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Église Saint-Georges.  propos de l’église abbatiale Notre-Dame de Vaas, on aimerait pouvoir raconter une merveilleuse histoire pleine d’aventures, de visiteurs célèbres, de beaux miracles, de fortes personnalités, bref de tout ce qui peuple notre imagination lorsqu’on évoque l’histoire millénaire de nos monastères. En fait il faut déchanter car les archives concernant l’histoire du monastère de Vaas ont presque totalement disparu. Les érudits du XIXe s. ont eux-mêmes renoncé à en raconter l’histoire. La restauration entreprise sur l’édifice était l’occasion de faire un point même sommaire sur cette magnifique église.

La légende soigneusement entretenue par les moines de Vaas évoquait l’origine suivante : le méchant Ganelon ayant été convaincu de perfidie envers le roi Charles le Chauve (840 – 847), les biens  qu’il possédait sur la rivière du Loir auraient été confisqués et donnés aux religieux de l’ordre de Saint-Augustin, qui bâtirent le monastère de Vaas. Ne trouvait-on pas à quelques kilomètres de distance de Vaas les ruines du château de Ganelon, sur la commune d’Aubigné-Racan ? D’importantes fouilles ces dernières décennies y ont révélé d’importants restes gallo- romains dont un amphithéâtre.  Qu’en était-il réellement de la prétendue existence dans le chartrier de l’abbaye de Vaas d’un arrêt de condamnation de Ganelon  « à avoir le poing coupé, et la tête tranchée, son château rasé et ses bois abattus à hauteur d’infamie » ? Nul ne pourra jamais démêler la part de vérité de l’affabulation faute d’archives.

En réalité, c’est probablement la présence immémoriale d’un gué, puis d’un pont qui suscita la création d’un monastère.

Le monastère adopta à partir du XIIe s. la règle de saint Augustin. L’abbaye fut soumise au régime de la commende à partir de l’épiscopat de Léonor d’Estampes de Valençay, évêque de Chartres, dans le premier quart du XVIIe siècle. Elle adopta la réforme des Prémontrés en 1726 : c’est cet ordre qui entreprit la reconstruction des bâtiments monastiques à partir de 1777. Lors de l’inventaire du 10 mai 1790, il n’y avait plus que cinq moines dans l’abbaye ; on sait que les bâtiments occupaient une surface de 3 ha et que le domaine comprenait en tout dix fermes, un moulin, quatre maisons et 274 ha de terres.

Le couvent, vendu aux enchères en mai 1791, fut acheté par un notaire du Lude qui laissa brûler les 1 300 volumes de la bibliothèque, les 42 liasses et les 10 registres du chartrier. Le logis abbatial fut adjugé à l’ancien lieutenant criminel de Château-du-Loir qui acheta également le moulin et des communs ; ceux-ci furent convertis, vers 1860, en corderie. L’église devint paroissiale après la destruction de la petite église Saint-Georges, d’où provient la statue du saint patron.

Le plan de l’église est celui d’une croix latine. La nef comporte deux travées, sur le transept débordant s’ouvrent deux absidioles orientées. Le chevet, en hémicycle à l’intérieur, à pans à l’extérieur, est précédé d’une longue travée de chœur. L’ensemble est  équilibré et élégant.

Au-dessus de la croisée du transept s’élève un beau clocher dont la flèche octogonale surmonte une tour carrée. Le chevet polygonal est contrebuté par d’épais contreforts.  Cette partie est ordinairement datée du XIIIe s., mais date plus vraisemblablement du XIVe siècle.  l’ouest de l’église est accolée une grosse tour carrée qui appartenait à l’enceinte monastique, l’entrée des paroissiens se faisant au nord. Nef et transept ont été reconstruits à partir de1501 sous l’abbé Jehan Leproust. La nef constitue un large vaisseau éclairé par quatre baies ; les clefs de voûte sont ornées des armes de l’abbaye, soutenues par des anges. Les chapiteaux de la croisée du transept sont également sculptés. La partie la plus ancienne de l’église est l’absidiole ouvrant sur le bras nord du transept : construite en petits moellons arrondis réguliers sur un mètre d’épaisseur, elle est éclairée par une seule baie en plein cintre très étroite. Sa voûte est ornée d’une fresque figurant le Christ entouré du tétramorphe. L’abside est couverte d’une voûte de type angevin, construite en petites briques de roussard et de falun (tuffeau) ; elle est éclairée par cinq fenêtres. On peut y admirer un lavabo à deux cuves du début du XIVe siècle. Sur le bras sud du transept s’ouvre l’absidiole du Rosaire ainsi qu’un accès à la sacristie, importante construction qui comporte deux étages ;  on y conservait le chartrier.

L’ancienne abbatiale conserve quelques éléments de mobilier : une chaire à prêcher du XVIIIe s. et quelques statues de qualité en terre cuite, de l’école mancelle.  Parmi les œuvres peintes, le Christ servi par les Anges pourrait être de Philippe de Champaigne ; dans la partie occidentale adossée à la tour est conservée une toile représentant la Vierge du Rosaire (1618).

L’édifice a souffert des bombardements de 1944, les vitraux ont été pulvérisés.  L’association « Nouveau Souffle » s’est donné pour mission de les remplacer.

La Sauvegarde de l’Art français a accordé 7000 euros en 2004 et 10 000 € en 2005 pour la restauration de la nef, du bras nord du transept et du clocher.

 

Julien Guilbault

Le projet en images