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La chapelle de Locunduff, située au bord de la voie antique de Rennes à Quimper, est dédiée à sainte Candide. Cette sainte, qui n’est honorée en Bretagne qu’à Tourc’h et à Scaër, à une dizaine de kilomètres à l’est de Tourc’h, passe pour avoir été l’une des onze mille vierges, compagnes de sainte Ursule, martyrisées à Cologne en 383. L’ancien nom breton de la sainte éponyme était sainte Vengu ou Gwengu qui a servi, avec le préfixe Loc- (locus) à former le toponyme Locunduff (aux XVIe et XVIIe s. Locunguff).

La première mention du lieu-dit dans un texte remonte à la fin du XVe s. (1492). La construction de la chapelle peut remonter à cette époque.  Les deux portes (sud et ouest) de la chapelle sont surmontées du blason de la famille Canaber qui détint la seigneurie de Coatloret ou Coatheloret, depuis le xve s. au moins jusqu’au début du xviiie siècle. Vendus à la Révolution, la chapelle et le terrain qui l’entoure furent acquis par une famille de Tourc’h qui en fit donation à la commune en 1806, à charge pour celle-ci de la restaurer. Une restauration générale fut effectuée en 1980, à l’initiative d’un comité local, restauration qui fut distinguée par le conseil général du Finistère.

L’édifice, tel qu’il existe aujourd’hui, est de plan rectangulaire et mesure 16 m x 7 m. La construction est soignée : les quatre murs sont, à l’extérieur, en pierres de taille (granit), ce qui est exceptionnel, la plupart des chapelles ayant leur mur nord en moellons. Le mur-pignon occidental est épaulé par deux contreforts ; un troisième contrefort s’appuie sur l’angle du mur ouest et du mur sud : il y a eu là vraisemblablement un effondrement dont les traces sont encore visibles dans la maçonnerie. Le rampant nord porte un escalier qui monte au clocher. Celui-ci est surmonté d’une courte flèche à la base de laquelle apparaissent quatre têtes sculptées. Dans le mur gouttereau sud a été ouverte une porte centrale en accolade et deux petites baies inégales. Le chevet est percé d’une baie dont le remplage peut dater de la fin du xve s. ou du xvie s. Le mur nord ne comporte qu’une fenêtre.

À l’intérieur, les murs sont en moellons, autrefois couverts d’un enduit à la chaux qui a été malheureusement supprimé. De chaque côté, un banc de pierre est encastré dans le mur. Le maître-autel, en granit, a perdu son coffre en bois : il n’en subsiste qu’un tabernacle en bois doré et polychrome, probablement du xviiie siècle. Ce tabernacle faisait peut-être partie d’un retable dont une colonne torse en bois polychrome, ornée de pampres, a été transformée en porte-cierge.

Les vitraux sont modernes : celui du chevet qui porte la date de 1938 est l’œuvre de l’atelier Luc Fournier, de Tours. La lancette de gauche est consacrée à sainte Candide, celle de droite à saint Alar (souvent confondu avec saint Éloi), protecteur des chevaux. Le vitrail de la baie sud date de 1987 ; il provient de l’atelier de Jean-Pierre Le Bihan, à Quimper, et a été commandé par le comité de sauvegarde de la chapelle.

La statuaire est composite. Sainte Candide a trois statues, dont la plus notable est en pierre blanche peinte, du xvie siècle. Une statue d’évêque, en bois polychrome, peut-être du xviiie s., est donnée comme étant celle de saint Éloi, mais aucun attribut ne permet de l’identifier. La Pietà à quatre personnages, qui figurait dans la chapelle, a été transportée dans l’église paroissiale.

À quelques mètres au nord de la chapelle se dresse un petit calvaire en granit, du xvie siècle. À 50 m à l’ouest, une fontaine, dédiée à sainte Candide, avait jadis des vertus thérapeutiques : on y plongeait les enfants qui marchaient mal ou tardivement.

Jusqu’au milieu du xxe s., il y avait à Locunduff deux pardons annuels : celui de saint Alar (Éloi) le dimanche qui précède l’Ascension ; les chevaux qui y étaient conduits de toute la commune et des communes voisines faisaient trois fois le tour de la chapelle avant d’être bénis par le célébrant monté sur le socle du calvaire ; celui de sainte Candide, qui avait lieu le deuxième dimanche de juillet.

Une restauration générale de la chapelle a été entreprise en 2002 : les joints en ciment posés en 1980 ont été remplacés par un mortier à la chaux, la charpente a été refaite ainsi que la voûte lambrissée, une nouvelle couverture en ardoises a été posée, l’installation électrique a été mise aux normes. La Sauvegarde de l’Art français a accordé une subvention de 13 000 €.

T. D.

 

Bibliographie :

É. de Villiers du Terrage, « Notes sur la paroisse de Tourc’h (canton de Rosporden) », Bulletin de la Société archéologique du Finistère, t. 20, 1893, p. 365-370.

Abbé F. Calvez, Paroisse de Tourc’h, [ Brest ], 1934, p. 39-47.

B. Le Gall-Le Roy, Histoire et légendes d’une petite commune cornouaillaise à travers les siècles [Tourc’h], Nantes, 1953, p. 28-29.

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