• Supprimer
  • Supprimer
  • Supprimer

Le destin de la chapelle de Marçay, d’origine priorale, est lié à celui du château du même nom dont l’existence est attestée depuis le XIe s., mais dont la reconstruction a dû se situer au XVe siècle. Acheté en 1700 par Claude Bonneau, seigneur de Purnon et de Brizay, mestre de camp de cavalerie, maître d’hôtel et chambellan du duc d’Orléans, le château connut alors des agrandissements considérables, notamment d’ambitieux corps de dépendances. Un parc de grande étendue fut aménagé. Sans descendance, Claude Bonneau légua ses biens à Marie du Bellay et à son mari, Élie du Tillet, qui étaient ses neveu et nièce.  la mort au combat en 1744 d’Élie-Claude du Tillet, leur fils, décédé sans descendance, la propriété passa à sa soeur, Marie-Anne du Tillet qui avait épousé Charles-Léon de Ferrières. C’est la petite fille de ce dernier qui fit entrer la terre de Marçay et ses dépendances dans la famille Frotier de La Messelière. Le maintien dans l’indivision de la propriété est à l’origine de sa ruine et l’on ne peut désormais plus que déplorer la perte d’un ensemble imposant de corps principal et de servitudes, tel qu’il apparaît sur des photographies anciennes. Seule finalement la chapelle de Marçay demeure un témoignage de ce riche passé.

La chapelle de Marçay se présente comme un édifice à vaisseau unique, de deux travées, dépourvu d’ouvertures latérales, à l’exception d’une baie percée dans le mur gouttereau sud au-dessus de l’arcade ouvrant sur la chapelle latérale, construite au niveau de la  travée de chœur. Si les parties les plus anciennes semblent dater de l’extrême fin du XIIe, voire du XIIIe s., le voûtement évoque plutôt une intervention du XVIe siècle.  cette époque,  la modification de la charpente et de la couverture entraîna la surélévation du mur-pignon et un changement de parti dans les deux baies du clocher-porche qui furent alors bouchées. Le mur- pignon fut surmonté d’un nouveau clocher, aujourd’hui disparu, mais dont les sources photographiques attestent l’existence. Plus tardivement enfin fut édifiée au sud une chapelle latérale.

Construite en bel appareil de pierres de taille, la chapelle ne présente aucun décor extérieur, hormis son élégante façade occidentale épaulée de deux puissants contreforts d’angle. Le chevet plat est, quant à lui, percé d’un triplet aux ouvertures étroites et hautes dont la baie centrale a été murée par l’installation d’un autel à retable.

 l’intérieur, les deux travées sont couvertes de voûtes sur croisées d’ogives au profil bombé.

Une des clefs de voûte porte en écusson les armoiries de la famille de Marçay, de sable semé de fleurs de lys d’or. Quant à la litre funéraire qui court tout autour de l’édifice, elle représente les armoiries des familles de Marçay, de Ferrières et du Tillet. Celles des Frotier furent ajoutées en 1899.

La qualité du portail occidental retient l’attention. Il est surmonté d’une ouverture en arc plein cintre très altéré dont les désordres ont causé la ruine d’une partie de la façade. Le portail en partie enterré, du fait de la surélévation du terrain, comprenait à l’origine trois rangées de voussures dont seulement deux sont encore visibles. Les voussures retombent sur les tailloirs de chapiteaux à décor de feuilles stylisées. Vers 1930, la petite ouverture percée au-dessus du portail était encore en bon état de conservation, comme l’atteste une carte postale de l’époque et la façade était surmontée d’un clocher-peigne à deux arcades. La chapelle, à l’origine priorale, était devenue la chapelle seigneuriale des différents propriétaires de Marçay. C’est ainsi qu’elle est précédée du côté occidental par un petit cimetière qui renferme leurs tombes. Henri Frotier de La Messelière en 1904 s’appliqua à relever leurs inscriptions, précieux témoignage au regard de l’état actuel de l’édifice et de son environnement. Ainsi put-il à l’époque dénombrer neuf sépultures qui ont, depuis, considérablement souffert et dont la plus ancienne alors datée remontait à un Étienne de Marçay, mort en 1630.

 

Le sauvetage de cet édifice s’inscrivait dans une opération d’urgence. Les premiers travaux permirent son étaiement grâce à l’attribution de crédits au cours de l’année 2003.

Pour la reconstitution de la porte ouest avec ses éléments de voussure disparus, pour celle de la fenêtre haute de la façade occidentale en ruine, pour la consolidation du contrefort sud-ouest, pour la reprise de fissures de maçonnerie, notamment dans le mur gouttereau sud, et pour le dégagement et la consolidation de la chapelle sud, la Sauvegarde de l’Art français a octroyé une aide de 15 000 € en 2004.

 

 

Élisabeth Caude

 

Le projet en images