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Le bourg de Tramayes est très ancien puisque d’après la préface du Cartulaire de Saint-Vincent de Mâcon, il existait un château au lieu-dit la Rolle au IVe siècle. L’agglomération, véritable lieu de passage stratégique, est située à proximité immédiate d’un col dominant la vallée de Gremolles au sud et au nord la vallée de Saint-Point. Le val de Saint-Point se prolonge par la vallée de la Grosne où se situe Cluny. En l’an 958 l’église de Tramayes était dédiée à saint Germain ; elle est maintenant placée sous la protection de Saint-Jean-Baptiste . Ses parties les plus anciennes remontent au début du XIIe siècle. L’édifice  roman, parfaitement orienté, était composé d’une nef vraisemblablement unique, d’une travée droite de chœur sommée d’un puissant clocher et d’une abside semi-circulaire tournée vers l’est. En 1845, pour des raisons principalement liées à l’accroissement de la population et au développement économique cantonal, l’édifice fut agrandi et inversé. L’abside une fois démolie, un portail surmonté d’ un oculus fut aménagé dans l’arc triomphal. La nouvelle façade, dont le clocher roman constitue l’élément majeur, a été épaulée par deux tourelles d’escalier. À l’arrière de celle-ci; vers l’ouest, trois nefs d’inégale hauteur, un transept et une grande abside composent les volumes du nouvel édifice. Si son extérieur, en accompagnement du clocher, témoigne d’une monumentalité honorable, il n’en est pas de même pour son architecture intérieure néo-romane aux volumes mal proportionnés d’une facture très sèche et aux détails indigents. Tout l’intérêt de l’édifice réside dans le clocher de plan barlong, à deux étages. Le grès feldspathique (arkose) qui a fourni le matériau, arbore plusieurs teintes allant de l’ocre claire à l’ocre rouge et égaye la silhouette sévère et puissante. Un premier étage assez élancé, cantonné de pilastres d’angle et d’un pilastre médian plus étroit par face, est très peu percé. Seules deux baies en plein cintre s’ouvrent sur chaque face, de part et d’autre du pilastre médian. Une corniche portée par des modillons, non saillante au-dessus des pilastres, souligne la naissance du second étage, celui des cloches. L’arrêt brutal des pilastres d’angle et la construction en retrait du second étage, dont les angles sont cantonnés de colonnettes engagées, donnent à penser que le programme initialement prévu et son parti général furent modifiés en cours de réalisation. La composition de l’étage des cloches est fort différente : les faces planes sont animées par une succession de colonnettes engagées. Elles sont toutes de même diamètre et  encadrent les baies des grandes faces, alors que sur les petits côtés elles ne font que les séparer. Les baies géminées, deux par face, sont toutes de même dimension. Elles s’ouvrent sous une archivolte non saillante et leurs retombées centrales sont portées par une seule colonnette au tailloir très développé. Les dimensions sont faibles par rapport aux surfaces de maçonnerie qui les entourent, concourant à l’expression massive du clocher. Cet étage est terminé par une corniche bien saillante qui repose sur les chapiteaux des colonnettes et sur des modillons sculptés. Des masques humains et animaliers décorent la plupart des chapiteaux et des modillons, mais certains motifs floraux, accompagnant quelques croix, en complètent l’iconographie. Un toit pyramidal, couvert de tuile vernissée, couronne le clocher. Si l’on en croit le profil en plein cintre de l’arc sous-tendant la travée du clocher et le style des deux chapiteaux sculptés d’animaux et de feuillages, l’influence brionnaise d’Anzy-le-Duc a vraisemblablement présidé à son édification, ainsi qu’à celle du second étage du clocher aux baies géminées sous archivolte. Seul le premier étage du clocher semble avoir eu comme modèle les compositions clunisiennes, bien illustrées par le clocher de l’église de Trambly. Il est courant de voir se juxtaposer en Bourgogne du sud, dans un même édifice, les deux influences dont les caractéristiques sont aisément identifiables. Les travaux de restauration du clocher ont permis de restituer toutes les dispositions qui avaient été altérées par le temps et les hommes. Entre autres, l’une des deux baies de la face ouest a pu être rétablie ainsi que les tambours manquants des colonnettes. La Sauvegarde de l’Art français a accordé une aide de 170 000 F pour la réfection du clocher et de sa toiture en 1998.

J.-D. S.

Le projet en images