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La chapelle Saint-Sébastien se trouve à Garnilis[1], hameau situé à 6 kilomètres au nord-ouest du bourg de Briec. Édifice du XVIe s., elle appartenait sous l’Ancien Régime au comte de Trégain, qui avait son manoir dans la paroisse de Briec[2], et fut rachetée en 1803 par la famille Trellu, qui la possède toujours et l’entretient avec soin. Une messe dominicale y a été célébrée jusque dans les années 1960.

L’accès à l’intérieur se fait par trois entrées : outre le portail occidental, deux portes sont aménagées dans le mur gouttereau sud et dans le mur occidental du bras sud du transept. Cinq fenêtres (une dans la nef, deux dans chaque bras du transept, une au chevet) éclairent l’intérieur. Les murs sont enduits et le sol cimenté.

Le plan est en forme de croix latine. La maçonnerie présente un appareil irrégulier en pierres de taille de granit et de tout-venant de schiste, résultat probable de multiples restaurations. La construction a sans doute montré des faiblesses dans le passé, si l’on en juge par la présence de nombreux contreforts. Seul le pignon occidental est construit majoritairement en pierres de taille, ainsi que le clocher à deux baies[3] qui le surmonte (clocher privé de sa courte flèche de béton depuis 2013[4]). Le portail, daté de 1586, est surmonté d’une statue de saint Sébastien, debout sur un blason aujourd’hui illisible ; de chaque côté, surmontant des pinacles, deux archers barbus portant des hauts-de-chausse bouffants, selon la mode de l’époque, tirent leurs flèches sur le martyr. Les rampants se terminent par deux crossettes représentant des lions. Une sacristie fut ajoutée en 1836 dans l’angle formé par le mur nord de la nef et le bras nord du transept.

À l’intérieur, à la base de la voûte lambrissée, des sablières sculptées (vers 1572-1574) subsistent dans le bras sud du transept et dans le chœur : à côté de décors végétaux, on y relève des scènes moralisatrices condamnant la luxure (un personnage montrant ostensiblement son sexe, à côté d’un animal jouant de la cornemuse, instrument diabolique ; une femme allongée devant la gueule de l’enfer, alors qu’un serpent bicéphale s’échappe de sa robe). Trois blochets aux angles de la nef et du transept représentent un homme, une femme, un clerc. Le quatrième personnage, très altéré, a été retiré. Une poutre de gloire (1752, cl. M.H.), à l’entrée de la nef, porte le groupe de la Crucifixion.

Cinq baies sont garnies de vitraux (ou éléments de vitraux) du XVIe et du XXe siècle ; du XVIe siècle : baie 1 (Vierge de pitié, 1561, cl. M.H.), baie 2 (cinq fragments anciens), baie 3 (Jugement dernier). Deux verrières, du XVIe s. également, ont disparu au XXe siècle : le Martyre de saint Sébastien (1575) était encore en place en 1903 ; la Passion (1580) qui garnissait la baie 0 a été démontée en 1921 pour orner un château des bords de l’Odet (vitrail introuvable aujourd’hui) et remplacée par une Sainte Famille dans l’atelier de Nazareth, œuvre du maître verrier parisien Gabriel Léglise. La baie 4 est ornée d’un Baptême du Christ, œuvre du maître verrier quimpérois Jean-Pierre Le Bihan (1988).

De la statuaire polychrome, du XVIe s. aussi, on retiendra surtout une statue en pierre de saint Sébastien dans une niche à volets représentant quatre archers[5], et un curieux groupe, en bois, représentant saint Mathurin exorcisant la princesse Théodora, fille de l’empereur romain Maximien. Les autres statues, en bois, représentent saint Jean-Baptiste portant le Livre et l’Agneau, saint Roch et son chien, Notre-Dame de Pitié. Une statue de saint Yves, en pierre, est donnée comme étant du XVIIe siècle. Toutes ces statues sont classées M.H.

La clôture de chœur, en bois d’if, date de 1752. Le maître-autel en granit est orné d’une frise de grappes de raisin d’où émergent des têtes de personnages.

Sur le placître, à quelques mètres au sud-ouest de la chapelle, se dresse un calvaire daté de 1570 ; un crâne et deux tibias entrecroisés sont sculptés sur le socle ; un long fût de granit porte un croisillon sur lequel sont fixés un crucifix, une Vierge à l’Enfant et une statue (non identifiée) d’un saint décapité.

Des travaux récents effectués sur la chapelle ont consisté à supprimer la flèche du clocher qui menaçait de s’écrouler et à procéder à l’électrification de manière à mettre en valeur les statues et à faciliter les animations culturelles. La Sauvegarde de l’Art français y a participé pour la somme de 5 000 € en 2013.

Tanguy Daniel

 

P. Peyron et J.-M. Abgrall, « Notices sur les paroisses du diocèse de Quimper et de Léon. Briec », Bulletin de la Commission diocésaine d’architecture et d’archéologie, 1904, p. 215-218.

Y.-P. Castel, Atlas des croix et calvaires du Finistère, Quimper, 1908, p. 36-37.

R. Couffon et A. Le Bars, Diocèse de Quimper et de Léon. Nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, 1988, p. 44.

F. Gatouillat, M. Hérold, Les vitraux de Bretagne, Rennes, 2005 (Corpus vitrearum. France. Série complémentaire, VII), p. 119-120.

[1] Le lieu-dit Garnilis est mentionné dans le Cartulaire de Landévennec, au XIe siècle, sous le nom de Caer Nilis.

[2] La chapelle renferme la pierre tombale de Marie Claude Hyacinthe de l’Ange, comtesse de Trégain, morte en 1775.

[3] Le clocher n’abrite qu’une seule cloche, restaurée en 2013 par Luigi Bergamo, fondeur à Villedieu-les-Poêles.

[4] Les pierres d’une ancienne flèche gisent sur le placître boisé au sud de la chapelle depuis les années 1930.

[5] Ces panneaux, volés en 1975, ont été récupérés chez un antiquaire, hors de Bretagne, et restaurés.

Le projet en images