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L’église Saint-Martin de Beuvron-en-Auge a été construite de 1640 à 1643 à l’initiative de  Gilone de Goyon-Matignon, veuve de Pierre Ier d’Harcourt, marquis de Beuvron. L’église primitive était située à l’intérieur de l’enceinte du château des Harcourt et la marquise décida de la déplacer au nord du bourg[1], sur un terrain dit « le clos du Bec »,

L’église n’est pas protégée, contrairement à une partie de son mobilier, mais elle s’inscrit dans une commune tout à fait remarquable du Pays d’Auge. Beuvron, localité de moins de 250 habitants, fait en effet partie de l’association des Plus Beaux Villages de France et est un haut lieu du tourisme augeron.

L’édifice est de plan rectangulaire, avec une abside à trois pans. Les ouvertures sont cintrées, sauf les deux ouvertures de l’ouest, de style flamboyant, et probablement de remploi. Au nord s’accole l’ancienne chapelle seigneuriale d’Harcourt, convertie en sacristie. La façade a été refaite vers 1850 en style néo-classique, et comporte un portail centré avec, de chaque côté, deux niches aujourd’hui vides. Devant cette façade, un clocher en brique et ciment a été ajouté entre les deux guerres. Les sources anciennes mentionnent une litre seigneuriale de la famille des Harcourt, seigneurs de Beuvron.

Le mobilier et le décor intérieur ont été considérablement remaniés à la fin du XIXe s. et au XXe siècle. Les vitraux historiés, ainsi que l’orgue, ont été installés en 1924.

Plusieurs éléments anciens ont été cependant conservés. Le plus remarquable est le maître-autel du XVIIIe s., classé monument historique en 1974, et qui peut être rattaché à d’autres autels et retables augerons d’époque Louis XV comme à La Roque-Baignard. Il est orné aux angles de coquilles et, au centre, d’un vaste motif rocaille. Les gradins sont également décorés de coquilles et de rameaux. Le tabernacle, très beau, a une porte décorée d’un agneau couché sur une croix ; de chaque côté, de vastes ailerons enserrent des glaces destinées à protéger des reliquaires disparus. L’exposition du Saint-Sacrement est une gracieuse superposition d’éléments de coquilles déchiquetées qui supportent une croix ; une belle Assomption rappelle l’ancien retable dont aucun élément n’a survécu.

Plusieurs autres éléments de mobilier ont été inscrits à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1975 et 1976. On peut citer une statue de Vierge à l’Enfant en bois du XVIIe s., dont la polychromie est sans doute plus récente ainsi que des fonts baptismaux en pierre. La chaire, de style Louis XVI, serait l’œuvre du sculpteur lexovien Lemainier. La cuve est ornée des Évangélistes, le dossier d’une représentation du Bon Pasteur ; l’abat-voix est couronné par un ange du Jugement dernier.

Les retables latéraux seraient contemporains du maître-autel. Leurs toiles d’origine ont été remplacées par des toiles plus petites représentant l’Immaculée Conception et la Sainte-Famille. L’un de ces autels est dédié aux Saints-Anges. Son origine est sans doute liée à l’essor de la confrérie des Saints Anges Gardiens, fondée par le curé de Beuvron Perrier et confirmée en 1697, qui organisait une importante procession le 4e dimanche de septembre. La nef, comme le chœur, est pourvue de lambris malheureusement très endommagés.

En effet, l’église de Beuvron a beaucoup souffert d’une humidité qui a favorisé l’apparition d’un champignon cousin de la mérule.

Un programme de travaux sur ans ans a débuté en 2010 par la réparation de la toiture du clocher, le remplacement des gouttières et la restauration de la base des murs extérieurs. Une deuxième tranche a porté sur l’assainissement intérieur avec le remplacement des lambris verticaux et des planchers vermoulus.

Les travaux suivants ont porté sur la réfection des enduits des murs extérieurs nord et sud, pour retirer le mortier de ciment qui contribuait à l’humidité de l’édifice. Les murs ont été piquetés, et les joints repris à la chaux. Pour participer à cette dernière opération, la Sauvegarde de l’Art français a accordé un don de 3 000 € en 2012.

Julie Deslondes

 

Bibliographie :

Arch. dép. Calvados, 580 Edt : archives communales déposées.

Arch. dép. Calvados, F 5123 : notes du chanoine Simon, t. VIII, p. 480 et suiv.

A. de Caumont, Statistique monumentale du Calvados, t. IV, Caen, 1862, p. 139 et suiv.

J. Pougheol, « Les églises de Beuvron et de Clermont », Art de Basse-Normandie, t. 58, 1972, p. 41-50.

[1] L’érudit caennais Simon relève l’existence d’une inscription au-dessous de l’arc triomphal, datant le déplacement de l’église de 1640. Notes Simon, Arch. Dép. Calvados, F 5123, t. VIII, p. 480.

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