Chaque semaine, la Sauvegarde de l’Art Français sélectionne pour vous 5 informations phares de la semaine. L’occasion de revenir sur l’actualité du patrimoine à ne pas manquer !

Des Derain spoliés en attente de restitution

Grand collectionneur parisien de l’entre-deux guerres et résistant juif, René Gimpel s’est éteint au camp de Neuengamme en janvier 1945. Sa petite fille, Claire Gimpel, découvre tardivement la vie de son grand-père et prend conscience des spoliations faites aux juifs durant leur fuite. Elle se lance aux côtés de quatre autres héritiers, dans une investigation pour retrouver la collection. Trois toiles du fauviste Derain sont notamment concernées : Paysage à Cassis, La Chapelle-sous-Crécyet Pinède, Cassis, peints entre 1907 et 1910 et exposées respectivement aux musées de Troyes et de Marseille. M. Gimpel les aurait acquises aux enchères à Drouot en 1921, puis durant la Seconde Guerre mondiale, sa galerie aurait été saccagéé et quelques 82 caisses de tableaux confisquées. Ayant reconstitué un catalogue de sa collection, les héritiers portent aujourd’hui plainte contre l’État pour que les œuvres leur soient restituées, selon l’ordonnance d’avril 1945 sur la nullité des actes de spoliation. A contrario, les musées plaident l’entière légalité de l’acquisition des œuvres, s’appuyant sur la discordance entre les peintures réclamées et les toiles détenues. Une affaire délicate où surgit la souffrance des persécutions subies par la famille Gimpel…

UNE LUEUR D’ESPOIR POUR L’HORLOGE DE NOTRE-DAME

Perché sur le toit de la cathédrale Notre-Dame de Paris, l’horloge du XIXe siècle a malheureusement été détruite lors de l’incendie d’avril dernier. N’ayant jamais été numérisée à la différence de la charpente, l’espoir de pouvoir la reconstruire à l’identique se trouvait réduit à néant. C’était sans compter sur la découverte récente d’une jumelle de l’horloge présente dans les combles de l’église Sainte Trinité dans le 9earrondissement. En effet, lors d’un inventaire réalisé pour des experts en objets d’art, l’horloger Jean-Baptiste Viot tombe sur un mécanisme en fonte et en laiton de plus de deux mètres de long dont une inscription atteste un lien de parenté évident, celui d’avoir été produite dans le même atelier Collin et la même année, soit en 1867. Standard de moindre qualité par rapport à celle de Notre-Dame, elle n’en sera pas moins un modèle de référence pour refaçonner les pièces et imiter le mécanisme d’origine. Seule crainte à ce jour, que le projet de restauration de la cathédrale n’inclut pas la reconstruction de l’horloge, une éventualité que blâme l’horloger de Notre-Dame, Olivier Chandez en rappelant que « tous les édifices religieux ont une horloge. Tous ». Affaire à suivre !

Le cœur de Dinan s’est éteint

Il y a quelques jours, un nouvel incendie toucha le patrimoine français. C’est la cité médiévale de Dinan en Côtes-d’Armor et plus particulièrement l’emblématique restaurant « Chez la mère Pourcel » qui fut attaqué par les flammes en pleine nuit. Installé dans le plus vieux bâtiment de la ville, le restaurant datait du XVe siècle et était classé au titre des Monuments Historiques. L’alerte fut donnée vers 4h par la gérante du restaurant, Corinne Requena, qui vit au premier étage de l’édifice et fut réveillée par l’alarme incendie. Bien qu’il décima la moitié du bâtiment, l’incendie n’eut pas le temps de se propager dans l’îlot de quartier : une chance que l’on doit au dispositif exclusif mis en place par les 84 sapeurs-pompiers en raison de son statut classé. Aucun blessé n’est heureusement à déplorer mais une inquiétude subsiste : la perte d’attractivité touristique, les vacances d’été approchant…

Le Caravage vendu à un mystérieux acquéreur

Alors que Judith et Holopherne, récent tableau trouvé dans un grenier et attribué au Caravage devait être vendu aux enchères jeudi 27 juin, un rebondissement arrêta net l’organisation de l’événement. En effet, Eric Turquin, l’expert parisien dont le cabinet authentifia l’œuvre reçut une offre très intéressante qu’il était impossible de ne pas transmettre aux propriétaires au vu du montant. Ces derniers acceptèrent l’offre avant même la vente aux enchères, une clause de confidentialité fut d’ailleurs signée pour ne divulguer ni l’identité de l’acquéreur étranger, ni le montant alloué. L’œuvre qui devait être mises aux enchères à 30 millions d’euros, aurait pu partir pour plus de 150 millions d’euros. Une preuve que le marché de l’art se porte toujours aussi bien…

Des labels touristiques à profusion

Qu’ils soient beaux, fleuris ou tout simplement écologiques, les villages que nous traversons en cette période d’été sont bien souvent labellisés. Une multitude de panneaux que l’on découvre à leur entrée mais qui sont souvent difficile à discerner : décryptage. Deux labels valorisent le patrimoine architectural :« Les plus beaux villages de France »,des années 1980 qui se destinent aux villages de moins de 2000 habitants et ayant deux sites protégés et « Petites cités de caractère »,décerné aux communes de moins de 6000 habitants.« Plus beaux détours de France » et « Villes et pays d’art et d’histoire » répondent à des enjeux touristiques plus évidents : le premier cherche à créer un réseau pour promouvoir la diversité du territoire français, le second aspire à sensibiliser les locaux comme les visiteurs à la qualité patrimoniale et donc touristiques de leurs communes. D’autres encore se soucient du bien-être de leurs habitants en saluant les communes qui développent des politiques numériques (Villes et Villages Internet), adoptent une gestion écoresponsable de l’eau et des déchets (Pavillon Bleu) ou s’engagent auprès de l’enfance et l’éducation (Ville amie des enfants, Famille Plus). Enfin deux labels récompensent les initiatives en faveur du patrimoine végétal et paysager : « Villes et Villages Fleuris », créé en 1959 et Station Vertede 1964.