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L’ancienne collégiale Saint-Laurian est devenue le siège de la paroisse au XIXe s., après l’abandon de l’église paroissiale Saint-Christophe, plus modeste, du XIIIe siècle. Laurian, originaire de Pannonie, comme saint Martin, énergique défenseur de l’orthodoxie contre les doctrines ariennes, persécuté à Milan puis Séville, dont il était devenu l’évêque, s’était réfugié à Rome puis en Aquitaine du Nord.

Il aurait été exécuté par les Wisigoths dont l’empire après leur victoire de Déols (469) avait débordé jusqu’à la Loire. Son corps, d’abord conservé sur le lieu du martyre, à la chapelle Saint-Laurian près de Vatan, fut transporté dans la collégiale fondée en son honneur au XIe siècle. Une bulle du pape Honorius III précise que le chapitre était en 1223 pourvu de vingt prébendes. Le titre de patrons et fondateurs de la collégiale est passé successivement des seigneurs d’Issoudun, suzerains de Vatan, aux comtes de Blois (arrêt de la cour du 10 avril 1450 détachant la terre de Vatan du ressort d’Issoudun au bénéfice du comté de Blois alors tenu par Charles d’Orléans cousin du roi Charles VII). À la suite de l’entrée du comté de Blois dans le domaine royal avec Louis XII, la collégiale est déclarée de fondation royale (confirmation par jugement du Grand Conseil du 27 septembre 1668).

De l’édifice plusieurs fois reconstruit subsiste un très beau chœur de style gothique flamboyant, financé en 1537 par un ancien doyen. Peu après, en 1563, le pillage des calvinistes le privait de son somptueux mobilier, châsses et reliquaires d’argent, tapisseries relatant la vie et les miracles du saint. Les reliques elles-mêmes furent brûlées dans la cuisine du château voisin.

Au XIXe s., on entreprit de rebâtir à l’ouest une nef de quatre travées, avec ses bas-côtés et un transept pourvu de deux chapelles absidiales encadrant le chœur conservé. Pour cet ensemble, on a adopté un style néo-gothique classique inspiré du XIIIe siècle : voûtes quadripartites sur croisées d’ogives, faux triforium trilobé, roses rayonnantes… La reconstruction du clocher-porche après son écroulement en 1882 devait achever cette rationalisation des formes, des modénatures, des volumes chère aux constructeurs architectes, ingénieurs issus des leçons de Viollet-Le-Duc.

Le chœur apporte au contraire toute l’originalité et la sensibilité que la Renaissance a su donner au style gothique finissant. Le plan en est très simple au sol : une travée droite terminée par une abside à trois pans. Il est plus complexe à l’étage puisque les ogives des deux voûtes barlongues et de la voûte en étoile retombent sans chapiteau sur des colonnes engagées supportées par des corbeaux sculptés, définissant ainsi deux travées droites et une travée pentagonale. Ces voûtes pourvues de liernes et tiercerons encadrent de très près les fenêtres ; elles les dégagent par des voûtains que l’on pourrait dire de pénétration. Ce savant jeu d’arcs et de voûtains était déjà une des réussites du style gothique de l’ouest dit Plantagenêt au XIIIe s., il est ici plus raffiné, plus élégant, plus spirituel.

L’élévation est à deux étages. L’étage inférieur, très sobre, est ouvert sur les chapelles rayonnantes installées entre les contreforts, trois à l’est, l’une au nord et l’autre au sud. L’entrée de la chapelle d’axe, plus importante, se fait sous un arc en plein cintre, l’accès des autres chapelles est souligné par des arcs brisés moulurés plus modestes. Les murs gouttereaux, complètement nus, devaient être appelés à recevoir les tapisseries citées dans les textes.

L’étage supérieur, double en hauteur du précédent, est souligné par une moulure continue sur laquelle s’appuient les trois fenêtres du chevet, celle de l’axe à quatre lancettes entre deux autres plus modestes à deux lancettes. Une quatrième fenêtre, de même style mais moins allongée vers le bas, apportait au milieu de la travée droite la lumière du midi. Elle n’avait pas son pendant du côté nord complètement aveugle. Cet étage est rythmé par les colonnes engagées signalées plus haut comme les retombées des ogives des voûtes.

Outre sa porte occidentale remontée du XVe s. (M.H.), l’église a conservé des fragments de vitraux du XVIe s. et des traces de peintures murales du XVIIIe.

Pour aider à la restauration des maçonneries, charpente et couverture du chœur et du chevet, la Sauvegarde de l’Art français a accordé 22 867 € en 2001.

Ph. Ch.

 

Bibliographie :

G. Thaumas de La Thaumassière, Histoire de Berry, Bourges, 1689, p. 362, 682-685.

E. Hubert, Dictionnaire historique, géographique et statistique de l’Indre, Paris, 1985 (Bibliothèque de la Sauvegarde de l’Art français), p. 194-195. (Réimpression de l’éd. de Châteauroux-Paris, 1889.)

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