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Le temple de Vinsobres, autrefois église paroissiale dite « du prieuré », domine de son élégante silhouette les maisons  du vieux village, perchées sur une butte au-dessus des vignes. Aucun document ne renseigne sur sa construction. On sait seulement que l’abbaye Saint-Césaire d’Arles, établie à  Nyons  depuis  le  VIe s., possédait des droits seigneuriaux sur le château de Vinsobres jusqu’au début   du XIIIe s. Au XVe s., le prévôt de Vaison était prieur de Vinsobres. Les Guerres de Religion amenèrent de graves destructions. En 1599, un  document  signale  « la  ruyne des  esglises  » tandis que l’évêque de Vaison ordonne le rétablissement du culte catholique, conformément à l’Édit de  Nantes, « dans  la  maison de l’ung des catholiques jusques à ce qu’il se puisse faire à l’église ou à l’une des chapelles dudit lieu ».,Vingt-cinq ans plus tard, les catholiques demandent encore « la  reconstruction de leur église ». Après la Révocation de l’Édit de Nantes, l’ancienne église, que l’on avait sans douce restaurée, s’avère trop petite et une nouvelle église est construite au bas du village. Elle sera terminée en 1710 et inaugurée en 1713. L’église du prieuré, délaissée durant près  d’un siècle, fut donnée en 1806 à la communauté protestante. D’importants travaux y ont été effectués en 1822 et 1840 (aménagement de la tribune). Cette histoire tourmentée explique les nombreux remaniements subis par l’édifice et qu’ont révélés les travaux  entrepris en 1993 et 1995. L’édifice actuel présente une nef de trois travées terminée par une abside semi-circulaire. Sur le côté nord se greffe une tour aménagée en clocher dont l’orientation est un peu différente de celle de l’église, suivie d’un couloir formant bas-côté qui communique avec la nef par deux ouvertures percées dans le mur nord, sans doute plein à l’origine. Plus tard, une sacristie a été ajoutée en direction de l’ouest. Avant 1993 les différentes phases de construction et les reprises successives étaient impossibles à déceler. En effet, l’ensemble était alors recouvert d’un enduit uniforme du XIXe s. imitant un grand appareil régulier. Très abîmé, cet enduit a été soigneusement enlevé au cours de deux campagnes de travaux en 1993 et 1994. Le décapage des murs durant la première phase en 1993 a fait réapparaître à l’ouest l’abside romane. Fondée sur quelques assises de pierres mal équarries, elle est construite en bel appareil moyen de pierre de taille. Une fenêtre axiale en plein centre à double ébrasement a pu être rouverte. Son décor sculpté  de pétales, au sommet et à la base, est rare dans la région. A la hauteur de l’archivolte de cette fenêtre (restaure d’après les traces subsistantes),  la  partie  supérieure de  l’abside a  été reconstruite au XVIIe s., après les dommages causés par les Guerres de  Religion. La reprise des murs a été réalisée à l’économie par un appareil de pierres non taillées noyées dans du mortier. Cette partie neuve de l’abside a été recouverte d’un enduit, étendu aux parties anciennes conservées afin d’unifier l’ensemble. Les travaux de 1994 ont fait retrouver dans le mur sud de la nef des maçonneries correspondant à celles de l’abside : moyen appareil soigné du XIIe s. dans les parties basses, reconstruction du XVIIe s. au-dessus. La porte d’entrée et la fenêtre sud-est datent de cette dernière époque. Une autre encrée a été ouverte plus à l’ouest au XIXe s. pour accéder à la tribune cons­ truite en 1840. La sacristie, qui s’élève sur le flanc nord de l’édifice, date peut-être aussi de cette période mais ne présence pas de différence d’appareil avec les murs nord et ouest, construits en matériaux de tout venant, noyés dans du mortier, semblables aux parties remontées au XVIIe s. au-dessus de l’abside et du mur sud. Seuls les angles nord-ouest et sud-ouest de la façade occidentale sont en grand appareil de pierre de taille comme les piédroits de la porte d’entrée au sud. L’implantation du clocher, en biais par rapport au reste de l’édifice, a fait supposer la réutilisation d’une tour plus ancienne, comparable à celle qui existe au sud de l’église et donc le moyen appareil rappelle beaucoup celui de l’abside romane. Sur la face nord du clocher, une belle fenêtre ogivale a été découverte pendant les travaux de 1993. Elle avait été aussi obturée au XVIIe s. lors de la reconstruction des parties hautes du clocher. Celles-ci étant plus étroites que la base, la face ouest a été décalée vers l’est afin de devenir perpendiculaire à l’axe de l’église. Une porte d’accès au clocher, ouverte au milieu de cette face ouest, a fait disparaître la fenêtre en arc brisé pour ficher dans son arc un des deux corbeaux soutenant le seuil de la nouvelle porte. Ultérieurement, une autre porte avait été ouverte au rez-de-chaussée de la façade orientale. Son style néo-roman et la menuiserie de ses vantaux indiquent un XIXe s. avancé. Une troisième campagne de travaux est prévue. Elle concerne l’intérieur de l’édifice et fournira sans doute d’autres indications sur les diverses reprises effectuées au cours des siècles. Le bel appareil de pierre du XIIe s. sera-t-il retrouvé aussi à l’intérieur de l’abside ? Les restes de deux colonnettes qui entourent la base de la fenêtre le laissent supposer. De même on peut voir quelques belles pierres de taille au raccordement de la nef et de la tour. La Sauvegarde de l’Art Français a participé pour 80 000 F à la campagne de travaux en 1994.

E.C.

Le projet en images