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Église Notre-Dame. Saubion se situe à 4 km environ de Saint-Vincent-de-Tyrosse et à 6 ou 7 km d’Hossegor. Le village relevait autrefois de la vicomté de Maremne, ou Maremme, qui, à égale distance de Bayonne et de Dax, comprenait neuf paroisses. On sait qu’en 1239 l’évêque Navarre de Miossenx (1239-1271) renonça en faveur du chapitre de la cathédrale à la part de la dîme, fort minime, qu’il possédait à Saubion ; en 1263, le roi d’Angleterre concède la fraction qu’il détenait à la famille d’Albret. C’est sans doute à sa situation de pays frontière que la communauté d’habitants devait ses statuts, rédigés dès 1300. En 1587, une compagnie, sous les ordres du capitaine de Branar, ravagea la contrée.

La construction de l’église est fort peu documentée. Il semble qu’il n’y ait eu, jusqu’au XVe s., qu’une seule église pour Saint-Vincent-de-Tyrosse et Saubion. Les éléments de construction plus anciens, reconnus dans le mur sud de l’édifice actuel, la façade occidentale et le mur nord, pourraient provenir d’une chapelle antérieure. Deux visites pastorales, celle de 1740 et celle de 1748, précisent le bon état de la voûte du sanctuaire, « peinte de figures gothiques », l’existence de vitraux et d’un autel, mais aussi l’urgence des réparations que nécessitaient la tour et son clocher de charpente. Il fallut attendre 1769 pour que le jurat mît les travaux aux enchères. La communauté ne pouvant payer les 70 livres demandées, offrit pour paiement une pièce de terre de trois arpents et demi, plantée pauvrement de thuyas et de marais. Des aménagements furent effectués après le Concordat, à partir de 1806 : couverture de l’église, du clocher et de la sacristie, et travaux d’aménagement intérieurs : on apprend notamment que 128 m² de lambris couvrant la nef furent peints d’un ciel bleu étoilé. En 1844, fut placé un tabernacle gothique en pierre et des anges adorateurs en plâtre, puis, en 1854, un maître-autel de style gothique, ainsi qu’une chaire à prêcher et un décor peint. L’église devint, en 1864, une succursale de Saint-Vincent-de-Tyrosse. Deux campagnes de travaux importantes se succédèrent, la première entre 1888 et 1893 sous la direction de l’architecte départemental Maumon, puis entre 1903-1904 sous celle de l’architecte Cazalis, de Biarritz. Le clocher fut alors couvert d’ardoises, cinq baies de style gothique furent percées dans la nef qui fut voûtée en briques creuses, les enduits furent refaits, un nouveau carrelage posé, enfin, en 1912, la fabrique recourut au talent du peintre Leduc, de Bordeaux. La dernière campagne de restauration remonte à 1980 : elle fut dirigée par l’architecte des Bâtiments de France, Cheynel. Lors de l’enlèvement du dallage du chœur, on découvrit un caveau en pierre de taille, qui servait de « pourrissoir ». Les ossements et les quelques bijoux trouvés n’ont pas permis de préciser les dates de l’édifice.

L’église est construite à proximité de deux fontaines, consacrées l’une à saint Roch et l’autre à la Vierge. Elle se compose d’une nef unique terminée par un chevet, arrondi à l’extérieur, à pans à l’intérieur ; le chœur n’est pas dans le même axe que la nef. Une chapelle s’ouvre sur la travée orientale de celle-ci. À l’ouest, l’édifice est précédé d’une grosse tour dont la silhouette massive apparaît plus comme un élément de défense que comme un clocher d’église ; elle est flanquée d’une tourelle circulaire abritant un escalier. Ce clocher qui pourrait dater du XVe s. dut servir de refuge lors des troubles, nombreux au XVIe s. dans la vicomté. Sous la tour occidentale s’ouvre un portail de pierre, en arc brisé, du XIVe ou XVe siècle : il est encadré de trois ressauts, soulignés par des tores, qui reposent sur des colonnettes, par l’intermédiaire de chapiteaux à feuillage. Leurs bases sont sculptées. L’abside polygonale comporte un réduit fortifié situé au-dessus de la voûte sexpartite ; elle est percée dans son axe médian d’une fenêtre meurtrière. Quelques corbeaux demeurent visibles dans la partie haute du chevet, témoins d’un probable passage ; des « mirandes », comme à Saint-Sernin de Toulouse, ont été ouvertes sous la toiture. La modeste chapelle, construite au sud, est plus tardive, elle semble dater du XVIIe ou du XVIIIe siècle.

L’intérieur de l’édifice est couvert de voûtes sur croisées d’ogives en briques élevées au siècle dernier. Dans l’abside s’ouvrent deux fenêtres biaises. L’intervention faite il y a une vingtaine d’années a consisté notamment à supprimer les enduits sur l’ensemble du bâtiment.

La conservation de l’édifice nécessitait des reprises de charpente, un traitement des bois conservés ainsi que la reprise de la couverture en tuiles canal. Pour ces travaux, la Sauvegarde de l’Art français a accordé, en 2001, une subvention de 18 294 €.

Fr. B.

 

Bibliographie :

Arch. Sauvegarde de l’Art français : dossier de restauration constitué par Cl. Desqueyroux, architecte D.P.L.G. (dépouillement des registres paroissiaux et des séries O et J des arch. dép.).

J. Beauredon, « Esquisse sur le Sud-Ouest landais (Gosse et Maremne) vers la fin du XVIIIes. », Bulletin de la Société de Borda, t. 33, 1908, p. 246.

Fr. Hirigoyen, « Le seigneur-cavier dans la vicomté de Maremne », Bulletin de la Société de Borda, t. 100, 1975, p. 304.

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