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Les vestiges de l’abbaye de Mègemont étaient tous, jusqu’en 1994, propriété privée. Il était urgent de trouver une solution pour sauver l’ abbatiale, transformée en bergerie. Cette abbaye est l’une des sept abbayes cisterciennes d ‘Auvergne, et parmi les trois destinées dans la région à des moniales, elle fut fondée la dernière. Son existence est attestée dès le début du XIIIe s. Une donation est faite en faveur de Mègemont en 1206 par Dauphin , comte d ‘Auvergne. Cet acte peut être considéré comme l’acte de fondation du monastère. Ce dernier était alors implanté à 300 m environ au sud-ouest des bâti­ments actuels et fut ruiné, selon la tradition, par la rupture d ‘un étang artificiel. De nouvelles constructions furent réalisées entre 1280 et 1340, période au cours de laquelle le monastère reçut de nombreux dons en argent et qui constitue l’âge d’or de cette abbaye. Elle était alors dotée d ‘une abbatiale longue de 45 m, de plan en croix latine, et d ‘un cloître de 43 m de côté. Au cours du XVIe s., la rigueur de la vie communautaire se relâche, le cloître tombe en ruine et en 1575, les Huguenots ravagent l’ abbaye. Les archives sont alors détruites. La jeune abbesse Françoise de Néres­tang reçoit en charge par conséquent , en 1603, un monastère ruiné. Des travaux de restauration sont commandés par son père et elle s’efforce de rétablir la vie communautaire à Mègemont . Son abbatiat est de courte durée puisque son père, soucieux de la soustraire à des conditions de vie rigoureuses, obtient en 1611 un échange d ‘ab­bayes entre Françoise et son frère, abbé de la Bénissons-Dieu. L’ab­baye de Mègemont est à partir de cette date occupée par des moines. La décadence du monastère se poursuit à l’ époque moderne, sous le régime de la commande. Au début du XVIIIe s., un logis abbatial est édifié sur l’ aile ouest du cloître, qui, tout comme les sept nord-est est éclairé de deux hautes fenêtres en plein cintre. A l’intérieur, on remarque les modes de couvrement, qui sont excep­tionnels en Auvergne. Le chœur et les bras du transept sont en effet couverts d’un berceau brisé sur doubleaux et la croisée du transept est surmontée d ‘une coupole ovale sur pendentifs. Les colonnes engagées qui reçoivent les doubles rouleaux des grands arcs de la croisée sont appuyées à des dosserets et deux d’entre elles, au nord-est, possèdent des chapiteaux ornés d’un décor végétal stylisé. Les chapelles Notre-Dame du Rosaire et Sainte-Catherine, qui s’ouvrent par un arc brisé à l’est de chaque bras du transept , sont voûtées sur croisées d ‘ogives ; les nervures retombent sur des culots figurant tous, à l’exception d’un seul sans décor, des masques humains . Dans une tourelle située dans l’angle formé par les restes de la nef et le bras sud du transept, s’élève un petit escalier menant aux toitures et au clocher. Il ne reste rien de celui-ci mais il s’agissait sans doute d’un clocher-peigne. Les murs et les voûtes sont encore partiellement recouverts d ‘un enduit blanc sous lequel on distingue, par endroits, des peintures polychromes. ­

E. L.

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