Au cœur de l’église Saint-Martin de Meudon se trouve un trésor artistique, L’Adoration des Mages d’Édouard Odier, une peinture à l’huile imposante datant de 1837. Flore Janssen et Victor Galmel, étudiants à Sciences Po Paris, se sont engagés l’année dernière dans la campagne Le Plus Grand Musée de France pour récolter des fonds et participer au sauvetage de la toile.

Après restauration © Anne-Laure Feher

Grâce à l’expertise d’Anne-Laure Feher, restauratrice, l’œuvre a été restaurée avec soin et va pouvoir retourner dans son église d’origine. Le rapport détaillé de restauration rédigé par Anne-Laure Feher dévoile l’ampleur des soins et de l’expertise déployés pour redonner vie à cette œuvre d’Odier, assurant ainsi sa pérennité pour les générations futures.

Edouard Odier – Bibliothèque nationale de France / Edouard Delessert

La Vision d’Édouard Odier

Édouard Alexandre Odier (1800-1887) fut élève de maîtres tels que Paul-Amable Coutan et Jean-Auguste-Dominique Ingres. Il est notamment reconnu pour ses peintures historiques et religieuses.L’Adoration des Mages offre une représentation captivante des Trois Rois Mages, un récit biblique riche en symbolisme. Les détails minutieux et la composition dynamique de la peinture reflètent le talent d’Odier et les courants artistiques de son époque.

Edouard Odier. « Chevalier conduisant son armée ». Huile sur toile. Paris, musée de la Vie romantique.

La Restauration

La restauration de L’Adoration des Mages fut une entreprise minutieuse et a suivi trois phases : observation de la couche picturale, restauration et réintégration. 

L’œuvre présentait un mauvais état structurel de la toile, avec une tension insuffisante et des déformations localisées. Des accidents tels que déchirures, accrocs, et enfoncements ont été observés, notamment au niveau de l’angle inférieur droit et du manteau rouge.

© Anne-Laure Feher
© Anne-Laure Feher
© Anne-Laure Feher

Le châssis en revanche était en assez bon état, malgré quelques clés cassées et des fentes superficielles.

Globalement, la couche picturale montrait une adhérence précaire avec un réseau de craquelures, des soulèvements et des écaillages, nécessitant une intervention de restauration.

Les interventions ont visé à restaurer une toile en traitant les déformations, accidents et fragilités. La remise en tension s’est concentrée sur les zones périphériques avec l’utilisation de renforts légers. La stabilisation des soulèvements picturaux a été réalisée progressivement. Le nettoyage préalable a permis la relaxation des matériaux.

La dépose des baguettes a été suivie d’une protection des bords et des zones de soulèvement. Les déformations ont été reprises par le revers avec des méthodes délicates. Les accidents ont été traités par la reprise des déformations et des incrustations.

Les craquelures sur la toile avant restauration © Anne-Laure Feher

Le refixage s’est effectué par légère humidification et spatulage. La vérification à la face a été suivie de l’application d’enduits dans les lacunes picturales. Les renforts individuels ont été posés avec des matériaux adaptés. Les bandes de tension ont permis le remontage sur châssis. L’assainissement du châssis a inclus le collage, comblement, traitement insecticide, et remplacement des clefs. Le remontage a été suivi de protections, sécurisation des clefs, et l’ajout d’une protection arrière anti-poussière. La toile a enfin été vernis.

Avant/après de la restauration © Anne-Laure Feher

Découvrir la fiche projet

En savoir plus