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L’église paroissiale de Vendresse, dédiée à saint Martin, relevait, au début du XIVe s.,  de la prébende de l’un des chanoines du chapitre de la cathédrale de Reims (Pouillé du diocèse de Reims).

L’église, construite dans la seconde moitié du XIIe s. en calcaire blanc des proches carrières de Chémery, présente les caractéristiques de l’architecture rurale romane de l’archevêché de Reims, poursuivant des dispositions carolingiennes, tout en adoptant précocement des éléments gothiques : une nef charpentée à trois vaisseaux, avec grandes arcades en arc brisé sans aucune mouluration sur piliers rectangulaires ; un transept non débordant, aux bras couverts en appentis, dont la croisée sous clocher, de plan rectangulaire, bien séparée du chœur et de la nef par des arcs diaphragmes, était cependant voûtée d’ogives ; un chœur polygonal, couvert de même façon.

La structure du XIIe s. de l’édifice se lit encore bien à l’extérieur. Les fenêtres en plein cintre de la façade contrastent avec le portail en arc brisé, déjà gothique avec ses chapiteaux à crochets. Le tympan est sans décor, à la manière ardennaise. Les baies des bas-côtés de la nef ont été agrandies, à l’exception de celles de la première travée, tant au nord qu’au sud. Les fenêtres du clocher sont, en revanche, d’origine et seules celles des petits côtés sont soulignées d’un tore. La corniche à modillons est identique à celle de la nef. Du chœur, englobé dans des chapelles postérieures, ne reste visible que la partie haute avec sa belle corniche à arcature.

À l’intérieur, les grandes arcades primitives en tiers point se devinent aisément au-dessus des arcs segmentaires réalisés lors de la construction des voûtes actuelles des bas-côtés. Aux piliers rectangulaires qui les supportent sont accolés des dosserets sur la face donnant sur les bas-côtés, répondant à d’autres, fichés le long des murs gouttereaux, témoins de la présence d’une voûte sur les collatéraux dès la construction. Les branches d’ogives à deux tores du bas-côté nord pourraient d’ailleurs constituer un remploi des nervures primitives. Les voûtes ont été ensuite remontées plus bas, puis restaurées à diverses reprises : la date de 1644 est inscrite sur la clef de la première travée sud, celle de 1561 sur la troisième travée nord.

De la voûte d’ogives de la croisée du transept ne restent que les quatre supports en culot à chapiteau feuillagé et seulement deux chapiteaux sur colonnette pour celle du chœur.

Sis dans la vallée du Bar, passage naturel à travers les côtes ardennaises, le village souffrit lors des guerres de Religion et des troubles de la Fronde, particulièrement entre 1648 et 1653. Comme de nombreuses autres églises de cette partie des Ardennes, l’édifice servit alors de refuge à la population ou de forteresse pour les troupes, conduisant à quelques aménagements militaires. Ainsi, en 1595 (date inscrite sur la porte intérieure et sur l’élévation extérieure), le bras gauche du transept fut en majeure partie remplacé par une tour percée de meurtrières et de canonnières qui servait également d’accès au clocher. Les canonnières ouvertes dans les murs gouttereaux tout autour de l’église, aujourd’hui visibles seulement de l’intérieur, sont probablement contemporaines.

En 1597 (date gravée sur l’élévation extérieure), une chapelle de deux travées voûtées d’ogives fut accolée contre le flanc gauche du chœur.

À l’époque du curé François Georgelet (1701-1710), le chœur fut agrandi. La chapelle de 1597 fut doublée en surface : la date de 1707 figure sur l’élévation extérieure et sur la clef de voûte. Afin de garder une certaine unité à l’ensemble, branches d’ogives de la voûte et remplage de la nouvelle fenêtre ont été copiés sur les anciens. Il semble que la chapelle en pendant de l’autre côté du chœur, qui présente des voûtes et des fenêtres identiques, soit de la même époque, bien qu’aucune date n’y figure. Ces adjonctions condamnaient les fenêtres du chœur. Aussi, pour lui assurer un nouvel éclairage, un comble brisé fut installé où prirent place les nouvelles ouvertures. À l’intérieur, l’enduit de plâtre recouvrant fausse voûte et murs donnait une allure classique à l’ensemble, écrin d’un nouveau mobilier. Dans le courant du XVIIIe s., une sacristie et une chapelle privée, celle de la famille d’Ambly (aujourd’hui local pour les pompiers après avoir été école au XIXe s.), furent accolées contre le chevet.

Du mobilier d’origine, l’édifice a conservé des fonts baptismaux du XIIe s. (classés en 1911), en pierre bleue de Givet, témoin d’une production locale encore bien représentée dans le Ardennes. Dans le même matériau, la dalle funéraire d’Érart de Chalendry († 1480) et de sa fille Gérarde fut classée en 1973. Mais le mobilier le plus imposant est celui qui a été mis en place à l’époque des travaux du curé Georgelet, grâce à la munificence des La Meilleraye, ducs de Mazarin-Rethel, dont dépendait Vendresse : maître-autel à baldaquin en marbre (classé en 1924) ; chaire, actuellement démontée ; orgue du XVIIe s. qui proviendrait d’une église de Sedan et qui fut installé à Vendresse vers 1707 (date d’un paiement) par un facteur sedanais, Borrand. Enfin, la sacristie a conservé son aménagement du XVIIIe siècle.

Après la restauration du côté sud de l’église et du clocher, les travaux actuels concernent la réfection complète (maçonnerie, enduits, couverture, vitraux) de la nef (vaisseau central et bas-côté nord), des chapelles nord et des annexes orientales du chœur. La Sauvegarde de l’Art français y a participé pour un montant de 20 000 €, accordé en 2010.

Bernard Ducouret

Le projet en images