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L’église Notre-Dame de Trémargat s’élève au sommet d’une légère éminence qui domine ce petit bourg de la Cornouaille orientale situé sur le cours supérieur du Blavet, qui constitue l’épicentre d’une commune, détachée de Plounévez-Quintin en 1851. L’édifice est construit dans un placitre dont les murs entourent le cimetière ; on y accède par une grille entre deux gros piliers, et par deux ouvertures latérales, entrées ordinaires barrées par des échaliers, pierres plates dressées pour empêcher le passage des animaux. Sur la place, au sud-ouest de l’église, se dresse un petit calvaire portant la date de 1824.

En forme de croix latine, l’édifice ne comporte qu’une nef à un seul vaisseau et un transept ; le mur du chevet est plat ; quatre constructions sont accolées à l’extérieur des murs sud et nord : au sud, un porche ouvert par une arcade en plein cintre, et muni, à l’intérieur, d’un banc en pierre et d’un grand bénitier monolithe ; entre le porche sud et le prolongement du mur occidental, un ossuaire d’angle dont les ouvertures sont obstruées par des planches, et qui semble aujourd’hui servir de débarras ; sur le mur nord ont été construits un baptistère, qui s’ouvre sur la nef à l’intérieur, et une sacristie, dans l’angle entre le bras nord du transept et le chœur. La façade occidentale, qui porte un simple clocher à deux chambres de cloches, s’ouvre par une porte en arc brisé surmontée d’une archivolte en accolade ; celle-ci est ornée de choux, sommée d’un fleuron et flanquée de deux pinacles torsadés. Les matériaux de construction sont de deux sortes : le granit, abondant sous forme de grosses boules dans toute la commune, et, pour la nef et la sacristie, du grès schisteux.

Le monument a été remanié à plusieurs reprises depuis sa construction, au début du xvie siècle. Il ne reste guère d’origine que le pignon ouest et l’ossuaire. Entre 1842 et 1845, Chamaillard, entrepreneur à Rostrenen, a relevé les murs de 66 cm, refait la charpente, agrandi le chœur de 2,30 m vers l’est. La baie dont le remplage forme une fleur de lys qui date cette partie, très probablement, de l’époque des mariages d’Anne de Bretagne avec Charles VIII puis Louis XII, a été conservée. La sacristie a été reconstruite et un baptistère sans doute créé. En 1912, le mur ouest et une partie du mur nord ont été démontés et réédifiés. Au xxe s., de nombreuses interventions n’ont pu empêcher la dégradation des murs, de la charpente et de la couverture, au point que l’on a dû, pour des raisons de sécurité, fermer l’église au public en janvier 2001.

L’intérieur de l’église offre un spectacle de désolation. L’humidité envahit les murs recouverts de ciment, matériau favorable au développement du salpêtre : c’est ainsi que les peintures murales qui ornent depuis 1950 environ le pourtour de la nef, représentant la Passion du Christ, dues au maître peintre et verrier Hubert de Sainte-Marie, de Quintin (Côtes-d’Armor), sont fortement menacées : l’une des scènes a même disparu, une autre est en très mauvais état. Plus grave encore, la charpente se serait effondrée si, à la croisée du transept, n’avaient été mis en place de solides étais de bois. La dépose du lambris de la voûte laisse voir un désordre extrême : en 2002 déjà, l’architecte Bernard Le Moën, de La Feuillée (Finistère), notait des arbalétriers cassés, des destructurations dues au pourrissement et même à la présence de mérule, des « confortations de fortune » avec du bois de remploi.

Le mobilier a été « mis à l’abri » – dans un désordre indescriptible – dans la sacristie : les statues, en bois, sont ainsi relativement protégées dans un local dont la charpente ne vaut guère mieux que celle du transept et du chœur. Pourtant, certaines œuvres, anciennes, ne manquent pas d’intérêt : un Christ fortement dégradé (il manque une partie du visage et les bras), une sainte Anne trinitaire (la Vierge, à droite, reçoit de sa mère une leçon de lecture ; l’Enfant Jésus, à gauche, est assis sur le bras du fauteuil), deux grandes statues baroques non identifiées, un saint Yves, un Sacré-Cœur.

La restauration de cet ensemble s’impose d’urgence. À cet effet, la Sauvegarde de l’Art français a offert une aide de 2 000 € en 2010.

Tanguy Daniel

 

Le projet en images