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L’église de la Nativité de la Vierge de Créancey est une église paroissiale qui dépendait avant la Révolution du chapitre de Châteauvillain. L’édifice se compose d’un chœur à chevet plat de deux travées, d’un transept non saillant, d’une travée et d’une nef de quatre travées avec collatéraux plus étroits et un peu plus bas que le vaisseau central. L’ensemble est couvert sur croisées d’ogives.

Les parties les plus anciennes (fin du XIIe s.) sont les murs du chœur et la façade ouest de l’église. Les murs du chœur sont percés d’étroites baies sans meneaux, en arc brisé, disposées en triplet sur le mur est. La porte ouest (qui donnait alors sur l’extérieur et n’est visible aujourd’hui qu’au rez-de-chaussée du clocher-porche)  est aussi couverte d’un arc légèrement brisé. Le petit décor sculpté à la base des deux piédroits se retrouve sur les bâtiments de la fin du XIIe s. des abbayes de Clairvaux ou Longuay. Deux chapiteaux de la même époque ont été réutilisés, au XVIe s.,  pour les colonnettes aux angles nord-ouest et sud-ouest de la nef.

Le reste de l’église est dû à un grand chantier de reconstruction du début du XVIe siècle. Les voûtes du chœur et leurs supports ont été refaits, ainsi que la presque totalité de la nef. Les travaux ont été conduits d’est en ouest. Sur la face nord du contrefort situé à gauche de la porte sud  a été placée une plaque funéraire qui semble remonter à la construction même du contrefort ; le texte indique « cy devant gît discrète personne Me Hugues Chevaldin qui trépassa le 6  mars 1518″. Les travaux avaient donc atteint le milieu de l’église à ce moment-là. La consécration a lieu le 23 septembre 1526. Il n’y avait pas alors de clocher-porche, une tour d’escalier était prévue le long du bas-côté nord (elle existe toujours, vidée de ses marches). L’édifice du XVIe s. présente certaines caractéristiques intéressantes. Dans le transept, les chapiteaux sont taillés comme les bases mais posés à l’envers. Cette pratique se retrouve dans plusieurs chantiers en Champagne, à la fin du XVe siècle. Elle permet de réaliser les chapiteaux sans faire appel à un sculpteur qualifié.  Les grandes arcades de la nef reposent sur des piles circulaires dont  les impostes sont constituées d’une superposition, en pyramide inversée, de moulures (filets, baguettes). Toutefois comme le bas-côté, plus étroit, possède une voûte moins élevée, on a choisi d’incruster, dans la colonne, au-dessous de l’imposte principale et vers le bas-côté, une console portant les mêmes moulures, et destinée à recevoir l’arc doubleau et les retombées des nervures. Cette disposition  semble propre à cet édifice.

D’après l’abbé L. Foissey, le clocher-porche actuel aurait été édifié en 1686, un an après l’installation du  maître-autel et  de son tabernacle en bois sculpté et doré. Il était accompagné d’un retable qui masquait les baies du chevet.

Les paroissiens apportent tout au long du XIXe s. un grand soin au décor de l’édifice :
peintures et verrières du chœur et de la chapelle de la Vierge.

Jusqu’à la fin du XIXe s., la nef de l’église était pourvue d’une couverture en pierre (en « lave »). Celle-ci, trop lourde, pesait sur la charpente et risquait de désorganiser les voûtes ; elle a été remplacée par une nouvelle charpente et une couverture en ardoises. Les murs gouttereaux du vaisseau central ont  aussi été alors entièrement refaits ainsi que les murs-pignons du chœur et du transept (1882,  architecte Dupuy de Chaumont). La flèche du  clocher était à l’origine couverte en bois (peint couleur ardoise) ; les « essentes » n’ont été remplacées par des ardoises qu’après la première guerre. La sacristie ancienne, située  au nord, trop sombre et humide, a été abandonnée au profit d’une nouvelle, édifiée en 1891 au sud du chœur.

La Sauvegarde de l’Art français a participé à la première tranche de travaux de restauration de la toiture (pans nord et sud de la nef, arêtier du clocher) en apportant une aide de 5 000 € en 2003.

J. F.

 

Bibliographie :

Arch. dép. Haute-Marne,  2 O 1094.

Abbé L. Foissey, Histoire de Créancey, Chaumont, 1925, p. 159-172.

Abbé C. Didier, Histoire de la seigneurie et de la ville de Châteauvillain, Paris, 2001 (parution initiale Chaumont, 1881).

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