Le mardi 12 mars, s’est tenu au sein de la célèbre librairie « Dialogues » à Brest, le lancement du premier numéro de notre revue Patrimonial, consacré au patrimoine portuaire de Bretagne. 

Les membres de la Mairie et de l’amirauté, qui nous ont fait l’honneur de leur présence, ont été rejoints par de nombreux curieux et membres d’associations locales venus assister à cette rencontre organisée au coeur du café de la librairie.

© La Sauvegarde de l’Art Français

Animée par Laurence Bellon, Directrice communication de la librairie, la conférence a débuté par un mot d’introduction d’Olivier de Rohan Chabot, Président de La Sauvegarde : 

« Il est pour moi très émouvant d’être à Brest ; j’y suis venu ici pour la première fois en 1965 pour embarquer à bord du « Richelieu » où je suis resté six mois, et c’est encore pour un embarquement aujourd’hui : celui du lancement de notre revue Patrimonial ! »

© La Sauvegarde de l’Art Français

Benjamin Mouton, Architecte en Chef et Inspecteur général honoraire des Monuments Historiques, également rédacteur en chef de la revue, a ensuite pris la parole pour rappeler l’intention première de Patrimonial : 

« Cette revue souhaite apporter un regard scientifique et rigoureux sur ce patrimoine, elle est destinée aux amateurs éclairés et cherche à encourager leur curiosité. 

Elle tend à répondre à des questions que l’on se pose mais également à susciter des questionnements dont la solution est simple : prenez le temps de regarder et même si vous avez tout compris, regardez à nouveau ; surtout ne soyez pas économes de votre temps. Et là, vous découvrirez des merveilles qui se cachent et qui ne demandent qu’à nous parler »

« Cette revue souhaite apporter un regard scientifique et rigoureux sur ce patrimoine, elle est destinée aux amateurs éclairés et cherche à encourager leur curiosité » 

© La Sauvegarde de l’Art Français

Après avoir souligné l’importance et la richesse de ce petit patrimoine, Monsieur Mouton a également rendu hommage à celles et ceux qui œuvrent à sa conservation :

« Le petit patrimoine, souvent vernaculaire, n’a jamais été pris très au sérieux. Souvent considéré avec un peu de condescendance, tout juste utile pour un gentil décor touristique et pittoresque. Différent des ouvrages d’exception hors-sol, c’est au contraire un ensemble d’ouvrages issus du sol, du terroir où il est enraciné, non pas des ouvrages savants mais des ouvrages de sagesse qui sont pétris de savoir-faire, ouvrages plutôt de frugalité réalisant le plus avec le moins, témoins éloquents d’une construction humaine profonde en intelligence avec le milieu, et jamais contre le milieu. […] Il s’agit de mettre à l’honneur et rendre hommage aux architectes, ingénieurs et artisans qui en assurent la conservation, leur rendent leur beauté discrète et le sourire pour celles et ceux qui admirent »

© La Sauvegarde de l’Art Français

« Il s’agit de mettre à l’honneur et rendre hommage aux architectes, ingénieurs et artisans qui en assurent la conservation, leur rendent leur beauté discrète et le sourire pour celles et ceux qui admirent »

Françoise Péron, Docteur des Universités en géographie, professeur émérite à l’UBO et contributrice au sein de la revue, est intervenue par la suite pour évoquer l’évolution historique de ces ports, insistant sur leur rôle fondateur dans la structuration des sociétés locales et leur incidence profonde sur la géographie côtière :  

« Les centaines de petits ports initiaux construits en Bretagne constituent aujourd’hui son originalité, d’où l’intérêt d’en prendre soin et de voir comment les choses se passent. Leur apparition a eu une conséquence concrète sur le mouvement des populations : les communes rurales se sont vidées au profit des communes littorales »

© La Sauvegarde de l’Art Français

Un moment d’échanges est venu clôturer cette rencontre, permettant de répondre aux nombreuses interrogations de l’auditoire quant aux stratégies de préservation du « petit patrimoine ». Au cœur de ces discussions, la question passionnante de la primauté donnée à la restauration du patrimoine :

Devrait-on en effet considérer un type de patrimoine comme étant prioritaire par rapport à un autre ?  

Pour Olivier de Rohan Chabot, c’est à la société civile de prendre une part active dans la préservation de ce patrimoine commun dont nous sommes tous responsables : 

« C’est une question qui se pose à chacun d’entre nous tous les jours. Il y a des priorités au niveau communal qui ne sont pas les priorités au niveau national. Si vous tenez à conserver ce patrimoine vous pouvez le faire à votre échelle en vous engageant au sein d’associations locales. Vous avez le choix entre conserver ce à quoi vous tenez ou le laisser filer. »

Enfin, il a également été question de l’éclairage contemporain que nous apporte ce patrimoine transmis au fil des générations :

« Il ne s’agit pas de garder le patrimoine parce qu’il est beau, il appartient aux gens qui l’ont transmis de générations en générations et ça n’est pas par hasard, c’est parce qu’il a des qualités, une certaine richesse […] c’est là-dessus que ce patrimoine prend toute sa valeur et qu’il faut le conserver parce que ce n’est pas seulement une mémoire, c’est un art de vivre utile […] utile pour la vie d’aujourd’hui et celle de demain. » B.Mouton

Ces échanges se sont prolongés de façon plus informelle autour d’un cocktail et d’une séance de dédicaces. 

© La Sauvegarde de l’Art Français

La beauté et la richesse de notre patrimoine local sera à nouveau mis en valeur au sein du prochain numéro de Patrimonial ! Nous vous donnons rendez-vous cet automne pour découvrir les facettes inédites du patrimoine de moyenne et haute montagnes.

A PROPOS DU PREMIER NUMÉRO DE PATRIMONIAL

Le premier numéro de Patrimonial est consacré au patrimoine portuaire de petite ou moyenne importance de Bretagne. Il s’attache à identifier la vocation de ces ports, à en montrer les composantes et les complexités ; et à décrire la richesse de la vie portuaire d’hier et d’aujourd’hui. Il en inventorie les ouvrages constitutifs et met en lumière les différentes expressions de la mémoire liées au port. Après une analyse des risques côtiers subis par les ouvrages portuaires, il s’applique à décrire plusieurs exemples de conservation matérielle et technique de ces mêmes ouvrages et à identifier les outils de la conservation, « institutionnelle », placée sous la responsabilité des maires, des conseillers départementaux et régionaux. Autant de pistes qui invitent le lecteur à regarder, avec curiosité, attention et patience, pour découvrir tout ce que ces « personnalités bâties » ont à lui apprendre.