente et des toitures du chœur et de la nef, la Sauvegarde de l’Art français a accordé, en 2008, une aide de 30 000 euros.

Françoise Bercé

Le projet en images