À l’occasion du 350ème anniversaire de l’Hôtel National des Invalides, la Fondation Lazard Frères Gestion – Institut de France et la Sauvegarde de l’Art Français se sont engagées pour un projet d’exception : la restauration de la toile monumentale de Pierre Dulin L’Etablissement de l’Hôtel National des Invalides, réalisée en 1715.

Paris (75) Etablissement de lL’Établissement de l’Hôtel royal des Invalides. Le marquis de Louvois présente à Louis XIV le plan devant servir à la construction de l’Hôtel des Invalides. Carton de tapisserie commandé en 1710 et achevé en 1715 pour le cycle de L’Histoire du Roy Huile sur toile H. 3, 53 L. 5,78 mètres hors cadre H. 3,97 ; L. 6,095 mètres avec cadre Paris, musée de l’Armée.

UNE FRESQUE GLORIFIANT LA FONDATION DES INVALIDES

C’est en 1710 que Pierre Dulin (1669-1748) reçoit la commande du carton de tapisserie de L’Etablissement de l’Hôtel royal des Invalides destiné au cycle de L’Histoire du roy. Peintre de cour entré à l’Académie royale de peinture en 1707, il est répété par Mansart, alors surintendant des bâtiments du roi.

Achevé en 1715, le carton peint donne naissance dix ans plus tard à une tenture tissée par la manufacture royale des Gobelins.

© Musée de l’Armée/Anne-Sylvaine MARRE-NOËL

L’oeuvre, hautement symbolique, présente le Roi et le Dauphin recevant le plan des Invalides du marquis de Louvois, secrétaire d’Etat à la Guerre. Ils sont entourés de figures allégoriques : la Renommée, Minerve et le Génie de l’Architecture. Sur la droite, une Victoire ailée guide un groupe de soldats blessés vers l’institution charitable.

La tapisserie représente plusieurs événements distincts : la présentation des plans en 1670, la pose de la première pierre un an plus tard, l’accueil des premiers invalides en 1674 et enfin la consécration de l’église en 1706, tant d’événements rappelant la grandeur du roi. Plusieurs autres grands personnages sont également représentés : le maréchal de Turenne, le grand Condé, le marquis de Louvois, le maréchal de Luxembourg et les architectes Bruant et Mansart.

© Musée de l’Armée/Anne-Sylvaine MARRE-NOËL

LA RENAISSANCE DE L’OEUVRe

Conservé à la manufacture royale des Gobelins, le carton de tapisserie est transféré en 1825 à Versailles avant d’être déposé au musée de l’Armée en 1907. En 1993, l’oeuvre est transférée dans la chapelle Saint-Jérôme du Dôme où elle est présentée jusqu’en 2008.

© Musée de l’Armée/Anne-Sylvaine MARRE-NOËL

La dernière restauration remontant à 1938, l’oeuvre est recouverte d’un vernis devenu opaque, tandis que les mastics et repeints des précédentes interventions nuisent à la lisibilité de l’oeuvre. Des soulèvements localisés ainsi que la déformation du support menacent la couche picturale.

La restauration, qui mobilise de nombreux spécialistes et qui est réalisée in situ, va permettre de rendre à la composition toute sa beauté.


Une opération délicate : le déroulage de la toile


Interview de Isabelle Chochod, restauratrice de peintures.

Un projet soutenu par

Fondation Lazard Frères Gestion – Institut de France

1670-2020 : 350 ANS D’HISTOIRE DES INVALIDES

Pour Louis XIV, la construction de l’hôtel des Invalides est « la plus grande pensée de son règne».

Edifié à partir de 1670 sur la plaine de Grenelle, le chantier est conduit par les architectes Libéral Bruant puis Jules Hardouin-Manssart. Dès l’origine, les fonctions du lieu son multiples : hospice, il est aussi caserne, couvent, et même manufacture. Louis XIV inaugure l’église royale du Dôme 1706.

© Musée de l’Armée/Anne-Sylvaine MARRE-NOËL

Tout au long du XVIIIème siècle, ce lieu deviendra un emblème de Paris. En 1777, les collections du musée des Plans-Reliefs s’installent aux Invalides, ajoutant à ce lieu déjà emblématique une nouvelle dimension patrimoniale.

Haut lieu de la Révolution, c’est là que le peuple en révolte prend les fusils et canons qui seront utilisés lors de la prise de la Bastille. Menacé car emblème de la monarchie, il est sauvé par le Concordat puis l’Empire. Protégé par Napoléon, le site prend alors la fonction de nécropole militaire avec le transfert des cendres de Turenne et du cœur de Vauban. Cette fonction sera confirmée en 1840 lors du transfert des cendres de l’Empereur sous le Dôme, et avec la construction en 1861 du tombeau monumental de Napoléon sur les plans de l’architecte Visconti.

Après la guerre de 1870, l’hôtel des Invalides voit sa fonction hospitalière décliner alors que se renforce sa fonction patrimoniale avec l’installation du musée de l’Artillerie en son sein (1871), et du musée Historique de l’Armée en 1896. Les deux établissements fusionneront en 1905 pour donner naissance au Musée de l’Armée que nous connaissons aujourd’hui.

La nécropole militaire accueille les héros des deux guerres mondiales, confirmant par là le statut de l’Hôtel des Invalides.

Le site est rénové à la fin des années 80 avec la redorure du Dôme, puis c’est au tour du musée d’être totalement restauré en 2010.

Lieu de culture et de cérémonies, l’Hôtel des Invalides poursuit ses vocations multiples depuis 350 ans.

© Musée de l’Armée/Anne-Sylvaine MARRE-NOËL