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L’ermitage Saint-Eugène de Chassagnes est situé dans un site exceptionnel, à l’aplomb du canon qui entaille le plateau calcaire du bois de Païolive, un des plus beaux lieux de l’Ardèche. Il a, de plus, conservées différentes composantes architecturales. Mais l’intérêt porté par la Sauvegarde de l’Art français à cet ensemble s’explique pour d’autres raisons. De nombreux ermitages ont déjà bénéficié d’une aide comparable’, mais, dans la plupart des cas, seule la chapelle subsistait ; les annexes avaient été détruites et les ermitages désertés. Au contraire, après de longues tribulations aux XIXe et XXe s., qui ont suivi sa confiscation en 1790, l’ermitage Saint-Eugène a retrouvé en 1995 sa vocation. Le Frère Jean-François Holthof, moine de Cîteaux, avec l’accord de son abbé et de l’évêque de Viviers, s’y est installé et célèbre tous les jours une messe dans la chapelle restaurée. Ce retour aux origines aurait paru impossible en 1926, lors de l’écroulement de la toiture. Les ruines ont commencé à revivre en 1956, quand le Père Félix Darsy, dominicain et conseiller culturel de l’ambassade de France auprès du Vatican, acheta le prieuré. Tout en réalisant sa mise hors d’eau par un étaiement provisoire et une charpente métallique, il procéda avec le professeur Josi, conservateur du musée du Latran, à une approche archéologique des lieux, indispensable en l’absence de textes antérieurs au XVIIe siècle. Les deux archéologues pensaient avoir repéré une tour romaine arasée, réutilisée en lieu de culte au IXe siècle. Cette chapelle, avec son abside semi-circulaire orientée (B) et le bâtiment à fins utilitaires qui la jouxte au nord (D), auraient é(é reconstruits à l’époque romane. À l’ouest, une autre chapelle communiquant avec la première par un arc, possède une abside au nord (A). Elle aurait  été la plus ancienne. Les recherches  du  Père  Darsy  ont  été  poursuivies  par  celles d’Yves Esquieu et ses étudiants de l’université de Provence en 1995 et 1996. Pour Y. Esquieu, les parties les plus anciennes sont les deux petites chapelles disposées à angle droit, avec chacune une nef unique et une abside semi-circulaire. Leur construction remonte au moins à l’époque romane. Cependant des remaniements ultérieurs ont eu lieu au XVIIe s., ce qui est corroboré par le premier texte qui nous soit parvenu : un acte passé le 21 juillet 1652 devant maître Jean Delavie, notaire aux Vans. Par cet acte, Jacques d’Izard de Montjeu, co-seigneur des Vans, fait reconstruire l’ermitage de Saint-Eugène et y installe, avec l’autorisation de l’évêque d’Uzès, deux ermites, Pierre Magère, prêtre au diocèse du Puy et le clerc Hilarion Astruc. À cette époque, un logis a été établi au­ dessus de la chapelle romane (C). On y accède du rez-de-chaussée par une annexe ajoutée à l’est (D). Enfin, le seul élément sûrement daté est la belle porte qui s’ouvre sur la façade est et dont le cartouche indique 1750, preuve que des interventions ont encore eu lieu au XVIIIe siècle. En juillet 1995, Saint-Eugène retrouvait avec l’arrivée du Frère Jean-François Holthof sa véritable vocation. De nombreux travaux s’avéraient indispensables. La toiture et la charpente réalisées en 1956 ont nécessité une reprise totale en 1998. Il a fallu aménager les deux chapelles, les pièces d’habitation ainsi que l’espace environnant, et résoudre le problème de l’approvisionnement en eau. Une  »Association des amis de l’ermitage de Saint-Eugène » a été déclarée le 24 novembre 1994. La lettre de Saint-Eugène, publiée régulièrement depuis 1996, montre combien le mouvement religieux qui se développe autour de l’ermitage est profondément vivant et prometteur pour l’avenir. La Sauvegarde de l’Art français a donné une subvention de 90 000 F en 1998 pour la réfection de la toiture et de la charpente.

  1. C.

 

 

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